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Geometry of Chaos naît des cendres d’Alchemy Room, où le multi-instrumentiste et parolier Fabio La Manna officiait déjà avec le batteur Davide Cardella. Dans ce nouveau projet, la partie vocale est quant à elle répartie entre plusieurs invités, tels que Marcello Vieira (tracks 1,3 & 7), Ethan Cronin (tracks 2 & 6) et Elena Lippe (track 5). Dans les faits, Soldiers of the New World Order distille ici un metal progressif aérien. L’approche se veut celle « d’un concept album où les titres s’entremêlent pour ne former qu’une histoire globale dont le thème décrit un gouvernement opaque qui dirige et contrôle tout, de la politique à l’économie jusqu’à la vie privée des gens ».
Idolatry ouvre la porte de cette épopée, on se laisse volontiers guider au travers des patterns de batterie ainsi que des échanges de riffs et solos de guitare de Fabio La Manna. Le chant, prêté sur ce titre à Marcello Vieira, teinté de mimiques power metal, n’en est pas moins puissant, et les nuances apportées complètent les nombreuses variations du titre.
S’ensuit Joker’s Dance qui vient enfoncer le clou, avec de grosses parties heavy/groove. Le groupe propose un titre dont l’ensemble est lourd et encore une fois appuyé par une excellente partie rythmique. Complété cette fois par Ethan Cronin en partie vocale, dans un style parfois mustainien. Le pont acoustique est excellemment écrit et est un voyage à lui seul : brillamment évolutif avant de revenir puissamment sur l’intensité des riffs d’ouverture.
L’approche prog metal est confirmée mais le ressenti est beaucoup plus nuancé — ou intelligent — car les nappes atmosphériques s’entremêlent tout en laissant l’auditeur pressentir cette énergie dans les bas-fonds, qui ressurgit ici et là entre les parties cinématiques des titres. Le groupe le décrit d’ailleurs comme « un album ambiant, mélodique et sauvage, qui demande toutefois d’y être attentif et dans lequel vous serez malmenés ». Au moins c’est dit !
Cependant, malgré la grande variété de compositions dans cet album, on aurait aimé se faire surprendre un peu plus par l’approche, par l’écriture, ou simplement par le fait d’apporter plus de texture par des instruments accordés ou joués différemment (les riffs de Garage Evil auraient mérité un drop down pour gagner en profondeur). De fait, cette linéarité sonore fait que les titres auraient pu être placés différemment sur l’album sans surprendre : tous indépendants et cohérents dans leurs structures, mais ils ne forment pas forcément un tout, ou bien ne montrent pas d’évolution au travers de l’album. Chose à laquelle on aurait pu s’attendre sur une présentation de concept album cinématographique.
Geometry Of Chaos nous propose ici un album qui lui est propre, dans un style affirmé et maîtrisé. Les variations sont nombreuses et étonnamment fluides, mais malheureusement peu surprenantes au fil des titres. Si bien qu’on ne se fera que très peu brusquer, contrairement à ce qui avait été annoncé, naviguant trop souvent en mer d’huile quand de sombres tempêtes auraient été bienvenues.