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Quatre ans après Catharsis qui a déçu bon nombre de fans (moi comprise), Machine Head revient avec Of Kingdom and Crown. On ne va pas se le cacher, avec le changement de line up qui a vu le départ du guitariste Phil Demmel et du batteur Dave McClain, on avait un peu peur que Machine Head plonge dans les abysses de la médiocrité. Que nenni ! Robb Flynn et consorts ont plutôt joué la carte du retour aux sources. Et grand bien leur en a pris ! Avec Wacław Kiełtyka à la guitare et Matt Alston à la batterie, le groupe a enregistré une belle opération.
Terminées les expériences sonores, Machine Head reprend les anciennes recettes qui ont vu leurs talents exploser dans The Blackenning : Robb alterne avec perfection chant clair et hurlement, les solos de Wacław Kiełtyka sont complètement dingues et la section rythmique revient aux racines du thrash comme on l’aime. Le quartette retourne aux fondements de sa musique et on peut tous pousser un ouf de soulagement.
Mais revenons à l’histoire de Øf Kingdøm and Crøwn. Librement inspiré de l’animé Attack of Titans, ce nouvel opus concept raconte une histoire, celle d’Ares décidé à se venger des assassins de sa dulcinée et d’Eros, meurtrier bien malgré lui, qui suite à la mort de sa mère, se radicalise. Animé d’une violence incontrôlable, Ares traque Eros. Dans leurs odyssées sanglantes, les deux protagonistes sont persuadés que leurs actes sont justifiés. Le traumatisme psychologique est fort, la tension est palpable, les dérives mentales inquiétantes. Dans cette dystopie (NDLR : société imaginaire organisée de telle façon qu’il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contrainte de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre-arbitre), la terre voit rouge. Le son de Machine Head transpire de ce déferlement de fureur et de violence. À la fois dur et puissant, Øf Kingdøm and Crøwn trouve le parfait équilibre entre la brutalité des hommes et la mélancolie des souvenirs heureux.
Malgré tout, c’est une sensation de désespoir qui ressort d’emblée de la première écoute de l’album. Le premier, Slaughter the Martyr, est assez représentatif de tout ce que contient Øf Kingdøm and Crøwn : de nombreux changements de rythme menés par des musiciens déchaînés. 10’30 d’un son qui rassurera les fans de la première heure.
Avec ce dixième album, Machine Head balaie la déception Catharsis pour revenir presque au niveau de The Blackening. « No Gods, No Masters » comme le chante si bien Robb Flynn, mais avec une envie forte de revenir à l’essentiel.
Øf Kingdøm and Crøwn est une bonne surprise qui titille notre curiosité quant à la suite.