Lordi
Lordiversity
Genre hard rock/heavy metal/thrash metal/AOR/rock progressif/disco
Pays Finlande
Label AFM Records
Date de sortie 26/11/2021

Site Internet

Sept d’un coup ! Si, dans le conte des frères Grimm du même titre, cette phrase évoque les exploits guerriers (fictifs) d’un petit tailleur rusé, en ce dernier trimestre de l’année 2021, ce sont les exploits musicaux de Lordi qu’elle fait résonner à nos oreilles. En effet, deux ans après sa sortie, le groupe monstrueux et son label AFM Records donnent, non pas un, mais sept petits frères à Killection, sous forme d’une compilation intitulée Lordiversity. Dans la continuité du précédent album, Lordi revisite les styles musicaux emblématiques des 80’s et des 90’s en leur apportant une touche de monstruosité…

Le premier des sept albums, Skelectric Dinosaur, prend la suite directe de Killection en incluant par ailleurs dans sa setlist l’un des titres inédits de ce dernier, le pour le moins carnassier Carnivore. Après cette entrée en matière résolument hard-rock, l’album suivant, Superflytrap, crée une première fois la surprise de par sa sonorité très… dansante, c’est le moins que l’on puisse affirmer. Une intro hilarante parodiant les films érotiques de l’époque, un premier extrait, Believe Me, déjà culte, et des morceaux faisant la part belle à une indispensable voix féminine ; voici quelques-uns des ingrédients réunis pour rendre hommage comme il se doit aux Bee Gees et faire bouger les popotins écailleux des monstres. En piste !

Plus surprenant encore, le troisième album du lot, The Masterbeast from the Moon, dont la référence du titre est si évidente qu’il paraîtrait un affront de la citer… Moins évident, cependant, que d’imaginer Lordi adopter les codes du rock progressif pour nous emmener dans un voyage bizarroïde et horrifique dans l’espace à la manière de Rush. Les plus téméraires apprécieront de partir à la découverte des habitants de cette face cachée de la Lune avec des titres comme Moonbeast ou Robots Alive ! sur fond de transmission radio brouillée.

Par la suite, le groupe effectue un nouveau virage, cette fois-ci vers un retour aux sources, avec Abusement Park. Peut-être l’album le plus proche du Lordi que l’on connaît et aime, il nous invite à (re)découvrir les influences Twisted Sister, W.A.S.P, Scorpions et surtout Kiss, marquant depuis toujours la musique du quintet de monstres au travers de la visite d’un parc à thème horrifique, s’achevant sur un bon gros fou rire avec Merry Blah-Blah-Blah, chant de Noël grinçant. Sans nous laisser le temps de nous remettre, Lordi enchaîne sur Humanimals. Je revendique pour ma part un énorme coup de cœur pour ce vibrant hommage à Bon Jovi et Alice Cooper teinté d’une touche de Van Halen. De Borderline au dernier titre éponyme en passant par Like a Bee to the Honey, autre titre repris de Killection, aucun morceau ne tombe à plat, pour le plus grand bonheur des grands nostalgiques de l’époque bénie des synthétiseurs et des cheveux platine…

Pour la promotion de Lordiversity, le groupe a beaucoup misé sur Abracadaver, dont il a partagé deux extraits sur son Soundcloud il y a quelques semaines. Le titre éponyme ainsi que The Beast of Both Worlds se révèlent fort bien représentatifs de ce que l’album a à offrir à ses auditeurs, à savoir un bon cocktail bien épicé façon « Big 4″ et consorts du thrash metal des 90’s. Les mélodies « cheesy » laissent place aux riffs bourrins et Mr. Lordi s’égosille en hurlements suraigus ; un style qui en déroutera plus d’un à n’en pas douter. Enfin, le retour dans le temps s’achève sur Spooky Sextravaganza Spectacular. Radicalement différents des autres albums car moins organique, il revendique un style dit « machine-made ». Bien que moins marquant du fait d’arriver en dernier, il a au moins le mérite de mettre en avant un genre musical ayant également marqué la dernière décennie avant l’an 2000.

Au travers des 78 titres composant les sept albums regroupés dans Lordiversity, Lordi démontre une, ou plutôt sept fois de plus, son talent pour dépoussiérer des genres musicaux supposément dépassés, avec justesse mais non sans humour. La prise de risques a de quoi surprendre, en bien comme en mal ; impossible, cependant, de ne pas trouver son compte dans un album ou dans les autres. Ainsi, à défaut d’une belle frayeur pour Halloween, Lordiversity pourrait bien devenir un beau cadeau de Noël pour vos proches amateurs de frissons nostalgiques… et monstrueux.