Alcatrazz
V
Genre Heavy Metal néo-classique
Pays Etats-Unis
Label Silver Lining Music
Date de sortie 15/10/2021

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C’est un véritable mystère qui a entouré la sortie de V, le nouvel album d’Alacatrazz. La maison de disques a pris d’énormes précautions pour assurer la promotion d’un album pour lequel il existe pourtant déjà quatre vidéos sur les douze titres qui le composent. Comprenne qui pourra. Certes, Alcatrazz est un de ces super-groupes qui a mis en lumière de nombreux musiciens talentueux. On citera, parmi eux, les guitaristes Yngwie Malmsteen et Steve Vaï ou encore le chanteur Graham Bonnet. Le retour de ce dernier lors de la réunion du groupe l’an dernier après vingt-quatre ans d’absence laissait augurer un retour en force avant que le groupe ne périclite en annonçant le départ de Graham Bonnet pour des divergences autour d’une sombre histoire de management. Si bien qu’il ne reste plus que Gary Shea et Jimmy Waldo comme musiciens de la formation originelle de 1983. Graham Bonnet, en pétard avec ses deux anciens comparses, a annoncé dans la foulée de son départ la … poursuite de son Alcatrazz. Il y aura donc bien deux formations qui répondront au même nom… Un peu comme cela s’est produit auparavant avec Queensrÿche…

C’est sans doute pour cela que le groupe de Shea et de Waldo s’est empressé d’intituler sobrement son cinquième album V afin d’assurer une certaine continuité dans le projet. Les fans de la première heure se feront leur propre opinion comme l’a gentiment suggéré Graham Bonnet sur les réseaux sociaux. Et la balance pourrait ne pas pencher en sa faveur tant l’engagement de l’excellent Doogie White au chant paraît être une évidence aussi forte que le nez au milieu du visage. Dès la première écoute des douze compositions, l’auditeur est bluffé par le ton et la performance vocale de celui qui a officié naguère derrière le micro de Rainbow. Sa nomination à ce poste apparaît tellement naturelle qu’on pourrait facilement croire que ce bon vieux Doogie fait partie des meubles. Ecoutez-le pousser ses vocalises sur Grace Of God ou encore Turn Of The Wheel pour vous convaincre que le Britannique fait partie des chanteurs les plus sous-estimés de sa génération…

Mais Alcatrazz sans shred, ce ne serait pas Alcatrazz… C’est donc l’excellentissime Joe Stump qui s’y colle depuis le retour des ‘Ricains aux affaires l’an dernier. Et le guitariste n’a pas grand-chose à envier à ses illustres prédécesseurs tant son jeu se mêle à la perfection à la section rythmique. Et pourtant dès l’entame de cet album, on craint l’indigestion de technicité quand on découvre le shred de Guardian Angel qui aurait pu figurer sur les premiers albums de Yngwie Malmsteen. Mais la force de Joe Stump est justement de ne pas en faire trop quand cela n’est pas nécessaire. Et la suite nous confortera dans cette idée avec les excellents Target et Alice’s Eye, notamment.

Il faut donc enfoncer la porte et ne pas s’arrêter au titre d’ouverture car cet album recèle de véritables petites pépites. Sword Of Deliverance en fait partie. Le riff de Stump vous cogne le cerveau et les claviers de Waldo se marient parfaitement au tempo incisif du morceau. Les sonorités du claviériste (Return To Nevermore) ne sont pas sans rappeler le regretté Jon Lord même si les compositions se démarquent tout de même par leur côté plus power metal, comme Grace Of God.

S’ils s’arrêtent à la lecture du line up actuel, les fans de la première heure risquent d’être désorientés en découvrant que Graham Bonnet n’est plus de la partie. Mais s’ils laissent leurs préjugés de côté et qu’ils se lancent dans l’écoute de V, ils ne pourront qu’apprécier cette galette de heavy néo-classique. Et si Bonnet poursuit bien l’aventure Alcatrazz de son côté, on se demande bien comment il parviendra à se hisser à un tel niveau… Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance car la barre est placée haut. Très très haut, même!