Bon, vous me direz, mais qu’est-ce qu’un chœur de growlers? (gueuleurs). Eh bien je vous fais un petit topo : Pierre-Luc Sénécal, qui est compositeur, a eu la brillante et tortueuse idée de rassembler 18 artistes du milieu métal afin de créer une chorale pour le moins inusitée. Ces dix-huit entités proviennent de plusieurs groupes Metal Québécois : Corrine Cardinal de la formation Valfreya, Maude Théberge de Sanguine Glacialis pour ne nommer que quelques-uns. Forts d’un premier concert au Gésu (Salle dans une église de Montréal) en 2019 et d’une apparition au prestigieux FIMAV (Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville), ils acceptaient un nouveau défi : celui de partager les planches avec un chœur classique prestigieux de Montréal, Temps Fort.
Temps Fort est dirigé par Pascal Germain-Berardi, qui est lui-même un chanteur baryton et growler Metal. Il est aussi chef d’orchestre de l’ensemble Forestare (orchestre de guitares) et a participé à plusieurs reprises à l’orchestre symphonique de Montréal et celui de l’Opéra de Montréal. Bref une entité vivante et expérimentée de la scène musicale locale.
Pour la première moitié du programme, nous avons eu droit à diverses interprétations du répertoire classique dont Song for Athenes de John Tavener, Extraits de Quatre motels pour un temps de pénitence (1939) de François Poulenc, Os justi d’Anton Bruckner (1879). Ensuite nous plongerons dans l’univers de Pierre-Luc Senécal avec la très lumineuse pièce Lux Aeterna. Ensuite la magistrale The Dayking, composition très sombre racontant l’univers d’un guetteur du temps du Moyen-âge devant surveiller l’approche possible d’ennemis et devant sans cesse vivre seul du haut de sa montagne, entraînant petit à petit sa chute vers la folie et le désespoir, donnant ainsi une œuvre survoltée et narrée par Forner Anderson, récitant son propre texte fabuleux et empli d’émotion. À souligner que cette pièce est administrée en double chœur, c’est-à-dire par une collaboration de Temps Fort avec le Growlers Choir qui ajoute tout en puissance le ton de la folie et de la noirceur s’emparant du personnage de cette narration.
Ensuite après toutes ces émotions, nous aurons le plaisir de retrouver Mr Berardi avec sa composition L’Ultimatum dont les paroles sont de Sébastien Johnson, à nouveau érigée en double chœur.
Ici on y aborde le terme de la dualité, entre ce que l’on désignera par l’Ultim (l’expansion) et le Atum (le libre. Un thème assez abstrait offrant plusieurs possibilités et décrivant à sa façon l’émergence de l’humanité.
Le fracas, les chocs entre ces deux entités propres de chant, semblent irréconciliables de prime abord, mais ensuite s’installe une symbiose, une acceptation de ces deux entités si différentes, mais complémentaires et indéniables. Les chants plus purs et scintillants de Temps Fort sont majestueux tandis que les chants des growlers sont bruts et infaillibles, structurés et d’une précision chirurgicale. De plus, entendre des growls Metal dans une église fût une expérience très spéciale et unique en son genre!
Je tiens à remercier Pierre-Luc Senécal pour cette magnifique soirée extraordinaire et d’avoir accepté ma demande et je vous invite à y assister si j’ai attisé votre curiosité, car l’événement sera en ligne du 5 au 18 juillet prochain!
Pour les billets: Billetterie
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Galerie Photo
Par Martin Desbois
Par Elias Touil