U.D.O., Existance
Kavka Zappa à Anvers, Belgique
Date 18 septembre 2022
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
https://kavka.be/lokaal/kavka-zappa

Les aléas du quotidien nous feront louper le concert des Français d’Existance qui assurent la première partie d’U.D.O. sur cette tournée, et c’est bien dommage, car comme l’écrivait notre collègue Edouard Dubuisson dans sa chronique du dernier album en date des Nordistes, « Wolf Attack est une excellente sortie pour tout fan de heavy qui se respecte. ». Affirmation largement corroborée par les dires de la plupart des membres de l’assistance, lorsqu’il s’est agi de commenter le style et la prestation d’Existance.

Place au maître d’œuvre, Udo Dirkschneider, et à son groupe de solides musiciens qui, malgré leur relativement jeune âge et leur background culturel forcément différent de celui du patron, ont tout compris et rendent parfaitement justice au répertoire d’U.D.O. pour le faire sonner comme il se doit, c’est-à-dire heavy !

Comme souvent sur ses tournées, U.D.O. privilégie les titres de son dernier album en date dans sa setlist. Ainsi, le gang attaque avec Prophecy, extrait de Game Over, album sorti en 2021. Le son est immédiatement clair, ample et puissant et le demeurera durant tout le concert. Même pas besoin de deux ou trois titres pour ajuster les derniers réglages, comme c’est malheureusement trop souvent le cas, quel que soit le groupe qui se produit. Faut-il féliciter l’ingé-son ou se réjouir de la qualité de l’acoustique intrinsèque du lieu ? Qu’importe, nous voici embarqués de la plus belle des façons dans cet univers heavy metal typiquement germanique qu’Udo Dirkschneider a plus que largement contribué à définir avec ses ex-camarades d’Accept.

Le groupe enchaîne avec Holy Invaders, également issu du petit dernier, puis nous balance un fameux Go Back to Hell, extrait d’Animal House, le tout premier album d’U.D.O. sorti en 1987, qui aurait dû sortir… en tant qu’album d’Accept si la guerre entre Udo et ses compagnons de jeu n’en avait décidé autrement. Go Back to Hell est assurément un des trois meilleurs titres dudit album, avec son riff et son refrain ultra efficaces.

Les classiques s’enchaînent, comme 24/7 et Independence Day, puis arrive Rose in the Desert, une ballade assez insignifiante. Toutefois, nous sommes environ à mi-parcours et une petite respiration stratégiquement placée à ce moment permet de marquer une pause pour repartir de plus belle — qui a dit « pour aller pisser et reprendre une bière » ?.

Kids and Guns relance en effet le show. Heavy metal dans le son, mais hard rock dans le fond, ce titre est aussi l’un des tout bons extraits de Game Over, qui en contient pourtant seize ! Udo ne voulait plus interpréter de titres d’Accept, arguant du fait que, sa carrière solo étant tellement riche et les concerts ne pouvant pas durer trois heures, le fait de jouer du Accept le forçait à renoncer à un certain nombre de ses propres titres. Par ailleurs, depuis quelques années, il a tout le loisir de réinterpréter le répertoire d’Accept avec son autre formation, sous son propre patronyme, Dirkschneider. Pourtant, cela est-il dû à la présence de l’autre ex-Accept — depuis peu — Peter Baltes dans le line-up, qui assure l’intérim en tant que bassiste, le titulaire Tilen Hudrap étant souffrant, nous avons l’immense bonheur d’entendre jouer ce classique ultime du heavy metal qu’est Princess of the Dawn. Vous savez, ce genre de titre qui vous colle la chair de poule à chaque écoute, même si vous le connaissez par cœur…

Parlons encore brièvement de The Bogeyman. Quel riff ! Quelle efficacité ! Impossible de ne pas headbanguer là-dessus ! Et ça continue de plus belle avec Like a Beast.

Il est déjà l’heure des rappels, et quatre titres sont encore interprétés, parmi lesquels Animal House, autre incontournable de l’album du même nom dont il a été question plus haut. Il ne manque plus que They Want War pour compléter la triplette miraculeuse, mais on ne peut pas tout avoir. Un final en beauté avec le « plus classique que ça, tu meurs » Balls to the Wall, et force est de constater que le temps a passé très vite. 1 h 45 de show ? Oui, déjà !

Le constat est souvent le même au sujet des concerts de tous les vétérans encore verts, et ceux d’Udo n’échappent pas à la règle : impossible d’être déçu. Vu son statut iconique, le bonhomme peut apparemment piocher aisément dans un vaste vivier de jeunes musiciens doués, et qui peuvent s’accommoder de son répertoire, lorsqu’il s’agit de renouveler son line-up. L’équipe actuelle est impeccable et le seul regret qu’il soit possible de formuler concerne l’affluence à ce concert, bien trop faible. Pas sûr, en effet, que la barre des deux cents spectateurs ait été atteinte. U.D.O. jouit toujours d’une popularité très confortable en Allemagne et dans les pays de l’Est notamment, et fait toujours partie des valeurs sûres au Wacken Open Air, auquel il est quasiment abonné. Mais en Belgique, et même si nous sommes dimanche et que Battle Beast jouait aussi ce soir dans la même région, c’est une habitude, ses concerts ne font pas vraiment le plein. Dans ces conditions, heureux spectateurs que nous sommes, nous avons de la chance qu’il se déplace encore en nos contrées. Encore plus aujourd’hui que jamais, les absents ont eu tort !