Interview avec Fernanda Lira, chanteuse bassiste de Crypta

Salut Fernanda, Crypta est un groupe plutôt jeune, fondé en 2019, mais ses membres ont toutes déjà un énorme palmarès, notamment avec deux ex Nervosa. Tu nous racontes d’où vous venez et comment vous vous êtes formées ?

Salut ! Oui bien sûr ! J’ai fondé le groupe avec Luana Dametto alors que nous étions encore avec Nervosa, j’assure le chant et la basse et Luana la batterie. Il nous fallait une guitariste alors nous avons contacté Sonia Anubis, alors guitariste de Burning Witches. Nous étions très fans de Sonia et nous avions déjà joué ensemble auparavant. Elle a accepté, nous sommes donc parties sur un trio, jusqu’à ce que Tania Bergmaschi nous contact de manière spontanée pour intégrer le groupe en tant que guitariste également. Je me suis demandé à l’époque qui était cette nana bizarre et puis elle nous a envoyé une demo en train de jouer Crystal Mountain de Death et j’ai halluciné sur son talent ! C’est une fille super sympa, on l’a prise bien sûr, et c’est comme ça que nous avons formé Crypta.

Génial cette formation ! Et le nom Crypta, comment vous est-il venu ?

Oula ! Nous avons traîné plus d’un mois avant de prendre un nom ! Au départ, il ne s’agissait que d’un side project puisque nous étions encore chez Nervosa, nous avons donc pris notre temps. Tout s’est accéléré quand nous avons quitté le groupe, il a fallu réfléchir à un nom. C’est Luana qui a initié l’idée en se rappelant une superbe journée que nous avions passée toutes les deux en visitant une crypte en République Tchèque. Crypte sonne très bien, court, percutant, facile à retenir. On a voulu y mettre un peu de Brésilien donc c’est devenu Crypta. Nous avons sauté de joie quand on a vu que ce nom n’était pas pris et on l’a adopté.

Quelles influences et contributions chacune de vous a pu apporter au groupe ?

Pour ma part je pense que j’ai apporté l’expérience de mes dix ans passé dans un groupe professionnel comme Nervosa. Je sais gérer la compo, les labels, la promotion, le business et j’ai tout adapté pour Crypta, ce qui nous a permis de démarrer rapidement sur quelque chose de solide. Nous sommes toutes fans de Death old School et de Thrash, on s’est approprié les deux genres et on en a fait quelque chose de bien à nous. On ne peut pas vraiment mettre une étiquette à Crypta. Après 10 ans passés à faire du Thrash on a voulu faire du Death old School et puis on est parties dans une tout autre direction. On va dire que l’on a créé un hybride de Death suédois, de Death de Floride, avec des parties mélodiques mais aussi bien brutales. Je suis fan d’Obituary, de Canibal Corpse, de Morbid Angel, Tania adore le Death mélodique et Gojira, Luana adore le Death suédois old school, et Sonia est à fond sur les mélodies épiques.

Qui compose chez Crypta ? Qui s’occupe des arrangements ?

J’aime bien poser les leads et solos avec Sonia, mais pour quelques chansons c’est aussi Luana, on peut dire que nous sommes un groupe très démocratique, il n’y a pas de lead entre les deux guitaristes, on pose les bases ensemble. Tania intervient un peu moins mais elle a tout de même écrit une chanson entière, I resign, qui paraitra sur l ‘édition limitée japonaise. On peut vraiment dire qu’on est toutes impliquées dans la composition.

Ok, et comment parvient-on à sortir un premier album en juin 2021, en pleine pandémie mondiale ?

