Salut, et merci de m’accorder cette interview ! Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Jonas : Salut ! Moi c’est Jonas, chanteur de Fixation.

Martin : Et moi c’est Martin, je suis le bassiste.

Pour commencer, pour les gens qui ne connaissent pas encore Fixation, pourriez-vous nous en dire un peu plus sur le groupe, sa fondation, et comment vous avez trouvé son nom ?

Jonas : Oui ! En fait, on a commencé en 2011, quand on avait quinze ans. Je venais de revenir en Norvège après avoir vécu en Belgique, du coup j’étais en mode « allez, on crée un groupe ! ». Je suis allé voir mon ami, qui a été le premier batteur de Fixation, en lui disant « On devrait créer un groupe », et il a répondu « Ok, il nous faut un bassiste ». Et notre cher ami Martin joue de la trompette, donc c’est plus ou moins la même chose ! (rires)

Martin : On se connaît depuis qu’on a cinq ou six ans, donc depuis bientôt vingt-et-un ans… Du coup, ils m’ont tout simplement demandé si je voulais rejoindre le groupe, et j’ai répondu « Oui, bien sûr ! Qu’est-ce que je vais jouer ? », ils m’ont dit que ce serait la basse… donc voilà, je m’y suis mis et j’ai appris à force de jouer.

Comment avez-vous rencontré les autres membres du groupe ?

Jonas : Nous avons rencontré Martin [Selen], notre guitariste, au lycée, quand on s’est lancés. Ensuite, on a rencontré Tobias [Østerdal] à une after-party. Lui et moi étions très fans de Muse, donc on s’est mis à en discuter une bonne partie de la soirée… Au départ, il a été notre technicien pour les guitares le temps de quelques concerts, puis on s’est dit qu’il nous fallait un autre guitariste. Parce qu’au début, je jouais aussi de la guitare, mais je trouvais ça plus cool de me concentrer seulement sur le chant… d’autant plus que je suis pas très bon guitariste ! (rires) Du coup, on s’est dit qu’on devrait lui proposer de rejoindre le groupe, et il a accepté. On n’a pas de batteur permanent pour le moment […] À part pour ce fest, on a le même batteur de session depuis l’année dernière.

Martin : On l’a rencontré à l’université. Il joue dans les autres groupes du guitariste, donc ça facilite les choses…

Vous n’avez pas répondu à ma question sur la façon dont vous avez trouvé le nom du groupe, Fixation… un nom très simple et rentre-dedans !

Jonas : Encore une fois, c’est une histoire en rapport avec Muse ! (rires) Je suis un grand fan de Muse, et j’ai lu que quand ils ont trouvé le nom du groupe, ils en voulaient un très court, en un seul mot, pour qu’il apparaisse plus grand sur les affiches de festivals… ça m’a paru une bonne idée, du coup on s’y est lancés. J’ai commencé à parcourir quelques textes de différents groupes, puis j’ai fini par tomber sur une chanson de Muse, Time Is Running Out, où ils disaient « fixation ». Je me suis dit « C’est cool comme nom ! Allons vérifier s’il n’y a pas d’autres groupes qui s’appellent comme ça… ». À ce moment, il n’y en avait pas…

Je ne crois pas qu’il existe un autre groupe qui s’appelle Fixation…

Jonas : En fait, on a remarqué qu’il y en a un qui vient de Philadelphie… du coup on essaie de les battre ! (rires)

J’étais à votre concert tout à l’heure, et je me dois de vous féliciter ! Vous avez fait une très bonne prestation malgré les problèmes de son de votre guitariste…

Martin : Oui, il a eu des problèmes techniques…

En tout cas, vous avez été très professionnels ! Quel effet ça vous fait de jouer ici au Summer Breeze ?

Jonas : C’est génial ! C’est la première fois qu’on joue en Allemagne…

Martin : Oui, c’est même la deuxième fois qu’on joue ailleurs qu’en Norvège, donc le fait de prendre un vol pour aller jouer dans un autre pays, rien que ça, c’est juste trop cool.

Jonas : Le public allemand est très indulgent, en plus les gens sont toujours à faire le horns up ou des mosh pits… ils dégagent une énergie folle, j’adore ça !

