Site Internet
Quel ne fut pas mon étonnement, à l’annonce d’un nouvel album des toujours imprévisibles et tellement géniaux Darkthrone, et pourtant, le voici.
C’est Howling Primitive Colonies qui ouvre le bal. Avec une intro du plus bel effet, digne des classiques de science-fiction, il vous plonge dans l’inconnu jusqu’à l’arrivée des premières notes de guitare, à la fois doom, dissonantes et mélodiques. Ce mastodonte de 6 minutes 30 est parfaitement pensé. Des changements de tempo, là où on ne les attend pas, confèrent une cohésion quasi parfaite.
La force majeure des irréductibles Nordiques est indéniablement d’avoir un patchwork sonore foisonnant, dans lequel ils peuvent allègrement piocher pour réussir à surprendre l’auditeur. Eon 3 en est le parfait exemple : Fenriz au chant !!! Oui, vous lisez bien. Le titre nous catapulte dans les 80’s sur des rythmiques épiques à n’en plus soif. Ça faisait une éternité qu’il ne s’était pas adonné à cette tâche, et le pari est gagné. Ses parties vocales sont envoûtantes et justes, ce qui apporte de la fraîcheur à l’ensemble.
Black Dawn Affiliation déboule ensuite avec son riff pachydermique et la voix d’outre-tombe de Nocturno Culto, à la fois hantée et menaçante, reconnaissable entre toutes. Le timbre vocal est tout bonnement jouissif.
Une autre innovation de taille : un instrumental qui ne lasse pas et qui a le mérite de ne pas tirer en longueur, un magnifique voyage dont on ne sort pas indemne. And in That Moment I Knew The Answer porte bien son nom.
On repart de plus belle, The Bird People of Nordland, autre météorite qui aurait aisément pu se retrouver à l’époque sur The Underground Resistance. Une des nombreuses facettes du groupe est donc mise à l’honneur avec force et conviction. Imparable.
Le travail accompli sur cette œuvre est époustouflant en raison, notamment, de son instrumentation efficace et bien pensée. On sent que rien n’a été laissé au hasard. Jusqu’à l’artwork, qui lui aussi, est renversant de beauté. La production est sobre, fleure bon les années 80, aucune surenchère, ni de tentatives désespérées de caresser dans le sens du poil. Chapeau bas.
Les deux derniers morceaux enfoncent le clou avec une efficacité sans faille. The Heavy Hand, lourd, mélancolique et plus sombre que la nuit. Une pépite du genre. Et enfin, The Lone Pines of the Lost Planet est la quintessence de cette nouvelle offrande, dépassant les dix minutes. Sur cette compo, les deux chanteurs se retrouvent et apportent, chacun avec leur style propre, des atouts qui font mouche. Bien heavy/doom, l’ombre du early Celtic Frost/Hellhammer n’est pas loin. Un vrai régal pour les oreilles.
En conclusion, je n’irai pas par quatre chemins, ce nouveau Darkthrone ne décevra que les « puristes » à l’esprit fermé. Les autres, moi inclus, je vous invite du fond du cœur à vous procurer au plus vite ce cadeau des gardiens de l’underground et de l’intégrité jamais démentie.
N’ayant rien à prouver depuis bien longtemps, ils ont pourtant encore réussi à me surprendre.
Félicitations et merci infiniment !