Ahasver
Causa Sui
Genre metal progressif
Pays France
Label Lifeforce Records
Date de sortie 16/09/2022

Site Internet

Composé d’actuels et ex-membres d’Eryn Non Dae, Gorod, Psykup, Zubrowska, Dimitree et Drawers, Ahasver déboule en force avec un tout premier album coup de poing. Et ce n’est rien de le dire. Le groupe nouvellement formé a pris la crème de la crème de ce qui se fait de mieux à Toulouse.

Mais faisons un peu d’histoire avant de parler de Causa Sui. Car dans cet album, il est justement question d’histoire… ou plutôt de la suite de celle dont je vais vous parler.

Ceux qui connaissent Ahasver, levez la main ! Perso, je ne me souviens absolument pas de mes cours de catéchisme. Eh oui, car le nom du groupe a une référence biblique. Ahasver, c’est le nom de la personne de confession juive qui a refusé de donner de l’eau au Christ sur son chemin de croix. Pour ce geste impardonnable, il est condamné à errer éternellement sur Terre. Une torture pour tout être humain. Errer sans but est un véritable calvaire, surtout lorsque l’on cherche au fond de soi le chemin de la rédemption.

Un autre élément important pour apprivoiser ce tout premier album d’Ahasver est la genèse du groupe et de la création de ce premier-né. Le groupe l’explique très bien lui-même : « L’écriture et l’enregistrement de cet album auront pris quatre années. Cette mise en commun de nos individualités artistiques incarne l’évocation de ce qu’Ahasver aurait pu voir parmi les ruines de ce monde mourant : équité, partage, inclusion et résilience. »

À la première écoute, il faut être honnête, Causa Sui n’est pas simple à aborder. Beaucoup d’éléments, énormément d’influences. Et pourtant, c’est en ceci que réside la richesse de cet album. Écoute après écoute, j’ai pu découvrir toutes les subtilités et apprécier toute la beauté de l’ensemble.

Le premier titre, Fierce, pose d’emblée un décor froid, avec une sensation d’urgence. La puissance et la lourdeur de ce morceau te plongent dans des ténèbres qui, petit à petit, finissent par te happer dans une noirceur telle qu’il t’est impossible d’en ressortir indemne.

Les titres suivants mettent tour à tour en valeur les talents de chacun des musiciens. Chaque riff est travaillé pour te marquer au fer rouge, mêlant sonorités puissantes et mélodiques à la perfection. À l’opposé, la section rythmique alourdit l’ensemble pour ne jamais te donner d’espoir. Les compos sont écrites comme une lutte incessante pour trouver un peu de lumière sans jamais y parvenir. Cette lutte, je la retrouve également et surtout dans le chant, qui apporte une atmosphère particulière. Le chant clair adoucit la violence des propos du groupe. Le chant hurlé, lui, accentue la brutalité — et il est fortement déconcertant de voir la facilité du passage de l’un à l’autre —. Finalement, énormément d’émotions passent par cette voix à laquelle il est impossible de rester indifférent.

Les influences sont multiples sur Causa Sui (jusqu’au black, voire même au grind par moments), et pourtant Ahasver arrive à nous offrir un son prog / doom / sludge. Kings, le dernier titre de l’album, est celui qui est aussi le plus brut… et qui clôture à merveille l’ensemble sur quelques mots dont je vous laisse découvrir la signification.

Causa Sui est une très belle entrée en matière dans l’univers d’Ahasver. Un album riche. Un album intense. Un album qui trouve le juste équilibre entre technique et émotions. Un album sombre et captivant à de nombreux égards. Un album qui va marquer le point de départ d’une nouvelle histoire. Celle d’Ahasver.