Martin : C’est complètement différent des concerts en Norvège… Ici, même les agents de sécurité, quand quelqu’un fait du crowd surfing, ils vont venir aider avec le sourire. En Norvège, si tu fais ça, ils vont péter un câble et te virer… c’est un monde totalement différent.

Jonas : En Norvège, on est un peu coincés… du style, les gens restent dans un coin avec leur verre, et c’est pareil aux concerts. Certains sont géniaux, bien sûr, mais c’est plus ou moins la norme là-bas. Du coup, en allant en Allemagne, on s’est dit « Merde à tout, on va juste s’éclater ! », et c’est super !

J’ai écouté plusieurs de vos morceaux avant de venir, et ce que j’apprécie beaucoup, c’est qu’ils mêlent différents styles, du metalcore au post-hardcore, aussi neo metal et electro… Quels groupes citeriez-vous comme vos principales influences ?

Jonas : Je crois que pour le groupe dans son ensemble, une des influences les plus importantes, c’est Bring Me the Horizon. On écoute beaucoup tout ce qui est sorti depuis There Is a Hell et Sempiternal, et ça m’a beaucoup inspiré… c’est à ce moment-là qu’on a changé notre son. Avant, on était sur un style plus proche de 30 Seconds to Mars…

Martin : À nos débuts, on était très influencés par Coldplay, 30 Seconds to Mars et Radiohead, on a donc mixé un peu tout ça… puis comme vient de le dire Jonas, Bring Me the Horizon est venu se greffer. Architects fait aussi partie des choses qu’on a fini par aimer…

Jonas : En ce moment, on découvre plein d’autres groupes dans ce genre…

Martin : Mais je crois que quelque part, 30 Seconds to Mars nous accompagne toujours ! (rires) C’est un des groupes qui ont le plus marqué notre enfance.

Un autre point que je trouve très bon à propos de votre musique, c’est qu’elle ne sonne pas trop synthétique ou artificielle, contrairement à certains groupes du même genre. D’un point de vue technique, comment votre ingé son et vous en êtes venus à adopter ces valeurs de production ?

Jonas : On gère tout nous-mêmes, l’enregistrement et l’aspect ingénierie, et on souhaitait aboutir à un son organique, d’une certaine façon. Surtout pour les voix : on ne voulait pas abuser de l’auto-tune, pour que ça soit authentique et vulnérable dans l’aspect ; je considère que c’est quelque chose d’important. Je crois que s’il y a autant de groupes, comme tu l’évoques, qui font une musique qui sonne artificielle, c’est parce que les voix sont noyées dans les effets… je suis pas trop fan de ça, du coup, pour moi et pour les autres membres du groupe, c’était exclu. On voulait que ce soit organique.

Martin : En plus, on a Tobias, qui est un gros nerd quand il s’agit de son, et c’est vachement bien parce que quand il mixe notre musique, il a toujours plein d’idées pour faire ressortir la sincérité.

C’est exactement ce que je me disais au sujet de votre performance de tout à l’heure, surtout vis-à-vis de toi, Jonas ; tu es un super chanteur et tu as une très belle voix…

Jonas : Merci beaucoup !

Elle peut à la fois être très haut-perchée et cristalline ou assez agressive… Je sais que les textes de Fixation tournent autour de problèmes de société, du coup je me demandais d’où tu tires ton inspiration et les émotions qui en ressortent…

Jonas : Je suis un gars très émotionnel ! (rires) En fait, j’écris sur des sujets qui me tiennent à cœur. Spécifiquement, quand c’est supposé sonner colérique, j’écris sur ce qui me met en colère, ou quand ça doit sonner vulnérable, sur des choses que j’ai vécues ou qui m’affectent d’une manière ou d’une autre. Donc quand je suis sur scène ou en studio, mon principal objectif, c’est de transmettre ces sentiments et ces émotions… parce que je ressens tout ce que je chante ; si je l’ai écrit, c’est pour exprimer mon ressenti et le partager avec le public.

Votre guitariste chante très bien aussi !

Jonas : Oui, il assure aux chœurs ! Il les enregistre aussi en studio. En plus, c’est un gros nerd ! (rires)

Qu’est-ce que vous voulez dire par là, exactement ?

