Alestorm, Heidevolk, Elvenking, Vanaheim
OM, Seraing (BE)
Date 26 novembre 2023
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
https://omconcerts.be

Avec trois groupes en guise de premières parties, donc un coup d’envoi des festivités programmé de bonne heure, il était tentant de se laisser séduire par l’idée de rejoindre l’OM en cours de soirée plutôt qu’en cette toute fin d’après-midi. Après tout, on y serait toujours assez tôt pour Alestorm. Bien entendu, cette réflexion ne nous a pas traversé l’esprit une seule seconde, à Paul et à moi-même, notre objectif, et aussi la moindre des choses, étant de vous offrir un reportage complet sur cette soirée. Une grande majorité du public a aussi fait le choix de ne pas bouder Vanaheim, Elvenking et Heidevolk. Un choix qui s’est avéré judicieux…

Vanaheim est un groupe originaire de Tilburg, aux Pays-Bas, encore peu connu. Pour cause, sa discographie comporte deux EP et un album complet, Een verloren verhaal, ce dernier étant sorti en 2022. Cela n’est déjà pas rien, mais l’autoproduction reste, qu’on l’admette ou non, un frein au développement. Le vocaliste Zino van Leerdam déclarera d’ailleurs, non sans humour, qu’il serait intéressant pour le public que des labels s’intéressent à son groupe, de façon à se retrouver en position de pouvoir, à l’avenir, garantir des prestations d’une durée supérieure aux trente malheureuses minutes de ce soir. Un changement qui ne pourrait être que positif, au vu de l’appréciation que le public montre à ce folk metal épique, diablement bien foutu et entraînant, qui possède de plus la particularité d’être relevé par le jeu d’une violoniste, Rikke Linssen. Si cela n’est pas inédit, reconnaissons néanmoins qu’il n’est pas toujours facile de placer les interventions de cet instrument dans des compositions metal, fussent-elles folk, sans qu’elles ne paraissent inutiles ou redondantes, trop présentes ou pas assez. Rikke est omniprésente ou presque, mais ses interventions sont toujours justes et apportent une réelle plus-value à des morceaux pourtant déjà solides. Vanaheim, un nom à retenir et un groupe à voir ou à revoir d’urgence !

Après l’émerveillement, place au doute. Il n’est nullement question de prétendre qu’Elvenking est un mauvais groupe, toutefois quelque chose cloche ; quoi ? Le concert de Vanaheim était-il si jouissif que celui du groupe qui allait suivre ne pouvait que paraître ennuyeux ? Peut-être, du moins en partie. La set-list comportait-elle des choix peu judicieux ? Pas impossible. Le power metal épique et mâtiné de folk des Italiens n’est pourtant pas dénué de qualités, leur longue discographie en témoigne, mais les titres joués aujourd’hui sont assez alambiqués, tout en manquant d’accroches à même de retenir l’attention de spectateurs qui ne sont pas forcément des spécialistes du groupe. Néanmoins, la bonne humeur et l’ambiance sympathique qui prévalent depuis le début de la soirée et prévaudront jusqu’au bout compensent ce sentiment mitigé, et tout au plus les observateurs attentifs pourront-ils remarquer, en fin de compte, qu’Elvenking a suscité un peu moins d’engouement que les autres prestataires du jour.

On ne présente plus Heidevolk. Les compatriotes de Vanaheim ont depuis longtemps fait leur trou dans le petit monde du Viking/folk metal et peu doutaient de leur capacité à remuer la foule grâce à leurs hymnes, tour à tour ou tout à la fois puissants et entraînants. Excellent, mais sans surprise. Sans surprise, mais excellent.

Enfin, place à Alestorm. L’ambiance, déjà chaude, va encore monter d’un cran et restera au top pendant tout le concert, ce que l’on aimerait voir bien plus souvent. Cet état de fait serait-il dû à la moyenne d’âge très peu élevée des fans ? La fougue juvénile est sans doute pour quelque chose là-dedans. À ce sujet, un groupe comme Alestorm, au même titre que Sabaton ou Powerwolf, pour ne citer qu’eux, est à saluer pour sa contribution évidente au renouvellement du public d’un heavy metal dit « traditionnel », par opposition aux différentes vagues qui ont déferlé depuis l’avènement du nu metal, comprenez par là tous les sous-genres dont les noms contiennent un préfixe en « post- » ou un suffixe en « -core ». Au niveau set-list, tous les titres attendus sont évidemment de la partie. Il est cependant étonnant que Captain Morgan’s Revenge ne suscite pas un pic d’énergie dans l’assistance, à défaut un léger et passager tassement de l’ambiance. À l’inverse de Drink, avec son refrain hyper festif, qui inaugure une salve de rappels qui s’achèvera avec Fucked with an Anchor. Un très bon concert de bout en bout, dont la set-list nous fait réaliser qu’Alestorm dépasse bel et bien les frontières de ce qui est communément appelé le pirate metal pour embrasser celles, bien plus larges, d’un metal festif aux différentes facettes. Christopher Bowes, un bras en écharpe suite à une mauvaise chute lui ayant occasionné une fracture et contraint à délaisser son clavier pour ne se servir que de son micro, ne déméritera jamais, à tel point qu’au bout d’un temps, ce détail ne se remarque même plus. Chapeau, Christopher ! Bravo, Alestorm !

Vanaheim

 

Elvenking

 

Heidevolk

 

Alestorm