Dimmu Borgir
Puritanical Euphoric Misanthropia
Genre black metal symphonique
Pays Norvège
Label Nuclear Blast
Date de sortie 28/10/2022

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En 2001 sortait Puritanical Euphoric Misanthropia, album charnière dans la carrière du groupe ultra connu de black symphonique Dimmu Borgir. Cette sortie a marqué un tournant majeur dans l’évolution musicale de cette formation, qui officie depuis 1993. Emmené à l’époque par ses membres fondateurs Shagrath et Silenoz, le groupe est précurseur dans l’utilisation du synthé, contribuant à l’avènement du black symphonique dès 1994, avec Inn i evighetens morke. Ce premier EP marque le début d’une carrière qui part dans l’international avec l’apparition de paroles en anglais et une production qui gagne en qualité et en puissance, en profondeur aussi, allant de pair avec des compositions qui s’intensifient encore en brutalité, en rapidité, en complexité technique et harmonique, tous instruments confondus. Ceci pour aboutir à la sortie en 2001 de Puritanical, qui surprendra très agréablement les fans. Avec cet album, ce n’est plus une marche qui est gravie d’un coup mais une montagne.

Le succès des sorties précédentes a en effet permis à Dimmu Borgir d’engager, pour la première fois, un orchestre philharmonique (celui de l’opéra de Göteborg), lui donnant, pleine et entière, sa carrure de black metal symphonique. Puritanical est bâti sur l’expérience des précédents opus, apogée d’une maturité de composition incroyable, tant dans l’harmonisation que dans la technicité d’exécution. Du encore jamais vu dans sa discographie, sur un line-up parfaitement équilibré ou chacun apporte sa part indispensable. La batterie est un rouleau compresseur, Galder apporte un côté lead à la guitare non encore égalé qui complète à la perfection le synthé, jusqu’ici seul instrument réellement lead. Divisé en deux parties, la première plus atmosphérique, la seconde beaucoup plus brutale avec comme transition Puritania, l’album mérite en effet un focus particulier tant il est abouti et d’une richesse qui ferait pâlir celle de Picsou. Les couches instrumentales sont telles que chaque écoute livrera un détail supplémentaire non décelé précédemment.

Pour avoir limé cette galette un nombre incalculable de fois depuis sa sortie, ces propos sont sans aucun doute toujours valables aujourd’hui, amenant ainsi à commenter la présente réédition. Cela étant, en tant que fan inconditionnel de cet album, j’avoue avoir bien eu du mal à voir comment il pouvait être amélioré, percevant ici la démarche comme purement commerciale. L’écoute allait-elle me donner tort ou raison ?

Après redécouverte, je peux à présent affirmer que mes précédents propos sont aujourd’hui plus vrais que jamais. Certaines harmonies des couches inférieures remontent à la surface, et ce dès l’ouverture. Fear and Wonder livre à l’auditoire toute la beauté, la saveur et la puissance d’interprétation d’un orchestre, faisant entrer dès les premières notes l’auditeur dans le sombre monde de Dimmu Borgir, avec plus de clarté et d’harmonies graves que sur l’original. D’un point de vue général, le son bénéficie de plus de clarté ; il est plus gros aussi, vraiment plus gros ! Il faut dire que Blessing Upon the Throne of Tyranny est plutôt massif, mais ici, c’est un peu comme passer de la version VHS d’un film à la version DVD ou du CD au vinyle.

Les couches harmoniques et guitaristiques — très nombreuses, je vous l’assure — de Kings of the Carnival of Creation vous explosent littéralement à la figure de manière plus évidente. De même, l’album comporte quelques surprises. Entre autres, les arrangements ressortent beaucoup mieux, au point que l’on croirait à de nouveaux, notamment sur Hybrid Stigmata, avec des parties de guitares qui ressortent de manière plus évidente, notamment peu après la première minute. Les titres suivants bénéficient du même traitement ; en résultat, les orchestrations du pont de Architecture of a Genocidal Nature en ressortent grandies, tout comme le son des breaks de batterie, plus massifs. Puritania, titre transitoire de l’album, est une révolution dans le style de Dimmu Borgir. C’est peut-être d’ailleurs ce titre qui bénéficie le plus du remix. Ici, les effets de voix de Shagrath en chant parlé, de même que les samples, sont davantage mis en avant. Les très nombreuses subtilités harmoniques cachées derrière ce titre résolument très rythmique, mais malheureusement un peu perdues dans la prod originale, sont ici totalement révélées. Très impressionnant.

La seconde partie de l’album commence avec Indoctrination. Nous saluerons la précision d’exécution de chaque musicien dans ce morceau à la fois violent et orchestral, où là encore tout ressort parfaitement clair. Sur l’original, l’oreille était plus focalisée sur les guitares et la batterie. Ici, l’équilibre est subtil, les orchestrations ressortant mieux, redonnant à ce morceau brutal son côté orchestral, plus particulièrement sur le violon du final. Sur The Maelstrom Mephisto, le verdict sera le même. Les parties de basse du pont, peu avant l’intervention du chant clair, quasi inaudibles sur l’original, ressortent subtilement sur cette version. Il en est de même pour la redécouverte de Sympozium, qui offre des plages aux ambiances profondes, qui sont davantage révélées. Le final Perfection or Vanity est une version live qui ne manque pas de fraîcheur.

Comment résumer le verdict en quelques mots ? Puritanical Euphoric Misanthropia version 2022 révèle tous les trésors cachés de l’original. Un travail de remix admirable d’orfèvrerie que les fans de l’album apprécieront à coup sûr. Une chose est sûre, la version de 2001 paraît plus fade à côté de cette nouvelle version.

Petit bonus non négligeable et qui encourage à acquérir cette pépite : le coffret inclut quelques jolis objets, telle une pré-production de l’album original, des enregistrements instrumentaux, un remix de Devil’s Path, une édition digipack et digitale… Que du bon !