Grales
Remember the Earth but Never Come Back
Genre doom/sludge
Pays Canada (Québec)
Label From the Urn
Date de sortie 06/10/2022

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Les doom-sludgers de Montréal sont de retour ! Après une démo fort convaincante parue en 2019, on nous propose un album bien constitué avec des pièces d’une durée plutôt longue pour le genre.

Plus de quarante minutes échelonnées sur cinq titres. Ici on joue dans le spectre sale et crasseux du sludge, plus du type Eyehategod que Crowbar. Les vocaux sont aiguisés au couteau et acérés, les riffs puissants et sans merci. On crée un mur de son, une ambiance malsaine où plusieurs sonorités qui s’entremêlent déroutent l’auditeur. Comme dans toute pièce d’une bonne durée, nous avons comme il se doit des passages instrumentaux lourds et captivants. Rien n’est facile avec Grales et nous ne sommes pas là pour perdre notre temps. Dès les premières notes, nous sommes agrippés d’une poigne déconcertante qui ne nous libérera qu’aux dernières notes de l’album.

Grales, c’est mauvais (dans le bon sens du terme), c’est éclaté, d’un désespoir chancelant et malgré tout invitant et charismatique. Avec la pièce Agony, on favorise un son très noise pour ensuite cheminer dans le stoner rock lent et cahoteux. On vacillera entre un tempo parfois plus rapide et un rythme plus lent et souffrant. Aussi, on en profitera pour insérer des échantillonnages rappelant Electric Wizard ou toute autre formation dans le rock/metal occulte.

Avec Wretched and Low, on priorise le riff et la structure standard sludge : des riffs, encore du riff et un vocal imposant le respect en toute cruauté.

Dans All Things Are Temporary, on propose une vision nihiliste et pessimiste de la vie, quoiqu’infinie, et d’un recommencement perpétuel.

Les paroles sont bien claires à ce sujet :

In this eternal soil
the endless rhizomes coil
The churning roots expand then
Rot away then grow again

La dernière offrande, Sic Transit Mundus, est totalement inattendue et vraiment impressionnante. On explore plus au niveau de l’atmosphère, c’est plus éthéré, sans délaisser l’énergie propre à Grales. Les passages quasi spatiaux et dignes d’un wormhole spatio-temporel, me rappellent le groupe Esoteric qui œuvre dans le doom très axé sur l’ambiance sans gravité, proposant une certaine errance et une ouverture vers le vaste monde.

Grales nous propose ici un album très bien fait, qui ne tombe pas dans le piège typique du sludge, qui est de tourner en rond, et nous invite à explorer son monde assez complexe et dilaté de l’humain. Une force brute exécutée de façon intelligente et affligeante par le fait même.

Les fans d’Eyehagod qui aiment un sludge légèrement plus cérébral se régaleront de cet opus.

https://www.youtube.com/watch?v=OzTyJg3U0uc