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Le post-black metal, qui a pris forme au début des années 2000 et explosé en popularité depuis l’avènement de l’album Sunbather de Deafheaven, a eu le temps de bien évoluer et de prendre différentes formes. Ellende, un projet solo de Lukas Gosch, est l’un de ces groupes qui ont su mener le style post-black vers une avenue plutôt mélodique et à la limite du DSBM. En effet, Ellende en est déjà à son quatrième album, Ellenbogengesellschaft, entièrement enregistré, produit, illustré et interprété par Lukas lui-même, sauf pour ce qui est de la batterie, tenue par le drummer de Karg et Harakiri for the Sky, Paul Färber. Cette méthode de travail en est ainsi depuis la sortie du deuxième album, Todbringer, en 2016, qui avait été très bien reçu par les amateurs de black metal atmosphérique à saveur mélancolique. Ainsi, comment se compare le nouvel opus d’Ellende face à un album aussi prisé que Todbringer ?
Todbringer avait été particulièrement bien reçu en 2016 pour sa capacité à réutiliser une même mélodie de diverses façons tout au long de l’album sans abuser de la répétition. Quoiqu’il n’en soit pas tout à fait le cas pour Ellenbogengesellschaft, il n’en reste pas moins qu’Ellende joue dans les mêmes gammes, misant encore une fois sur la mélancolie et la tristesse. À la grande différence de ses derniers albums, Lukas a décidé d’inclure des chœurs dans chacune des compositions, donnant ainsi une approche beaucoup plus dramatique. Au contraire de plusieurs compositions modernes, les chœurs ne viennent pas décupler la grandiosité des compositions, mais plutôt y apporter une dimension funèbre et plutôt spirituelle. La deuxième chanson de l’album, Unsterblich, en est un bon exemple où la chorale s’apparente plutôt à des chants grégoriens qu’à une pièce de musique metal.
Au-delà de l’expérimentation symphonique, Ellende a su conserver l’atmosphère présente dans les derniers albums et les mélodies tout autant dépressives. Par contre, dans cet album-ci, Lukas a décidé de rester plutôt conservateur au niveau de son vocal et n’exprime donc pas autant la panique et le désespoir qu’il l’avait fait sur Todbringer de par l’usage de cris stridents typique du DSBM. En effet, plutôt que d’expérimenter avec son vocal, Lukas a plutôt invité V. Wahntraum d’Harakiri for the Sky et Karg pour le titre Ruhelos, qui tire bien profit des deux styles de vocaux utilisés, V. Wahntraum étant plutôt associé au hardcore alors que Lukas est plutôt du style black metal.
En tout et pour tout, Ellenbogengesellschaft s’insère bien dans la discographie d’Ellende et sait démontrer un bon niveau d’expérimentation tout en demeurant cohérent et reconnaissable. Il s’agit d’un bon pas en avant par rapport à son dernier album Lebensnehmer, mais il ne se retrouve pas au même niveau que Todbringer. C’est une forte recommandation pour tout amateur de black metal moderne.