Exposition "Diabolus in Musica"
Philharmonie de Paris
Dates du 5 avril au 29 septembre 2024
Chroniqueur Emy Ruiz
Photographe Emy Ruiz

Horaires : Du mardi au jeudi de12h00 à 18h00​. Le vendredi de 12h00 à 20h00 . Samedi et dimanche de 10h00 à 20h00.

Pendant les vacances scolaires (zone C) : Du mardi au dimanche de 10h00 à 20h00​. Fermeture le 1er mai.

Tarifs : 14 € | 10 € (26 à 28 ans) | 6 € (12 à 25 ans, minima sociaux) | Gratuit pour les -12 ans | Entrée du Musée incluse

Commissaires : Corentin Charbonnier et Milan Garcin

Site web et réservations : Metal | Philharmonie de Paris

Il y a quelques semaines, nous vous avions proposé une interview unique de Corentin Charbonnier, co-commissaire de l’exposition (à retrouver ici : Interview Corentin Charbonnier (expo metal à la Philharmoniede Paris) – Metalalliance (metalalliancemag.ch)) pour vous présenter Diabolus in Musica ! Je vous avais promis de vous faire un live report de l’exposition et de sa folle soirée de vernissage : nous y voilà donc ! Il y aura peut-être quelques petits spoilers, divulgâchés, donc si vous souhaitez vous réserver la surprise de l’exposition, je vous invite à ne pas aller plus loin (mais à revenir me lire une fois votre visite passée bien évidemment et surtout, à partager vos impressions avec moi en commentaires).

Déjà, sans détour : l’exposition est pour moi un franc succès et ce, à bien des égards.

Premier point fort de l’exposition : le lieu ! La Philharmonie de Paris, c’est quand même une institution. Je n’avais jamais pénétré le bâtiment et rien que de l’extérieur, c’est une sacrée claque. N’oublions pas, également, que le metal a tendance à s’institutionnaliser et que ce lieu prestigieux ne peut que la renforcer cela et donner de la visibilité à celui-ci. Dans cette lignée, outre sa localisation à la Philharmonie, l’exposition est également particulièrement bien aménagée. Vous apprécierez la manière dont l’exposition est organisée dans l’espace. Là où il aurait été facile de faire de la pure chronologie, la visite se fait facilement, mêlant des époques et des genres. L’espace n’est ni linéaire, ni morcelé. Bref, le visiteur peut se perdre et se reperdre dans son imaginaire grâce à un aménagement des plus pertinent et des plus immersif !

Deuxième point fort de l’exposition : son contenu. Et là, il faut clairement féliciter le travail des commissaires Corentin Charbonnier et Milan Garcin ! Tous deux titulaires d’un doctorat (respectivement en anthropologie et en histoire de l’art), ce duo de choc maitrise le sujet à la perfection ! Il n’est pas là question d’amateurisme, mais bien d’expertise. Le contenu de l’exposition est un savant mélange d’objets, de photographies, d’explications et… de musique ! Les commissaires sont allés au-delà de ce que l’on aurait pu espérer en mettant la main sur des objets rares et mythiques ! Vous aurez, par exemple, la chance de pouvoir observer le chopper de Nikki Sixx, des partitions originales de Septicflesh, la guitare de Woodstock de Wes Borland, les instruments pyrotechniques de Rammstein ou même le masque et le sceau de Buckethead. Je ne vous en dis pas plus mais vraiment, l’exposition est un régal de diversité ! De nombreux partenariats avec des institutions de renom permettent l’accès à des pièces que nous ne verrions probablement pas autrement. Cela vient donner à l’exposition toute sa noblesse, là où bien d’autres expositions ont été récemment décriées (Tim Burton si tu passes par-là…) pour leur contenu relativement pauvre. Et tout cela est extrêmement important car tout visiteur y trouvera son compte : le féru de metal, qui connait certes bien des choses, mais qui n’a pas accès habituellement à l’ensemble des pièces de collection présentes et qui ne peut avoir autant d’expertises que les commissaires. En ce qui me concerne par exemple, j’ai beaucoup appris du corner « Cultures locales et metal mondial ». Vous aussi, à n’en point douter… Parce que Corentin Charbonnier est chercheur en anthropologie et spécialiste du metal, il nous propose donc une cartographie exhaustive des genres et sous-genres pour enfin pouvoir le dire : oui, dans metal, on intègre toutes les musiques extrêmes. Et puis, ce n’est pas tous les jours qu’un travail scientifique est à portée de main…
Sur le contenu, on parle de metal et d’art, et vraiment ! C’est aussi une immense joie de pouvoir profiter d’autres artistes (non musicaux) présents par différents biais : Førtifem et leurs créations pour l’expo, les œuvres de Philippe Druillet ou de Giger (j’adore le musée Giger par exemple – d’ailleurs, si vous allez en Suisse le visiter, pensez à bien goûter les meringues et la crème double de la Gruyère) – et j’ai eu l’agréable surprise de trouver à l’expo plus que le pied de micro de Jonathan Davis, etc.