Jonas : Nos deux guitaristes, Tobias et Martin, sont souvent devant un ordi à bosser sur la musique, et ils peuvent y passer dix heures non-stop ! Rien ne leur échappe : ils explorent toutes les pistes et analysent le moindre détail…

Martin : À une période, au début, on taquinait Tobias qui avait du mal à acheter des pédales pour ses guitares parce qu’il en avait déjà plein. Il disait « Ok, j’ai juste besoin de celle-ci », on demandait pourquoi celle-ci et pas une autre ; « Non, parce que cette autre ne correspond pas à ce passage de dix secondes dans le morceau »… (rires) Il achetait donc tout un tas de pédales juste pour obtenir exactement le son qu’il voulait au moment exact où il le voulait.

Jonas : Ils consacrent beaucoup de temps à chercher et apprendre de nouvelles méthodes, et ils sont très bons à ce jeu. Je crois que c’est grâce à ça qu’on a autant de facilité à gérer le travail sur la musique nous-mêmes, parce qu’ils ont les connaissances.

C’est une très bonne chose ! Parlons un peu de l’album sur lequel vous travaillez : quand va-t-il sortir et à quoi les gens peuvent-ils s’attendre ?

Jonas : La sortie est prévue pour début 2023. En ce moment même on est très près d’en avoir terminé, on n’attend plus que le mix final. Je pense que l’album dans son ensemble est très varié : on a une ballade avec beaucoup de vulnérabilité, on a aussi un morceau très euphémique et dystopique qui s’appelle justement Dystopia, de la guitare rapide… en gros, c’est un mix de plein de choses différentes qu’on aime, mais je crois que dans l’ensemble, ça prend son sens, parce que cet album représente le son qu’on a exploré ces dernières années. Les thèmes, si on veut résumer rapidement, c’est un commentaire sur tout ce qu’on estime poser problème dans la société actuelle, sur la manière dont on voudrait changer les choses et ce qu’on ne veut pas continuer de faire à l’avenir… Chaque morceau évoque un thème différent, mais dans l’ensemble, c’est ça.

Martin : Un nouveau single est prévu pour cet automne, si je me souviens bien, et l’album sort en période de début d’année prochaine, mais on n’a pas encore de date.

Vous avez sorti une vidéo très aboutie pour le morceau More Alive. Ce clip est plutôt sombre : vous êtes aveugles, les acteurs jouent des aveugles… De quoi parlent la chanson et le clip ?

Jonas : La chanson raconte comment les réseaux sociaux affectent les gens, surtout les jeunes enfants. Je suis un jeune oncle, donc j’ai eu l’occasion d’observer à quel point les enfants sont exposés tôt aux iPhones et iPads… Ma sœur sait très bien gérer ça, donc il n’y a pas de problème de ce côté, mais je vois beaucoup de jeunes insatisfaits ou pas sûrs d’eux-mêmes à cause de la pression que mettent les réseaux sociaux à être toujours parfait… J’ai lu un article sur la façon dont le taux de suicide chez les jeunes a augmenté à cause des réseaux sociaux. Je trouve ça horrible, et je voulais faire passer un message à ce sujet. Dans la vidéo, les yeux reflètent la manière dont on se distancie de la réalité dès qu’on fait notre entrée dans ce monde. Le titre, More Alive, vient d’une citation que j’ai lue et qui dit qu’une image sur un écran d’ordinateur peut parfois paraître « plus vivante » que la vraie vie… et je trouve ça triste que des gens se détachent de la réalité et vivent leur vie au travers des réseaux sociaux, sans être fidèles à qui ils sont. Moi y compris, parce que je suis accro aussi, et j’aimerais ne pas l’être.

En effet, c’est un problème très répandu actuellement, et j’avoue ne pas y échapper moi-même avec Instagram…

Jonas : Ouais, c’est surtout Instagram pour moi aussi !

Martin : Du genre, le truc le plus important, c’est d’avoir assez de « likes » sur tes photos, puis il y en a une qui bide, et là tu te dis « Et merde, cette photo n’était pas assez bien… »

Jonas : Ensuite tu doutes de toi parce que telle image n’a pas eu autant de succès que telle autre. Je me retrouve tout à fait là-dedans, à me réveiller le matin et avoir comme premier réflexe de scroller sans réfléchir pendant, genre, deux heures, ensuite je me dis que je veux lâcher mon smartphone, puis finalement je passe la demi-heure suivante à faire la même chose… et je déteste ça ! (rires) Je trouve que ça craint. Je veux dire, ça me montre bien que c’est une addiction, sans aucun doute.

