Arapacis
Waterdog
Genre Rock progressif
Pays Canada
Label Blackhouse Records, Bullseye Records (édition digitale)
Date de sortie 08/02/2021

Site Internet

Arapacis roule sa bosse depuis plusieurs années, Jerry Fielden (guitares, programmation, mandoline) est actif depuis plus de trente-cinq ans, ce qui fait de lui un vétéran du rock. Épaulé par sa femme Michelle Macpherson, de son fils Gillan et de nul autre que David Stone ayant déjà collaboré avec… Rainbow, en 1978.

D’entrée de jeu, on débute avec The Champ, qui propose une trame narrative sous forme d’épopée. Les vocaux de Michelle Macpherson sont tantôt inquiétants, tantôt doux et enchanteurs. La guitare est bien maîtrisée et comme les vocaux, offre un rythme soutenu relativement simple et efficacement rock, tout en se laissant aller à de bons solos impressionnants, soutenus par des percussions dynamiques et par l’excellent travail des claviers, rappelant Deep Purple ou un côté vieil Alice Cooper. À mentionner, les vocaux du fils de Jerry et Michelle, Gillan (en l’honneur de Ian Gillan, chanteur de Deep Purple), qui s’ajoutent et qui donnent un aspect familial très sympathique au projet.

Return of the Light est une bonne composition rappelant par moments Aces High d’Iron Maiden, en parlant de l’Égypte et de l’Orient. Fait cocasse, Jerry est pilote certifié d’aviation, tout comme Bruce Dickinson ! La guitare est excellente et se partage l’attaque avec le synthé, lourd et rond.

Le ressenti est bien conforme au titre : on a l’impression d’une remontée de la lumière. Michelle me rappelle Candia Ridley de la formation Inkubbus Sukkubus, groupe gothique. Un style semi-passif, axé sur la langueur et l’envoûtement. La structure y est assez classique et fait bien le travail !

Pallor Rider est un titre étrange, les temps sont discordants, déconstruits, pas ma préférée de l’album.

Groovaquan, ce titre attise ma curiosité, un hybride de groove et… aquatique ? On se sent enveloppé dans un univers fantaisiste, le clavier donne des tons progressifs intéressants, les mélodies vous font vous sentir comme dans un univers flamboyant sous-aquatique. Hybride de beauté et d’inquiétude penché sur la noirceur. Michelle nous berce et Jerry, au contraire, nous brasse les sens. Une chanson très immersive !

Breach of the Humanoids sonne très doom, épique, onirique. Les vocaux sont captivants. J’adore vraiment l’apport du synthé au niveau des graves, rendant le tout plus sévère et dur. Cette compo fait un peu penser à Beneath the Waves d’Ayreon : approche science-fiction quelque peu sombre, déroutante, un peu chaotique, vision de l’humain du futur ? La rythmique est répétitive, mais atteint son but, aisément. Le final de type opéra classique est sublime !

The Mold, éthérique, explore l’imaginaire et le féérique. Le tout en mid-tempo accentué de solos et d’élaborations mélodieuses. Encore une fois, l’aspect théâtral est au rendez-vous avec un final classique, cela me fait drôlement penser au Fantôme de l’Opéra, côté aspect déroutant.

Ici, nous allons nous diriger vers quelque chose de très différent. Pour Back at the Gate, une ambiance saloon, blues, en ressort. On se rend ailleurs et c’est rafraîchissant. Toutefois, Michelle représenterait mieux ce titre en chantant en clean plutôt que de façon metal. Dans une autre perspective, son style plus criard confère une certaine folie au titre, voire de l’audace. Le jeu de David Stone est excellent. L’exploration musicale vers la quatrième minute est super et rend la composition moins typique et standard. La chute, cependant, est, selon moi, trop abrupte. J’aurais opté pour un final plus en souplesse.

Elliptial Voice sera la dernière offrande à nous mettre sous la dent. D’entrée de jeu, c’est gypsy avec des percussions acoustiques. S’enchaîne alors un bon riff entraînant. Le chant de Michelle se veut comme un avertissement, tout en étant narratif. Les vocaux de monsieur Filden ajoutent à la dimension obscure du titre. On goûte une fois de plus à la musicalité progressive palpitante de monsieur David Stone, qui apporte beaucoup.

Waterdog est un album inspiré, bien fait. Malgré quelques imperfections de production (son parfois un peu trop rond et moins précis) et des percussions non-humaines qui peuvent donner, parfois, pas toujours, un sentiment de synthétique moins naturel, l’univers d’Arapacis est intriguant, sombre, fantaisiste et tire bien son épingle du jeu, tout en noirceur et en beauté.