Troisième point fort de l’exposition : la diversité. J’insiste sur ce parti pris voulu par les commissaires d’exposition, car c’est un des points clés de Diabolus in Musica : diversité du contenu, diversité des thématiques, diversité des musiques, diversité des modes de présentation aux visiteurs (avec parfois de l’interaction mais, je ne vous en dis pas plus…), diversité des partenaires impliqués. Bref, le visiteur ne s’ennuiera pas !

En conclusion, pour moi, l’exposition est un sans-faute ! Compter une petite heure pour une visite « rapide ». Sinon, perdez la notion du temps en profitant de chaque œuvre… personnellement, je l’ai visitée deux fois pour bien en profiter ! Pour prolonger l’expérience, une boutique vous propose d’acquérir les deux objets phares de l’expo : son « catalogue », un ouvrage extrêmement complet et très bien documenté sur le metal et son vinyle collector ! En bonne collectionneuse, j’ai tout acheté évidemment !!! D’autres objets liés au metal sont disponibles à la boutique. Bravo aux commissaires et à la Philharmonie de Paris pour cette programmation audacieuse et merci pour l’invitation.

En marge de l’exposition, plusieurs événements ont eu lieu. La soirée de vernissage tout d’abord, qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes, le jeudi 4 avril. Très belle soirée, avec quelques têtes connues mais ce qui se passe à Diabolus in Musica reste à Diabolus in Musica ! Également, un colloque mêlant académiques spécialistes du metal et acteurs de l’industrie (Hellfest, Motocultor, artistes telles Lola Frichet de Pogo Car Crash Control ou Chloé Trujillo, Season of Mist, Nuclear Blast, Flibustier, etc.) a permis d’aborder l’ensemble des thématiques liées au metal. Intitulé « METAL ET METALHEADS : DES MYTHES ET DES RITES« , le colloque a accompagné le grand public vers des questions fondamentales. Un replay sera bientôt disponible quelque part par-là : Colloque : Metal et metalheads : des mythes et des rites – Philharmonie à la demande (philharmoniedeparis.fr)

Pour clore cette ouverture en grande pompe, j’ai eu la chance d’assister au concert de Chloé Trujillo (avec son groupe BLVD OF EYES) donné le samedi soir au Hard Rock Café, accompagnée de sa fille Lullah Trujillo et de Nils Courbaron (Bloodorn, Sirenia et Drop Dead Chaos), qui remplaçait exceptionnellement Mark Dalbeth. Un show d’une heure endiablé pour mettre fin au lancement de Diabolus in Musica, qui fera date dans la culture metal !

(Quelques photos issues de mon téléphone, ce qui, en complément de la luminosité et de la propreté de mon objectif, en explique la qualité assez moyenne). Bref, foncez voir l’expo de vos yeux !