En parlant des chansons de l’album, parce que je suppose que vous en avez joué, quelle est celle que vous préférez jouer en live et écouter en studio ?

Jonas : On n’a joué que les singles aujourd’hui, parce qu’on vient tout juste de finir de travailler sur les autres morceaux de l’album. On a prévu de commencer à les jouer sur scène lors des prochains concerts. Pour moi, par rapport à notre concert d’aujourd’hui, parmi les nouveaux morceaux, je dirais que c’est sur More Alive que je m’éclate le plus. C’est un morceau plein d’énergie, très amusant à jouer en live… À écouter sur l’album, j’aime beaucoup la ballade, qui s’appelle Bleed : elle me tient très à cœur et elle a un final énorme. Il me donne toujours des frissons, et je trouve que c’est une bonne chose parce que c’est mon propre travail. En général, mes morceaux ne me font pas cet effet, parce que je les connais un peu trop bien, mais celui-ci fait mouche à chaque fois.

Martin : Pour moi, c’est… je m’en rappelle comme si c’était hier, quand les autres sont revenus du studio avec l’idée de ce morceau et qu’ils avaient envie de me montrer, et je me souviens que Jonas m’a même dit que ça ressemblait à un morceau que j’aurais pu créer à moi tout seul… c’est Claustrophobic. Même à jouer sur scène, il est super fun, avec tous les rythmes qu’il comporte, c’est vraiment l’éclate à jouer !

Jonas : C’est un peu le morceau le plus pop-punk de tous…

Martin : Oui, c’est ça ! En plus, il évoque les TOC de Jonas, donc c’est un morceau qui a beaucoup de sens.

Toujours à propos des morceaux, comment les écrivez-vous ? Y a-t-il un compositeur principal ou écrivez-vous tous ensemble ?

Jonas : Ça varie… En général, c’est moi qui propose une idée. Sur cet album, c’est différent, parce que d’autres membres du groupe ont apporté leurs idées… C’est toujours moi qui écris les textes, ensuite on travaille sur les morceaux, soit tous ensemble, soit par groupes de deux ou trois. Comme on l’a évoqué plus tôt, on a tous été occupés à travailler pour finir nos études, donc on se réunissait par petits groupes quand on avait le temps… mais c’est bien plus fun quand on bosse tous ensemble !

À part la sortie de votre album, quels sont vos projets pour la suite ?

Martin : On a quelques concerts qui se profilent et on a hâte. On a une tournée en Norvège en décembre ; sinon, je ne suis pas sûr à 100 %, mais je crois qu’on joue à Londres le mois prochain…

Jonas : Oui !

Martin : On a aussi d’autres concerts prévus pour l’année prochaine : un aux Pays-Bas et un autre en Angleterre, et c’est super cool. On espère qu’il y en aura encore d’autres… une tournée hors de la Norvège, ce serait génial !

À propos de potentiels futurs projets, y a-t-il un artiste ou un groupe avec qui vous rêveriez de collaborer ?

Jonas : Bien sûr, je veux dire… si Bring Me the Horizon veut bosser avec nous, on est à fond ! (Rires)

Martin : Si on pouvait intéresser Architects aussi, ce serait génial…

Jonas : Ce sont deux groupes qu’on admire beaucoup, donc ce serait formidable.

Je suppose que vous voudriez jouer en première partie de leur tournée…

Jonas : Absolument !

Martin : Si on recevait ce message, j’irais n’importe où avec eux !

Jonas : Ouais, je lâcherais tout pour faire cette tournée, sans hésiter.

On arrive à la fin, donc encore une fois, merci pour cette interview et pour votre performance ! Avez-vous une dernière chose à ajouter ?

Martin : Pas vraiment… mais merci à toi pour l’interview !

Jonas : Oui, merci beaucoup, c’est super ! Continuez de suivre notre actualité musicale, et on espère bientôt tourner dans toute l’Europe et au Royaume-Uni dans les mois à venir et l’année prochaine… ce serait le feu !