Justement, le contexte de pandémie nous a donné tout le temps du monde pour composer et enregistrer tout très soigneusement. On s’est bloqué 5 semaines complètes, on a pris toutes les mesures sanitaires nécessaires en se faisant tester et en n’ayant aucun contact ensuite avec les autres. Sonia est venue des Pays Bas pour l’occasion car c’est là bas qu’elle réside. Les autres, nous sommes toutes au Brésil, mais dans différents États, on se déplace aussi pour se retrouver. On s’est isolées et on a bossé en respectant des mesures très strictes. Vu la situation au Brésil, on a pris tout cela très au sérieux, même lorsque nous avons enregistré nos clips, nous avons respecté la même procédure (tests et isolement) pour ne mettre personne en danger au studio. On a choisi le Family Mob Studio, le même que King Diamond, que l’on connaissait déjà à l’époque de Nervosa. On connaissait le personnel, le son, les équipements. Tout s’est fait naturellement.

On a vu apparaître quelques grands noms responsables de vos mix et mastering, tu nous en parles?

Oui tout à fait. Nous venions d’un groupe qui avait fait ses preuves et les fans déjà étaient impatients de voir ce que le projet allait donner. On connaît notre public et parmi eux nombreux sont des Metal Geeks, grands collectionneurs du travail d’un maitre du mixage ou du mastering. On a donc choisi de travailler avec Arthur Rizk pour le mixage après le super boulot qu’il a réalisé pour Power Trip. On voulait un son authentique, avec pas trop d’effets, brut et agressif et c’est exactement ce qu’on a eu. D’ailleurs je crois qu’il est en train de préparer le dernier album de Municipal Waste. On lui a laissé une grande liberté et il a été super sympa et patient. Pour le mastering on a fait appel au grand Jens Borgen, qui avait fait un super boulot sur Sepultura. On voulait mettre de la puissance sur notre album, il nous fallait quelqu’un d’expérimenté. Il était d’ailleurs très content que Rizk se soit occupé du mixage, il connaissait son travail. On lui a donné pleine liberté et on a validé son premier jet direct, c’était vraiment un boulot excellent.

Vous n’avez pas non plus pris n’importe qui pour s’occuper de votre pochette d’album, tu nous parles de sa création ?

Oui c’est vrai. On voulait quelque chose de très old school à la Cause of Death d’Obituary. Luana avait plein d’idées, d’une manière générale elle est toujours super créative et la plupart des idées viennent d’elle. On a pensé à des cercueils, à des effets à la Altars of Madness de Morbid Angel, du coup le boulot de Wes Benscoter était vraiment dans la lignée de ce qu’elle voulait. On se retrouve devant une peinture, si on zoom on peut voir les coups de pinceau, j’adore ! Wes a même ajouté des démons et pleins de détails comme ça, on a toutes adoré son travail !

Comment avez-vous assuré la promotion de l’album tout en étant privées de tournées ?

Une grosse partie de notre promotion consiste en une bataille acharnée avec Internet et ses logarithmes… Nan mais sans déconner, Facebook et Twiter n’ont pas envie de promouvoir du contenu comme le notre (rires). On produit pas mal de contenus pour nos réseaux sociaux avec des visuels et vidéos de qualité. On essaie d’augmenter le nombre de nos abonnés, on a sorti un clip, une vidéo avec paroles et on prépare la vidéo de notre dernier single. On poste régulièrement, on donne des interviews et on table sur les prochaines tournées quand on pourra recommencer ! Notre planning se remplit super vite, avec des tournées en Europe et en Amérique du Nord.

En attendant la réouverture des salles, d’autres projets, d’autres annonces ?

Un live en streaming ce serait chouette, on ne sait pas vraiment réaliser ça et il faudrait faire revenir Sonia mais pourquoi pas, en guise de hors d’œuvre pour les fans !

Merci pour tes réponses Fernanda, on a passé un super moment en ta compagnie, tu veux ajouter quelque chose pour tes lecteurs ?

Oui ! Merci pour cette interview et pour m’avoir permis de parler de mon travail c’est génial ! Merci à tous ceux qui ont découvert Crypta et découvrent notre album, c’est dans des périodes comme celles que nous vivons que l’on se rend compte qu’on ne survit pas sans culture ! On est tous restés chez nous avec un bon bouquin, un bon film, un bon album, c’est super important de pouvoir continuer et garder l’esprit du métal qui nous anime ! Merci à tous !