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Tout prend fin, chaque ère s’achève et nous ne pouvons que l’admettre. Pourtant, A Chapter Called Children of Bodom, album live du groupe finlandais Children of Bodom enregistré lors de leur denier concert au Helsinki Ice Hall, nous fait remonter le temps pour que nous puissions revivre à loisir le point final d’une carrière prestigieuse. De quoi nous exalter… ou nous accabler. Cet album sort quatre ans exactement après le dernier concert donné par Children of Bodom le 15 décembre 2019. À ce moment, le groupe a déjà annoncé sa dissolution depuis un peu plus d’un mois et les fans savent qu’il faudra profiter de chaque minute du show. Cela devait être une sacrée expérience que de vivre cet ultime moment, clôturé par les adieux émouvant de Jaska remerciant les fans pour leur présence et leur soutien et assurant que ces moments lui manqueront. En effet, le groupe devait cesser à partir du moment où trois des membres fondateurs, Janne Wirman (claviers, 1997-2019), Henkka Seppälä (basse et chant secondaire, 1996-2019) et Jaska Raatikainen (batterie, 1993-2019) avait laissé entendre qu’ils partiraient. Qui est plus, pour des questions de droit, Alexi Laiho (chant et guitare lead, 1993-2019) et Daniel Freyberg (guitare rythmique, 2016-2019) devraient changer le nom de la formation. Cela sera chose faite avec le projet Bodom After Midnight. Le dernier concert à Helsinki était donc l’occasion de proposer une rétrospective des dix albums sortis sous le nom de Children of Bodom. En effet, les dix-huit morceaux joués ce soir-là proviennent équitablement de tous les albums du groupe, de Something Wild à Hexed. Il va de soi que chacun ne trouvera pas forcément son morceau favori dans cette setlist, qui a tout de même le mérite d’offrir un beau résumé de leur carrière.
Sur tous les plans, rien n’est à redire : les morceaux sont propres, les musiciens au taquet malgré cette drôle d’impression que certains titres ont vu leur rythme accéléré. C’est par exemple le cas du sublimissime In Your Face, qui sonne presque précipité et un peu chaotique. Malgré tout, l’énergie donnée dans ce live se ressent. Chaque morceau est précédé ou suivi de l’enthousiasme du public ; toutefois, en ce qui me concerne, il me manque les images. Sachant que le 29 décembre 2020, Alexi Laiho, pilier du groupe, quittait notre monde laissant la sphère metal en deuil, ce sont celles-ci qui auraient pu véritablement permettre à ceux qui n’ont pas assisté à ce concert de le revivre pleinement. D’ailleurs, je me suis surprise à passer plus de temps à regarder une vieille captation téléphone du live plutôt qu’à écouter directement l’album live. La dimension visuelle donne accès aux derniers mots des artistes ainsi qu’à leurs interactions avec le public et voir leur attitude sur scène donne une autre dimension à l’évènement.
Je dois donc admettre me sentir mitigée vis-à-vis de cet album qui, en soi, sonne très bien mais qui rouvre également une plaie qui a du mal à se refermer. On peut bien sûr le voir comme un ultime hommage et la manière de recevoir cet album sera propre à chacun mais, en ce qui me concerne, je ne suis pas certaine de l’écouter longtemps, préférant déguster les albums studios ou revivre la fougue d’un concert en vidéo.
Dans tous le cas, cet album aura mis la faucheuse à la retraite, en espérant qu’elle veille sur le guitariste mythique qu’est Alexi Laiho et qu’elle nous accorde encore de belles années pour apprécier l’héritage d’un groupe poignant. Pour cela, je lui tire mon chapeau, en souvenir de toutes mes trousses de collège qui ont porté son signe, des enceintes qui ont rendu l’âme par sa faux et des riffs et mélodies endiablés qu’elle a sillonné dans les mémoires.