Stheno
Wardance
Genre grind/black metal/crust
Pays Grèce
Label 7 Degrees Records
Date de sortie 08/10/2021

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Issu de la méconnue mais prolifique scène underground grecque, Stheno s’est forgé une petite réputation grâce à plusieurs collaborations avec d’autres noms du milieu ainsi qu’un premier album, Liberty Crawls in Waste, en 2016. Après un changement de line-up, le trio hellénique sort en octobre 2021 un second album, intitulé Wardance et édité par le label 7 Degrees Records. Dans la continuité de ses précédentes productions, Stheno passe au blender ses influences grind, black metal et crust punk en adoptant, comme l’indique le titre, une thématique guerrière. Un sujet en raccord avec le nom du groupe, qui évoque en grec « la force spirituelle majeure, le courage, la résistance et la détermination » ; cependant, qu’en est il d’un point de vue musical ?

Une intro sur fond de sirène d’alarme ouvre Bestial Battalion, premier des onze hymnes à la force brute qui constituent Wardance. Ce premier titre se montre d’emblée représentatif de ce dont est constitué l’album — et le son de Stheno dans son ensemble. Fidèle à une recette qui a déjà fait ses preuves, Stheno mêle les racines distordues du crust punk à la rapidité et la brutalité du grind et du black metal qui en descendent. Le mix se veut à l’image d’un champ de bataille, à savoir sale, brutal, brouillon, sans pitié ni concession et, surtout, pouvant prendre fin à n’importe quel moment telle une balle tirée en plein cœur venant prendre une vie. La voix du nouveau frontman Christian Chaco se fait lointaine, tel un général assénant ses ordres au travers d’un mégaphone, appuyée par les rythmiques agressives de Vaggelis et les riffs hystériques de Leonidas Douras — ce dernier assurant à la fois les parties de guitare et de basse. Cet aspect chaotique ressort particulièrement dans des titres comme RPG ou Dishonored Bodybag, mais surtout dans le titre promotionnel Fire!, véritable tir de mitrailleuse. Logiquement pour un album se revendiquant du genre grind, les titres s’achèvent aussi vite qu’ils démarrent et s’enchaînent sans répit, pour une durée d’écoute n’atteignant pas les vingt-cinq minutes.

La durée courte, voire très courte, des titres et leur rythme tout aussi rapide ne sont pas pour autant synonymes de paresse, aussi bien au niveau de l’écriture que de l’audibilité des morceaux. La qualité de la production, sans être lissée, est assez bonne pour permettre de distinguer chaque instrument, à défaut de distinguer ne serait-ce qu’un mot des textes. Stheno sait également insuffler suffisamment de variété dans ses compositions pour maintenir l’intérêt. Ainsi, la noirceur du black metal s’exprime au travers des titres Deadly Camouflage et Snake Eater, qui, de par leur durée dépassant trois minutes, paraissent presque longs par rapport aux autres. Le sus-cité Fire! crée de son côté quelques surprises, en faisant mine de s’arrêter abruptement en plein milieu, ou par l’utilisation de sons synthétiques similaires à ceux de l’intro et du titre d’outro Bellum Internicinum

Avec Wardance, Stheno poursuit sur sa lancée et exploite habilement chaque aspect de son identité musicale pour proposer un hommage honorable aux racines de la scène underground ; l’influence de Mayhem, notamment, se révèle dans toute son évidence. Mêlant trois des styles les plus sales de la musique extrême dans une rafale de violence, cette petite curiosité satisfera les amateurs du genre. Rapide à écouter, mais bien loin d’être facile d’assimilation pour autant, Wardance accompagnera idéalement un court trajet… ou une descente de bouteille de whisky au fond de la cave. À vous d’en juger.