C’est en mode « Covid » que le Centre Culturel d’Alleur, en région liégeoise, accueille le public, qui devra être assis. Toutefois, tout est mis en œuvre pour que cet accueil se déroule dans de bonnes conditions. Comprenez par là que plutôt que de disposer des chaises dans un alignement aussi strict que rébarbatif et tueur d’ambiance, les organisateurs ont préféré placer des tables en ordre plus ou moins dispersé, autour desquelles les groupes d’amis peuvent prendre place de façon conviviale. De prime abord, ce plan de salle donne l’impression de pénétrer dans une salle de restaurant plus qu’autre chose ; néanmoins, cette bizarrerie s’oublie très vite. Au point, finalement, de se prendre à penser qu’il est agréable de se trouver confortablement aux premières loges — parler de « premier rang », dans cette configuration, serait sot — sans être bousculé. Ou quand les métalleux s’embourgeoisent…
La défection de WildHeart, qui devait assurer la première partie, constitue une certaine déception. Cet excellent groupe belge néerlandophone, fort de deux albums sortis en 2016 et 2019, officie dans un registre hard rock/glam metal typique des années 80, et déborde d’énergie et de savoir-faire sur scène. Ce ne sera que partie remise.
SteeLover assurera donc seul le show. Qu’à cela ne tienne, pas besoin de chauffeur de salle, les cinq musiciens sont assez doués et enthousiastes pour mettre le public dans leur poche sans difficulté. La setlist s’articule évidemment autour des extraits de leur unique album de la « grande époque », Glove Me, sorti en 1984 et ayant alors connu un succès impressionnant. Le concert commence d’ailleurs avec les imparables Need the Heat et Hold Tight. S’ensuit Get Out, une nouveauté qui laisse présager du meilleur. La proportion entre les anciens titres et les plus récents ou les nouveaux est d’environ 50/50 et le côté catchy des compositions fait qu’il n’est nul besoin d’être un fin connaisseur du groupe pour apprécier ce show. Nikko Popoulos, nouvelle recrue à la batterie, se donne à fond et insuffle bel et bien ce petit plus d’énergie à une formation déjà plus que bien rodée.
Grâce à son interprétation solide d’une musique pertinente, SteeLover dévoile des sonorités contemporaines tout en demeurant, bien sûr et heureusement, fidèle à ses racines classiques. À la grande joie des spectateurs, dont l’un d’entre eux nous avouera qu’il croyait le groupe « un peu daté ». Quelle erreur ! Il est difficile de pointer l’un ou l’autre titre qui aurait récolté plus de suffrages que les autres, l’enthousiasme et les applaudissements de l’audience demeurant soutenus du début à la fin. Une fin qui prend la forme de deux rappels, dont une seconde interprétation de Hold Tight, pour un concert d’une bonne heure et quart qui semble avoir filé très vite !
Et quand c’est fini, c’est pas fini, puisque les musiciens viendront spontanément, après le concert, à la rencontre du public, s’invitant aux tables pour papoter et échanger sur des sujets tels la philosophie animant le groupe, le sort du domaine de la culture en période de pandémie, ou, plus légèrement, quelques anecdotes du passé. Le tout avec le sourire, de l’enthousiasme et de la bonne humeur ; à l’image de vieux potes qui vous reverraient après une longue séparation. Bon concert, bonne mentalité et « positive attitude », que demander de plus ? Un album et encore des dates !
SteeLover
Par Paul Collin