Therion
Leviathan III
Genre metal symphonique
Pays Suède
Label Nuclear Blast
Date de sortie 15/12/2023

Site Internet

Le 15 décembre 2023 s’est achevée la trilogie Leviathan, une aventure exigeante que Therion a tenue pendant trois ans à raison d’un album par an. La formation avait annoncé en interview que le premier album serait grandiloquent et entrainant, le deuxième mélancolique et le dernier expérimental et aventureux. Le pari est tenu à tel point qu’il y a de quoi se perdre en chemin. 

L’album commence dans le vif avec Ninkigal, un morceau au leitmotiv entêtant et à la mélodie vocale lead sublime mais bizarrement entrecoupée pas des parties growlées, qui comprend également un solo de guitare aux saveurs rétro et un leitmotiv chanté par des chœurs. Au bout d’à peine trois minutes, le morceau est terminé, laissant place à la frustration de ne pas avoir pu apprécier un développement plus fourni des bonnes idées qui fourmillaient dans ce titre qui pourtant donne cette étonnante impression d’être resté à l’état de brouillon. Le morceau suivant, Ruler of Tamag, s’ouvre par une guitare acoustique bientôt rejointe par un chant folk… que vient briser un gros riff aussitôt appuyé par des chœurs massifs et une voix lyrique plus sombre. Une montée et une évolution parfaites, soutenues par des mélodies sensibles et une atmosphère épique. Puis subitement, An Unsung Lament débarque avec ses airs de musique pop rock orientalisante. Ce morceau a de quoi surprendre mais en faisant l’effet d’un poisson d’avril. Ça passe ou ça casse… Je suppose que c’est ce qu’entend le terme « expérimental ».

Maleficum, le titre qui suit, fait figure de morceau efficace laissant la part belle aux compétences vocales des principaux interprètes, tout comme Ayahuasca qui arrive ensuite et qui bénéficie d’un clip vidéo. Pourtant, à partir de ces morceaux, je commence à sentir l’ennui me prendre et je dois m’y reprendre à plusieurs fois pour me concentrer sur ce que j’écoute. Baccanal et Midsommarblot me faisant le même effet, j’arrive alors à mettre le doigt sur ce qui me gêne dans cet album : il ne sonne pas très inspiré et j’ai du mal à être emportée. Il paraît parfois même presque un peu niais, ce qui n’est pas nécessairement un problème, comme le montre la chanson What Was Lost Shall Be Lost No More qui nous transporte comme dans un film d’animation à la Tim Burton et qui fonctionne beaucoup mieux que les précédentes. Mention spéciale ici à la ligne vocale de fin qui m’a décroché mon premier — et seul — frisson de l’album.

S’ensuit une nouvelle rupture avec Duende qui nous propulse en Espagne avec une introduction à la guitare et une ligne vocale époustouflante, suivie toutefois d’un développement peu inspiré avec des airs hispanisants trop cliché pour ne pas en finir par sonner ridicules. Enfin, Nunno passe plutôt inaperçu et souffre, comme la première chanson, d’une impression d’être trop brouillon. L’album se conclu sur Twilight of the Gods, une chanson plus progressive qui comporte son lot de bons moments mais qui, globalement, n’a pas su lever mon ennui, même si elle bénéficie d’un joli clip.  

Vous l’aurez compris, j’ai eu à cœur de parler de chaque chanson de cette album pour communiquer le désarroi dans lequel il m’a laissée. Est-ce un bon album à côté duquel je suis passée ? Est-ce une tentative peu inspirée de surprendre le public ? En résumé, je salue les performances vocales et orchestrales qui donnent son ampleur à Therion mais je déplore des riffs de guitare et des rythmes de batterie trop souvent plan-plan à mon goût. En terme de composition, si les arrangements méritent le respect, il y a trop peu de mélodies qui me parlent et me transportent. Je ne mettrais donc pas Leviathan III sur un podium mais il a au moins le mérite d’être assez varié et inattendu, ce qui laisse à chacun de quoi se faire son propre avis.