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Le 29 octobre dernier sortait Notre-Dame-de-l’Enfer, le premier album du groupe québécois Thrash La Reine, faisant suite à deux EPs publiés en 2018 et 2019. Fanatique de contes et de légendes québécoises, le trio composé de Renaud Baril au chant et à la guitare, Anthony Domm à la basse et Guillaume Leblanc à la batterie, fait honneur à ces thématiques tout au long des 45 minutes d’écoute.
L’album compte un total de treize chansons aux textes tous écrits en français, dont une introduction et trois interludes. L’œuvre constitue, dans son entièreté, une ode au folklore québécois, auquel est jumelée une ambiance lugubre et glaciale. À ce titre, le groupe signale avoir accordé le son de la guitare et de la basse en conséquence afin de simuler une atmosphère plus sombre. De nombreux instruments traditionnels s’ajoutent au fil des chansons, notamment la mandoline, l’accordéon et la cloche à vache, valorisant ainsi les sonorités folkloriques.
Après une introduction aux allures de marche funèbre, la première chanson, L’étranger, donne immédiatement le ton avec un riff lourd et intense, suivi d’un couplet avec une voix s’apparentant au rock-punk, pour finalement culminer vers un refrain accrocheur. Le texte est quant à lui vraiment intéressant, traitant de l’histoire fictive d’une femme tombant amoureuse durant une danse avec un homme mystérieux, qui se révèle finalement être le diable ; ces personnages sont présentés par des segments musicaux différents, dans un ensemble bien agencé et très réussi.
Le deuxième morceau, La chasse-galerie, traite de ce qui doit être l’un des contes des plus populaires au Québec, dans lequel des travailleurs du bois défient le diable afin de quitter le chantier et aller voir leurs amoureuses le temps d’une soirée. Très entraînante, elle rend un parfait hommage à ce conte, notamment par une section musicale illustrant un rigodon typique des fêtes québécoises d’antan. Une autre excellente chanson s’ensuit, intitulée Au chant de l’alouette. Celle-ci est une reprise d’une chanson à répondre populaire du registre québécois, adaptée en une toute nouvelle version metal.
Les deux chansons suivantes sont plus sombres et lourdes, notamment La cage de fer, qui traite de « la Corriveau », une autre figure importante du folklore québécois. Dépeinte dans la tradition orale comme une sorcière ayant tué jusqu’à sept de ses maris, « la Corriveau » fut condamnée à mort et son corps laissé à pourrir dans une mythique cage, exposée publiquement à la vue de tous.
L’album se poursuit avec deux excellentes chansons qui méritent d’être écoutées attentivement, soit Opération Neptune et Les trois diables. Fortes de sonorités très heavy metal, on y retrouve des riffs entraînants ainsi que des refrains accrocheurs. Ces deux chansons en particulier me rappellent l’excellent groupe québécois eXterio.
Après un court interlude et un morceau lourd mais accrocheur, l’album s’achève sur un titre épique de plus de 7 minutes, intitulé Légende d’antan. Probablement le plus abouti de tous, le morceau débute avec un bon riff électrique, suivi de près par un couplet récapitulant l’ensemble des chansons précédentes, telle une ode au souvenir. J’aime particulièrement le segment instrumental marquant le milieu de la chanson, comprenant entre autres une mandoline mélodique. La seconde moitié monte graduellement en intensité pour finalement culminer vers une conclusion hymnesque et totalement épique, incluant des chœurs et une batterie intense. Cette chanson, qui de mon avis dénote clairement avec les précédentes, constitue à coup sûr mon principal coup de cœur de cet album.
En tant qu’amateur de la culture québécoise, j’ai grandement apprécié le concept de Notre-Dame-de-l’Enfer, principalement en raison de son originalité et des sujets abordés, dont le traitement très juste rend honneur au folklore québécois. Je dois avouer que je ne connaissais que très peu le groupe et que je n’avais pas apprécié plus que ça leurs EPs, toutefois ce nouvel album de Thrash la Reine m’a franchement plu.
Faits divers:
· Durant un voyage à Londres, le chanteur-guitariste Renaud Baril s’amusait à imaginer la reine d’Angleterre dans un moshpit. Le nom du groupe a ainsi été créé.
· Le nom du groupe s’écrit « Thrash » et non « Trash ». À cet effet, le groupe prétend être fréquemment mal cité. Je me suis d’ailleurs fait prendre au piège lorsque j’ai commencé à rédiger cette chronique…
Chansons préférées :
Légende d’antan, Opération Neptune et La chasse-galerie.