Megadeth
The Sick, The Dying... and The Dead!
Genre thrash metal
Pays États-Unis
Label Universal Music Group
Date de sortie 02/09/2022

Site Internet

Dave Mustaine est un musicien controversé. Génial pour les uns, irritant pour les autres, le guitariste n’a jamais laissé personne indifférent. Chacune de ses œuvres est scrutée, décortiquée. The Sick, The Dying… and The Dead!, le seizième album de SON groupe, ne dérogera pas à la règle. Eu égard à ses quarante années de carrière, le rouquin a gagné une certaine notoriété qui lui a permis d’envoyer sa brève expérience dans Metallica dans les méandres du passé. Mais ses sautes d’humeur, ses positions assez tranchées de chrétien reconverti, et sa propension à virer les musiciens qui l’entourent, ont aussi eu le don d’écorner l’image dictatoriale qu’il a lui-même érigée. Une fois encore, pour l’enregistrement de cet album, Dave Mustaine a effacé les lignes de basse de son vieux comparse Dave Ellefson, qu’il a viré pour la deuxième fois, avant de demander à Steve Di Giorgio de les réenregistrer pour ensuite réengager James LoMenzo. Exit aussi le batteur Chris Adler pour nommer le Belge Dirk Verbeuren comme nouveau membre permanent du groupe, dirigé de main de fer par un Dave Mustaine qui semble avoir trouvé son deuxième guitariste en la personne de Kiko Loureiro (ex-Angra) avec qui il a rempilé pour la deuxième fois.

Et l’alchimie des deux solistes fonctionne bougrement bien sur ce seizième opus. On en veut pour preuve les superbes soli du single Night Stalkers, où le rappeur Ice-T pousse sa voix, et de Soldier On, titre qui n’aurait pas dénoté sur le légendaire Rust in Peace. On apprécie au passage l’énorme travail du nouveau batteur qui est tout simplement monstrueux tant ses coups de fût sont encore plus puissants, rapides et précis que ceux de ses illustres prédécesseurs.

La référence est osée et audacieuse mais elle ne peut pas se prolonger sur l’ensemble de l’album. Megadeth n’a plus la prétention de sortir des albums de la trempe de Youthanasia ou autre Countdown to Extinction. Mais ce The Sick, The Dying… and The Dead! s’inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur Dystopia qui rassemblait le bon, le moyen et le dispensable. Au rayon des titres qu’on oubliera rapidement, il y a le bien-pensant Junkie, et Killing Time qui semble avoir été ajouté pour compléter l’album. Au milieu de tout ça, on pointera tout de même Sacrifice, un titre intéressant sur lequel on aurait aimé entendre Dave forcer un peu sa voix. Il y a aussi Dogs of Chernobyl qui nous emmène dans les ères de Peace Sells et Countdown To Extinction. Ces rappels du passé sont salvateurs et offrent à l’ensemble une cohérence solide. Dave Mustaine assure donc avec son groupe. On aurait préféré voir le génial guitariste se mettre un peu plus en danger en confiant, par exemple, la production à un producteur qui aurait osé pousser le bougre dans ses derniers retranchements. Mais MegaDave ne l’entend certainement pas de cette oreille…