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Voici maintenant presque quinze ans qu’Amon Sethis fait résonner les échos de l’Égypte antique au cœur des montagnes rhônalpines. Le groupe de metal progressif grenoblois, proche d’Avantasia de par son concept, de Nile de par sa thématique et de Myrath de par sa sonorité, a gratifié ses fans d’une saga opératique en trois volets, dont le dernier est sorti pas plus tôt que l’année dernière. En hiver 2021, dans l’attente d’un potentiel nouveau chapitre, Amon Sethis leur offre un EP intitulé Treasures from the Sand. Présenté par le groupe comme un « CD bonus », il met à l’honneur la revisite de certains des plus beaux souvenirs de la saga égyptienne, sous diverses formes.
En effet, rien de nouveau sous l’œil du dieu Rê. Sur les neuf titres, seul le premier est un inédit, And then Comes the Rain / On the Way Back to Memphis, non paru sur le précédent album, Part 0 – Nitocris, the Queen with Golden Hair. Au travers de trois titres de ce même album, ici repris dans des versions orchestrales, Amon Sethis laisse s’exprimer un aspect purement cinématographique de sa musique — ainsi que les talents d’orchestration de son ancien claviériste Eliott Tordo. En l’absence de voix et de texte, l’histoire que racontent ces chansons passe par l’immersion créée. En écoutant Desert Storm, on se croirait plongé au milieu des dunes…
En plus de cet aspect cinématographique, Treasures from the Sand possède un aspect plus émotionnel, qui transparaît au travers d’une version alternative d’Eternal Love, autre titre repris de The Queen with Golden Hair. Cette version épurée met merveilleusement en avant les sonorités orientales et le piano, comme le faisait déjà And Then Comes the Rain, et laisse davantage d’espace au côté plaintif du morceau, porté par la voix androgyne et si reconnaissable de Julien Tournoud. Dans la même lignée, la version piano d’Amon Sethis, titre éponyme tiré du premier album, revisite la présentation du personnage au cœur de la saga en exploitant le nuancier de l’instrument à 88 touches et de l’appareil vocal du frontman.
Néanmoins, c’est sur les pistes live, tirées du passage d’Amon Sethis au Very Prog Festival à Toulouse en 2018, que le groupe brille dans son entièreté. La richesse de l’instrumentation transparaît au travers d’un mixage sonore d’excellente qualité, qui met en avant chaque pièce de ce trésor du désert avec limpidité. En ressort notamment une belle complémentarité entre la guitare d’Olivier Billoint et la basse alors assurée par Thierry Ventura. Après une escapade du côté du deuxième album The Final Struggle avec le morceau Aissem Tenemrâ, le titre homonyme du groupe, encore lui, gagne avec le live une dimension plus « punchy ». La voix de « P’tit Juice » se fait toujours très présente ; tantôt agressive, tantôt contenue ; teintée parfois de petites imperfections, toujours de beaucoup d’expressivité et de nuances. C’est sur une version live de My Sister, My Love, My Pharaoh, titre encore inédit à l’époque, que s’achève cet EP, de façon quelque peu abrupte, faut-il le reconnaître.
De par son contenu simple et sans fioriture, Treasures from the Sand ne revendique pas d’autre prétention que d’accompagner ses auditeurs dans un voyage onirique au cœur d’un passé pas encore si éloigné. Principalement destiné aux fans connaissant déjà bien l’univers d’Amon Sethis, ces derniers apprécieront certainement de découvrir une facette plus intimiste de cet univers, dans l’émotion d’une ballade ou aux côtés du groupe sur scène. Ainsi, s’il n’a rien de vraiment nouveau à présenter, ce « bonus » offre quelques pépites de nostalgie qui apportent une chaleur bienvenue au cœur de l’hiver. Des trésors enfouis dans le sable, en effet…