Salut Alain, et merci de répondre à nos questions ! Pour commencer, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Moi c’est Alain, j’ai 39 ans et j’organise le Forest Fest et un certain nombre d’autres petits événements depuis un certain nombre d’années.

Pour ceux qui ne connaissent pas le Forest Fest, pourrais-tu nous raconter l’histoire de l’événement, comment t’est venue l’idée et comment il a évolué jusqu’à devenir ce qu’il est aujourd’hui ?

Alors, au départ, c’est parti de l’idée de la fête de la musique qui se déroule en juin en France chaque année ; au départ c’était un peu à cette période-là. On bossait avec une autre asso avant, sur un tout petit événement local, metal au sens un peu plus large, puis quand j’ai monté La Horde Séquane, on a décidé de reprendre le truc pour faire du black metal. On trouvait l’idée assez bonne… Les deux premières éditions ont eu lieu en France, pas très loin d’ici, ensuite on a déménagé pour la troisième édition. Puis d’année en année, il y a toujours eu un peu plus de monde, du bouche-à-oreille, des gens qui apprécient le lieu et la programmation… ça a grandi d’année en année.

À propos de La Horde Séquane, pourrais-tu nous en parler ?

La Horde Séquane a été créée en 2008 ; on est un petit noyau dur de six ou sept personnes, et quand on fait le Forest Fest il y a une trentaine de bénévoles qui nous donnent un coup de main en plus. Au départ, c’étaient des petits événements, on était plutôt dans les bars et les petites salles, et d’autres choses comme ça, puis d’année en année, on a grandi, un peu comme le Forest Fest.

Revenons-en justement au Forest Fest : quel est ton ressenti vis-à-vis de l’édition de cette année ?

C’est génial ! Déjà, c’est génial de pouvoir revenir au mois de juillet, sous la forme habituelle… puis le public est au rendez-vous : on n’est pas complet, mais pas très loin non plus, donc c’est très satisfaisant.

Si je ne me trompe pas, l’édition précédente s’est passée en septembre. Pourquoi cette différence dans les dates ?

Alors, habituellement, tous les Forest Fests ont lieu en juillet. L’année passée, l’édition a exceptionnellement eu lieu en septembre, parce qu’à cause des restrictions covid, on n’a pas pu le faire en juillet. Au final, on a été satisfaits de cette obligation, parce qu’il est tombé des cordes en juillet… on a un peu remercié le covid, en quelque sorte ! (rires)

À part ça, le covid a-t-il aussi eu un impact sur les autres événements qu’organise l’association ?

Il n’a pas eu tellement d’impact, parce que si on n’organise pas d’événement, y a pas d’argent qui sort ni d’argent qui rentre, donc c’est le point zéro… L’impact, c’est qu’il n’y a pas eu de Séquane Fest en 2021. On en fait un en 2022, mais tardif, cet automne, puisque ce n’était pas possible en mars… puis pas de Forest Fest en 2020, un Forest Fest tardif en 2021… On a fait tout ce qu’on pouvait avec le peu qu’on avait.

Comment l’affiche du Forest Fest de cette année s’est-elle construite ?

Cette année, c’est un peu spécial parce que c’est les dix ans, donc on a voulu choisir certains groupes qui nous ont beaucoup marqués sur les précédentes éditions du Forest Fest et, à côté de ça, quelques exclusivités, comme Urgehal, par exemple, qui célèbre cette année les dix ans de la disparition de Trondr Nefas, son chanteur et guitariste. C’était une occasion à ne pas rater… ça s’est construit un peu comme ça. Ce sont nos souhaits de programmation, principalement.

Même question pour les stands de merchandising ?

À la base, c’est des amis, puis au fur et à mesure, il y a aussi d’autres labels qui prennent contact avec nous […] pour savoir s’ils ont la possibilité de poser leur stand dans le fest.

Tu parlais des groupes qui ont laissé un souvenir marquant dans l’histoire du fest, mais lequel a été le plus marquant de tous ?

Y en a tellement que c’est difficile de répondre… non, je peux pas répondre, c’est impossible ! (rires) Par exemple, on a toutes les têtes d’affiche qui viennent de Norvège : ça, c’est quelque chose de toujours assez marquant. Les Aura Noir, les Taake… et cette année, Urgehal, ça va être monstrueux, c’est sûr ! Blood Fire Death aussi, qui fait toujours son petit effet ; Heretic, ça fonctionne toujours bien… C’est quelques exemples parmi d’autres, mais tous sont plus ou moins marquants.

