Myrkur
Spine
Genre black metal / folk scandinave
Pays Danemark
Label Relapse
Date de sortie 20/10/2023

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Après le fameux album Folkesange, où Myrkur nous plongeait dans un univers folk excessivement prenant, une trame sonore théâtrale intitulée Ragnarok (disponible sur les plateformes de streaming), et une collaboration sur la récente parution du groupe Epica, The Alchemy Project, Amalie nous propose un nouvel album intitulé Spine.

Le tout débute avec la pièce Bålfærd, une intro envoûtante qui nous ouvre les portes doucement.

Ensuite tout s’enchaîne avec Like Humans. Une pièce somme toute très accessible et efficace pour mettre les choses en place. Le refrain frôle le pop/rock, mais on instaure des guitares plus sombres entre deux couplets, alternant entre la beauté et le rude. Une certaine évolution se fait sentir lorsque l’on injecte des éléments plus metal (lire black metal) mais on se garde une certaine gêne et on termine le tout dans la beauté dont Amalie sait faire preuve et que ses fans reconnaîtront.

On poursuit avec Mothlike. Un titre plus élaboré, aux accents electro avec du synthé un peu spatial. Le rythme est soutenu et les vocaux deviennent momentanément crus tandis que le tout frôle légèrement un style quasi industriel où les guitares s’en donnent à cœur joie en rappelant par moments des solos de type heavy metal des années quatre-vingt. On explore, on revient à la base, toutefois, pour éviter l’égarement. C’est bien fait et sans témérité. Cela coule bien.

Dans My Blood Is Gold, je vois une influence Tori Amos. Le piano et l’émotion chantée. Des arrangements symphoniques légers chargent l’environnement de façon agréable et les chœurs sont superbes. Cette pièce aurait pu être composée par Ulver. Je sais qu’Amalie a travaillé auparavant avec Garm (Kristoffer Rygg). Y aurait-il un lien ? Qui sait ? Un très bon titre.

Nous en sommes à la pièce titre, Spine. Les guitares y sont plus utilisées et plus expressives. On aime charger d’une énergie brute pour ensuite s’adoucir, laisser la poussière retomber et y aller d’accents de piano et d’effets d’ambiance. Ici aussi, on effectue un assemblage calculé de transitions afin de progresser vers un final plus culminant, mais modéré et tout en poésie.

Dans Valkyriernes sang, on se gâte avec le retour des blast beats. Il s’agit de la chanson la plus viking, ou scandinave, de tout l’album. C’est excellent, c’est comme si on prenait Alcest et qu’on l’équipait d’un orchestre symphonique. Par moments, je verrais bien Lindy-Fay Hella (chanteuse au sein de la formation Wardruna) chanter avec Amalie. La guitare est crue dans le mix et sonne de l’avant, ce qui est bien pour une bonne démarcation. J’ai beaucoup aimé. D’ailleurs, cette pièce est leur tout dernier clip vidéo.

Blazing Sky pourrait bien être la pièce la plus facile à laquelle accrocher rapidement, voire instantanément. Cette chanson sonne vraiment comme les seventies, et c’est bien !

Dans Devil in the Detail, on revient à une formule plus orchestrale. Rappelant un peu Loreena McKennit (auteure-compositrice-interprète, chanteuse, harpiste, accordéoniste et pianiste canadienne) ou Enya. Mais avec un ensemble rock. Les interludes sont très vaporeux et éthérés. La voix d’Amalie est très enveloppée par le violoncelle et les quelques effets modernes electro. On touche un côté baroque en restant moderne. Les percussions sont par moments accentuées. Oh, quelle surprise, on nous finalise le tout avec une panoplie de gifles pour en finir avec un feedback en fade out. On explore à nouveau de nouvelles avenues, mais on revient un peu nous brasser pour qu’on n’oublie pas cette possibilité.

Menneskebarn est une belle berceuse (ballade ?) aux accents acoustiques et flanquée de vocaux éthérés. Une belle façon de clore cet album aventureux où on ne se gêne pas pour exploiter des inspirations différentes, mais qui collent bien au style de Myrkur. De plus, quoi de plus tentant qu’une berceuse lorsque la principale intéressée est maintenant maman depuis peu ?

Avec cette nouvelle offrande, toutefois, les fans de riffs et de guitares, voire des vocaux plus hargneux d’Amalie, resteront sur leur faim. Mais si on compare à Folkesange, il y a tout de même une plus grande volonté d’inclure ces éléments. Mais il faut se le dire, Myrkur est tout sauf ennuyeux avec sa musique poétique, inspirée, tantôt douce, tantôt plus rageuse. Ici, on optera pour la beauté et les arrangements musicaux, les manipulations en studio, afin de bien soulever l’auditeur. Merci au producteur Randall Dunn qui, au studio Sundlaugin du groupe Sigur Rós, en Islande, a forcément aidé à façonner ces paysages sonores adéquats.