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Si vous êtes un amateur éclairé de thrash metal, inutile de vous présenter Sadus. Autrement, sachez qu’il s’agit d’une groupe californien largement sous-estimé, même s’il a connu une certaine notoriété au cours des années 90, tant grâce à la virtuosité de ses musiciens — notamment Steve DiGiorgio, bassiste surdoué — que par la qualité de ses compositions. Le groupe a sorti cinq albums entre les années 1987 à 2006, dont l’incontournable Swallowed in Black en 1990. Au fil des années, le line-up du groupe, initialement un quatuor, s’est réduit peu à peu et, après les départs successifs de Rob Moore et de Steve DiGiorgio, Sadus est actuellement constitué de Darren Travis, au chant et à la guitare et Jon Allen à la batterie. Aujourd’hui, dix-sept ans après sa dernière production, Out for Blood, Sadus revient avec The Shadow Inside, son sixième album studio. D’emblée, le visuel réalisé par Travis Smith n’est pas sans rappeler celui de Swallowed in Black, avec son démon à tête de mort aux dimensions spatiales… signe d’un retour aux sources ?
L’intro du premier titre, First Blood, se fait en douceur mais, très vite, le rythme s’accélère considérablement jusqu’à se retrouver en terrain connu avec un thrash rapide et toujours aussi technique que par le passé. La suite est du même tonneau et les titres s’enchaînent sans temps mort, à l’exception des breaks qui interrompent certaines chansons, comme sur Ride the Knife ou Pain, et de New Beginning, instrumental lent qui précède et introduit The Shadow Inside, ultime chanson de l’album.
La voix de Darren Travis, plus black que death, est toujours aussi écorchée et malsaine. Il faut l’entendre se déchaîner sur The Devil in Me pour mesurer l’étendue de son talent de chanteur ! À la guitare, il assure tout autant, même si The Shadow Inside ne comporte finalement qu’assez peu de soli, et la batterie du très expérimenté Jon Allen fait le reste du travail. Certes, la basse de Steve DiGiorgio ne peut que manquer mais Darren Travis, qui reprend cet instrument, s’en sort avec les honneurs, sans pouvoir prétendre rivaliser avec son ex-collègue. Enfin, la production soignée de Juan Urteaga, producteur entre autres de Testament et Machine Head met bien en valeur le savoir-faire des membres de Sadus.
La sauce prend donc fort bien et, même s’il n’a rien de réellement novateur, The Shadow Inside est un retour réussi. C’est ainsi avec plaisir que l’on retrouve le thrash/death très travaillé qui fait de Sadus un groupe qui mérite tout à fait sa place aux côtés d’Exodus, Obituary ou Morbid Angel parmi les grands noms du thrash metal américain.