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Les gars de Jonquière, au Québec, ont un parcours long et tortueux et empli autant de succès que de déboires. Nul ne peut ignorer cette formation, surtout pour tout bon metalhead qui se respecte.
Cet album a été composé en temps de pandémie, vous devinerez ainsi que sa conception s’est faite de façon non conventionnelle, mais moderne. À l’ère de l’informatique et de la science, on peut maintenant composer et créer tout en n’étant pas physiquement présent (à quand la création avec des entités extra-terrestres, Monsieur Away ?). Nous avons d’ailleurs eu le plaisir dernièrement de pouvoir visionner des prestations spéciales de la formation en streaming. Bref, on s’adapte au mieux de nos possibilités et on ne chôme pas.
Je suis devant une toute nouvelle œuvre de science-fiction, metal, imaginative et fascinante ! Le tout débute avec Paranormalium, que le commun des mortels avait eu le plaisir d’écouter en primeur avant la sortie de l’album. Ce titre parle de la confusion mentale, des médias, de la perception, du cerveau humain mitraillé d’infos, bonnes ou mauvaises, parmi lesquelles on peut facilement se perdre. La perte du sens de la réalité versus la fiction. Un titre d’actualité et puissant.
Le deuxième titre, Synchro Anarchy, emprunte des sonorités qui ne sont pas inconnues. 1989 et l’album Nothingface résonnent et vibrent ici. La structure y est progressive et le tout est hyper envoûtant et hypnotique. Les canons de Voïvod tirent à boulets rouges !
Ensuite le tout s’enchaine avec Planet Eaters, illustrée par une vidéo dévoilée dernièrement et qui fut vraiment bien accueillie par les fans et auditeurs metal. Il faut le dire, cette chanson est très rythmée, Denis « Snake » Belanger (chant) est fidèle à lui-même et surpasse les attentes, nous avons droit à des accompagnements vocaux intéressants, habituellement moins présents. L’atmosphère est inquiétante et digne de Voïvod. On y retrouve aussi de bonnes transitions, la basse est bien enregistrée et présente, au plaisir des fans du son popularisé par Jean-Yves Thériault (alias Blacky), et jouée de doigts de maître par Rocky, qui assure depuis 2014 le poste de bassiste. Daniel Mongrain, alias Chewy, se montre digne de chausser les souliers de Denis d’Amour, alias Piggy, une fois de plus et ses preuves ne sont pas du tout à faire : sa technique et sa maîtrise sont impeccables et irréprochables. Je suis conquis, c’est prog as f*ck!
Mind Clock nous offre une ambiance Outer Limits et/ou Angel Rat, c’est-à-dire sombre. Une entrée en matière posée pour laisser place au chant de Snake, fou et rapide, palpitant. Énigmatique, ce titre chevauche l’imaginaire et fascine les sens. Mais qui a dit que Voïvod était mort ?
On ne lâche pas le morceau ensuite en proposant Sleeves Off, hyper entrainante et accrocheuse. On nous défie de résister à cette course déchainée emplie de variations et de rythmiques discontinues, créatives.
Rien n’est ordinaire, tout en restant du bon Voïvod. Une coexistence entre accessibilité et complexité se dégage de son travail, c’est vraiment bien ficelé.
Holographic Thinking débute un peu vaporeux et progressif, jusqu’à un revirement plus énergique. Chewy (Mongrain) y est extrêmement expressif et dynamique. Le sens de la rythmique est excellent : le trio basse-batterie-guitare se coordonne et s’entremêle dans des myriades de tempos et s’active afin d’activer un vortex de pur plaisir sidéral. Faisant exploser dans nos inconscients mille visuels via l’auditif. BRAVO. À la quatrième minute, Daniel nous délivre un moment savoureux empli de feeling pour ensuite nous diriger vers la dernière minute où Denis nous martèle : Gone forever ! De quoi nous imprimer en tête ses paroles pour un bon moment après la fin de la piste.
The World Today a comme particularité de contenir la plus belle progression de l’album. Les fans de progressif vont jubiler. Une rythmique à la Nothingface (l’album, pas le groupe), une composition forte et intense, sans défaut. C’est parfait !
J’avance sans embûche dans ce parcours où trône la perfection. Et où je me demande : va-t-il y avoir un moment faible ? Eh non !
J’entame Quest for Nothing, un bon thrash avec tous les éléments requis, vitesse, bonne exécution, force. Des riffs bien contenus, des refrains aériens qui invitent à la participation. Voïvod franchit de nouveaux territoires en plaisant à ses fans déjà conquis.
Memory Failure marquera le dernier effort. Encore une fois, Voïvod frappe fort et dans le mille. C’est rapidement accrocheur et nous tient en haleine, avec une technicité majestueuse. Je sens que Daniel Mongrain incorpore de plus en plus de son génie dans l’écriture. Et les harmonies vocales sont aussi bienvenues qu’appréciables !
Synchro Anarchy sera un titre majeur dans la discographie de Voïvod. Les fans des premières années thrash devront se rabattre sur leurs vieux succès, mais ceux qui raffolent des années 90 et plus, seront au paradis. On innove tout de même et on ressent de la modernité dans le son, on explose de toutes parts de créativité et on expose l’univers de Michel Langevin avec brio. C’est un pur bonheur que cet album.
Le monstre Voïvod est vivant et perdure, tant que Denis, Michel, Rocky et Daniel auront cette flamme qui brûle jusqu’à Korgüll et Morgoth ! VOÏVOD !!!