Knocked Loose
You Won't Go Before You're Supposed To
Genre hardcore/metalcore
Pays États-Unis
Label Pure Noise
Date de sortie 10/05/2024

Site Internet

Formé en 2013 dans l’État du Kentucky, Knocked Loose est un groupe mélangeant hardcore, metalcore et death metal. Après un EP sorti en 2021 et deux excellents singles en 2023, le quintet revient en puissance avec son troisième album You Won’t Go Before You’re Supposed To, dont la sortie est prévue le 10 mai.

L’album s’ouvre avec Thirst. Après quelques secondes d’une atmosphère constituée de bruits métalliques, on est surpris par un scream très aigu, typique de Knocked Loose, qui m’a, je l’avoue, fait sursauter lors de ma première écoute. Bien qu’assez court, ce morceau prédit déjà le chaos à venir. Le deuxième titre, Piece of Piece, est relativement groovy. Les cris de Bryan Garris rythment les couplets très rapides. On assiste à deux breakdowns, tout autant destructeurs l’un que l’autre. Suffocate est le troisième morceau de l’album, ainsi que le premier à comporter une invitée, la chanteuse Poppy. Celle-ci, connue pour mélanger les genres allant du punk à la pop et pour son univers déjanté, surprend avec des cris très puissants qui s’harmonisent avec ceux de Bryan. Comme si Suffocate n’était déjà pas assez étonnant, on est pris par surprise par un breakdown adoptant un rythme de reggaeton, ce qui rend bizarrement bien, je dois l’avouer.

Ensuite arrive Don’t Reach for Me qui débute sur les chapeaux de roues. Après un couplet agressif et caractéristique de Knocked Loose vient un refrain massif, porté par des riffs lourds et gras. Le ton des guitares est tout bonnement excellent. Long de 46 secondes, je pensais que Moss Covers All était un simple interlude, tout tranquille. Il se trouve que j’avais royalement tort. Bien qu’il s’agisse d’un morceau très court, il n’en est pas moins heavy, loin de là. C’est du Knocked Loose en condensé, vicieux et très méchant. Take Me Home est assez expérimental. Le tout débute avec une guitare sans distorsion, puis s’ajoute la batterie et une voix parlée, qui se transforme rapidement en cris. La tension monte sans cesse et culmine jusqu’à arriver à un breakdown presque inquiétant.

On atteint enfin Slaughterhouse 2, tant attendu et au premier abord résolument intrigant. Il s’agit d’une référence au morceau Slaughterhouse, du groupe Motionless in White, sur lequel chante également Bryan Garris. Mais cette fois, c’est Chris Motionless l’invité. Les deux voix, très reconnaissables, s’alternent les couplets et répètent des bouts de paroles provenant de la version de Motionless in White, ce que j’apprécie énormément (étant bien évidemment fan de Motionless in White). L’invité nous offre même un fabuleux « blegh », sa marque de fabrique. Ensuite, The Calm That Keeps You Awake commence relativement doucement et débouche sur un couplet rapide, très hardcore, rythmé par le jeu du batteur Kevin Kaine.

En avant-dernière position, Blinding Faith est le morceau m’ayant fait véritablement adorer Knocked Loose. Il devrait servir de mètre-étalon pour composer un morceau heavy, dynamique et fun. L’addition des backing vocals par les deux guitaristes apporte de la diversité par le biais des growls très bas d’Isaac Hale et des cris à hauteur moyenne de Nicko Calderon. L’accroche de breakdown est tout bonnement époustouflante, je vous laisserai en juger par vous-même. Toutefois, on approche du final de cet album, et quelle belle manière de le clôturer qu’avec Sit & Mourn. Relativement long comparé au reste (4 minutes et 46 secondes tout de même !), il s’agit d’un morceau assez lent et atmosphérique, tout en restant du Knocked Loose. Les instruments y prennent davantage de place, on peut alors aisément apprécier le jeu de basse de Kevin Otten, incroyablement grave. Des riffs de guitare épais et envoûtants vous transportent dans un autre monde. Ceux-ci s’introduisent dans votre tête, y restent à tout jamais et, à la fin du morceau, redoublent de lourdeur. Tout simplement magique.

En somme, Knocked Loose nous présente un album d’une qualité rarement égalée. You Won’t Go Before You’re Supposed To est un chef-d’œuvre (et je pèse mes mots), produit mature du talent de ces cinq musiciens et témoin de leur évolution, de leur ascension dans la sphère de la musique extrême. À travers dix morceaux d’une pure brutalité, le quintet nous fait passer par tout un panel d’émotions et joue sur nos attentes, en rallongeant la montée jusqu’à un breakdown ou en supprimant le temps de pause juste après que la tension ait atteint son comble et retombe, l’auditeur étant heurté de plein fouet par un tsunami musical. Il s’agit de petites variations, très simples, mais elles font tout leur effet.

Certes, la voix aiguë de Bryan Garris peut sembler quelque peu spéciale au premier abord, mais après un temps d’acclimatation, on réalise rapidement son caractère unique. Les guitares ont un ton gras et épais, comme celui de la basse, qui confère à leur musique une lourdeur sans précédent. Je tiens aussi à faire remarquer le son de la caisse claire, très métallique, que j’adore, en plus de la double pédale qui accentue à merveille les riffs de guitare.