Phoebus the Knight + Jirfiya + Mundilfari
Paris, France
Date 2022.09.28
Chroniqueur Ségolène Cugnod
Photographe Ségolène Cugnod
https://www.facebook.com/LesCavesStSabin/

Pour son tout premier concert, le jeune groupe Phoebus the Knight s’est vu convié à fouler la scène des Caves Saint-Sabin, honneur s’il en est, aux côtés des locaux de Jirfiya et des Avignonnais de Mundilfari. Pour ma part, c’est grâce à ces derniers que je me suis rendue dans la capitale française pour ce live report. Se voir conviée par un groupe à couvrir leur concert est toujours un honneur également, encore plus lorsque ladite invitation donne l’occasion d’inaugurer son nouvel appareil photo dans un lieu aussi culte, à l’ambiance chaleureuse et haute en couleurs. Ainsi ce 28 septembre, par une belle soirée d’automne, les portes des Caves Saint-Sabin s’ouvrent aux trois groupes, au public parisien et à moi-même pour une soirée 100 % française mêlant Power Metal, Metal symphonique et Metal progressif.

En parlant de Metal progressif, c’est sur le ton de ce genre que débute la soirée avec la sommité locale qu’est Jirfiya. Sur fond de riffs Heavy Metal et Hard rock, les cinq Parisiens profitent de ces solides bases pour y incorporer des mélodies aux accents progressifs et traiter de sujets qui leur tiennent à cœur. En effet, chez Jirfiya, « on est très femmes, vie, liberté », explique la chanteuse Ingrid Denis, le regard malicieux derrière son cache-œil sophistiqué. Le moins que l’on puisse affirmer, c’est que le quintet investit l’espace pourtant limité de la scène des Caves pour faire ressentir cette rage de vivre qui l’anime et ses énergies féminines… comme masculines. Ceci, surtout au travers du duo de voix formé par les deux fondateurs, Ingrid et le guitariste Jérôme Thellier, mélodieuse et parfois un peu criarde pour elle, grave et saturée pour lui, et de la technicité des musiciens. Ayant à son actif un EP et un album sortis respectivement en 2019 et 2020, le groupe a pourtant de la nouveauté à présenter ce soir, en la personne de ses nouveaux bassiste et guitariste. Récemment mais déjà bien intégrés, ils le démontrent par une coordination technique impeccable avec les vétérans que sont Jérôme et le batteur Nicolas… et par de grands sourires ! Malgré le sérieux de son propos, Jirfiya n’oublie pas de décompresser entre deux morceaux à renfort de quelques plaisanteries et échanges avec un public qui apprécie l’attention. Jolie découverte, en tout cas, d’un groupe moderne et dynamique dont la démarche et l’humour apportent un vent de fraîcheur sur la scène des Caves — et la scène tout court.

Galerie Jirfiya

Par Ségolène Cugnod

Mundilfari prend ensuite la relève, dans la même lignée du Metal progressif à double énergie féminine et masculine. L’approche est toutefois différente, ici porteuse d’une élégance tirée d’influences plutôt symphoniques et apportée, d’une part bien sûr par la voix mélodieuse de la chanteuse Mélanie « Leina » Laurent, d’autre part par l’incorporation subtile d’un violoncelle manié d’une main de maîtresse par Gaëlle Ledee, l’autre figure féminine du groupe. « On vient tout droit d’Avignon, ça fait du trajet ! » déclare la chanteuse en riant à un public qui, de tout évidence, apprécie que le groupe ait fait le déplacement pour lui et qui n’a visiblement pas l’air de le regretter. J’en veux pour preuve la complicité évidente qui unit les musiciens ; d’un côté, Stéphane Loiso et Jean-Pierre « Jeep » Collin échangeant des grimaces sur leurs cordes, de l’autre, Mélanie et Gaëlle dialoguant des regards. Et que dire de la banane permanente de Julien « La Bûche » Istre ! Avec un seul album au compteur, The Last Soul Standing, le set de Mundilfari paraît inévitablement court et passer bien vite ; fort heureusement, la variété de l’ensemble fait plaisir à entendre et compense largement. À ce niveau, mention spéciale aux quelques passages saturés dans les lignes vocales de Mélanie et à son jeu de flûte traversière sur un dernier titre aux airs celtiques, qui fait taper dans les mains !

Galerie Mundilfari

Par Ségolène Cugnod

Après ces deux incursions dans l’univers du prog, vient le temps de faire place au Power Metal symphonique de Phoebus the Knight. Tête d’affiche dès le premier concert, voilà un défi de taille à relever, mais qui ne fait pas peur à Axel « Phoebus » de Montalembert et à ses fidèles compagnons, qui s’empressent de le démontrer en faisant leur entrée en scène en grande pompe, sur fond d’orchestrations et sous un éclairage rouge. À partir de ce moment, voilà les Caves Saint-Sabin parties pour un set épique et plein de fougue, porté par un ensemble de jeunes chevaliers habités par leur univers mêlant histoire française et heroïc fantasy… S’il fallait décrire Phoebus the Knight en peu de mots, les premiers me venant en tête seraient : Rhapsody of Fire dans l’influence, Gloryhammer dans l’esprit. Malgré l’implication et la maîtrise technique de chacun de ses membres, Phoebus the Knight ne se prend pas au sérieux une seconde et multiplie les gimmicks rigolos, entre la mâchoire béante de Guillaume « Robin of Locksley » Remih et le concours de surjeu que semblent se livrer Adrien « Hadrian » Guingal et Axel « Phoebus ».

L’histoire de Phoebus the Knight, bien que n’en étant qu’à ses prémisses, possède de multiples ficelles que musiciens comme chanteur mettent beaucoup d’entrain à révéler à leurs nouveaux fans, qui de leur côté les accueillent avec bienveillance. Une histoire que narre le frontman de sa voix de conteur, en chant saturé comme en chant classique, bien secondé en cela par Hadrian et son homonyme dit Oswald Croll, qui assurent autant au chant d’appui qu’à la guitare, et Noémie « Arkeuid » Allet, discrète à l’arrière de la scène mais qui révèle une très jolie voix, princesse parmi les chevaliers. Cet univers au manichéisme décomplexé s’accompagne d’un éclairage à cette image, autrement dit, en deux couleurs : rouge sur la première moitié du set, avant de passer au bleu après un changement de costume. Si cette monochromie donne de la force aux musiciens, elle est en revanche l’ennemie naturelle des photographes… à ce stade, autant dire que deux combats se mènent de front : l’un sur scène entre chevaliers et mécréants, l’autre devant entre objectif et stroboscopes rouges ! L’un comme l’autre se soldent cependant par une victoire, petite pour moi qui réussis à capturer quelques images, grande pour Phoebus the Knight dont l’énergie et l’enthousiasme communicatifs, ainsi que la promesse d’un premier album pour bientôt, lui ont permis de fédérer de nouveaux alliés. À ces deux victoires s’en ajoute une troisième, pour le chanceux gagnant du tirage au sort final !

Galerie Phoebus the Knight

Par Ségolène Cugnod

Hélas pour nous tous, voisinage oblige, le temps sonore des Caves Saint-Sabin touche bientôt à sa fin. Vient alors le temps d’un passage au merchandising et de quelques échanges et remerciements avec les membres de Mundilfari, de repartir avec un album dédicacé et le souvenir d’heureuses découvertes : celle d’une salle culte d’une part, de groupes qui promettent de le devenir de l’autre… À une prochaine !