En effet, on a vu ce que donnait Heretic sur scène…

Oui, c’était assez festif hier soir !

Il y a quand même eu quelques débordements parce que des musiciens ont cassé du matériel, mais est-ce que ce genre d’incident s’est déjà produit sur les précédentes éditions ?

Non, c’est toujours une ambiance bon enfant, il n’y a jamais de problème.

Ça, c’est cool ! Autrement, y a-t-il des groupes qui n’ont jamais joué au Forest Fest et que tu rêves de voir à l’affiche des prochaines éditions ?

Oui, il y en a un paquet, y a une bonne wishlist ! (rires) J’aimerais beaucoup avoir Kampfar, Marduk, Profanatica… quelques groupes comme ça.

Dans la même lancée, comment le festival pourrait-il évoluer dans les années à venir ?

Alors, les évolutions, ce serait plutôt d’améliorer ce qui est déjà existant, parce que le festival ne sera jamais plus grand. Là, on est arrivés à notre vitesse de croisière, si je puis dire, donc ce serait plutôt ça : une amélioration des choses qui sont déjà en place.

Par exemple, plus de stands de nourriture et de boissons ?

Ce qu’on a, je pense que c’est suffisant, mais ça pourrait être agencé autrement…

À propos de l’organisation, à part le Covid, quelles sont les difficultés qu’on rencontre quand on organise un fest dans un tel lieu, et peut-être en tant que Français ?

La difficulté pour organiser, c’est qu’ici, tout est vierge quand on arrive et on doit tout amener : toutes les structures, les tentes… Y a pas l’électricité, donc on doit amener une grosse génératrice pour alimenter tout le festival, la scène, les backstages… on fait tout de A à Z. C’est pas comme dans une salle où on arrive, on pose les valises et tout est déjà en place. Là, c’est vraiment une organisation à part…

Financièrement, comment vous en sortez-vous ?

On est toujours un peu à flux tendu parce qu’on pratique des prix un peu en dessous de ce qui se fait partout, étant donné qu’on n’a pas pour politique de gagner de l’argent. Notre politique, c’est se maintenir à flot, se faire plaisir, faire plaisir aux visiteurs, aux groupes, à tout le monde, que tout le monde soit satisfait… Financièrement, que les groupes soient payés et qu’on rentre dans nos frais, tout ça c’est important. Après, les bénéfices, ça ne l’a jamais été […] On a plaisir à voir les gens avec le sourire, venir ici passer un bon moment, ça nous transcende et c’est une satisfaction.

D’autant qu’on est dans un cadre où il est certes compliqué de tout installer, mais c’est vraiment idyllique. D’ailleurs, d’où vient l’idée d’installer le festival ici ?

Alors, c’est un pur hasard… Après les deux premières éditions en France, on n’a pas pu continuer là-bas parce que c’était trop gênant pour le voisinage au niveau du bruit. Ayant un collègue suisse dans l’association, on s’est dit « Pourquoi pas aller voir en Suisse s’il n’y a pas un endroit qui pourrait être bien pour faire cet événement ? ». On a pensé aux cabanes forestières ; on en trouve dans tous les villages ici en un jour… Quand on a découvert le site de Chevenez, ça a été comme une évidence. La topographie est vraiment agencée idéalement : le parking là-bas à l’entrée, le petit chemin qui mène vers la scène, derrière, le camping… on pourrait penser que ça a été étudié pour ! (rires)

Y a-t-il déjà des choses de prévues pour l’édition de l’année prochaine ?

Oui, mais rien de confirmé, de la part des artistes notamment, donc on va attendre de confirmer ça avant de lâcher des noms.

Quels sont les prochains événements organisés par l’association ?

Le prochain événement, c’est le Séquane Fest, qui aura lieu les 30 septembre et 1er octobre prochains. On aura Mercyless en tête d’affiche le vendredi et Whiskey Ritual le samedi, qui fera la release party française de son nouvel album qui sortira quelques jours avant, et aussi d’autres groupes qui viendront compléter l’affiche. À découvrir sur la page Facebook de La Horde Séquane, où il y aura des news, un événement, une billetterie… tout ça sera en ligne et à découvrir très bientôt.

Super ! On arrive à la fin ; aurais-tu quelque chose à ajouter pour conclure ?

Et bien, merci à tous les festivaliers de répondre présents, c’est ce qui nous permet de continuer à faire de l’événement, merci aux lecteurs de Metal Alliance Mag, et merci à toi !