La joie de retrouver les salles de concerts est aussi grande que la frustration d’en avoir été privés aussi longtemps. Alors pour une reprise, il fallait taper fort. Et Enderr a tapé… fort. Quand la musique frappe, elle ne fait pas mal, dixit Bob Marley. Au contraire, elle fait grave du bien.
Me voici donc devant le Brin de Zinc à Chambéry, où je retrouve les musiciens mêlés à la concentration de métalleux qui prennent le frais à l’extérieur en attendant la chaleur de la scène. Le public a répondu présent et tout ce petit monde profite des rayons de soleil de ce bel après-midi, bavardant gaiement, les uns armés d’un sandwich aux diots et les autres d’une bonne binouze en attendant le démarrage des hostilités.
L’aventure Enderr débute en décembre 2017 en Haute-Savoie. Riche de diverses inspirations, le groupe a déjà donné le jour à dix-sept compos.
Mes échanges avec ces sympathiques gaillards autour de leurs influences annoncent clairement la couleur ; Gojira, All Shall Perish ou Wihtechapel… Pas que des berceuses, en résumé. Tony (batterie) fait des allusions à Mike Portnoy ou George Kollias qui finissent de me mettre l’eau à la bouche. Vous l’aurez compris, leur style s’apparente à du death/thrash mélodique et technique.
C’est leur premier concert, d’où une légère nervosité compréhensible. L’occasion pour eux de tester leurs compos en condition live, présenter leur travail à la communauté metal, prendre leurs premières marques sur scène… ainsi que d’affronter les divers problèmes techniques qui pourraient éventuellement entraver leur prestation.
Une salle quasi pleine attend notre groupe. Un public accueillant que l’on sent prêt à se donner à fond après cette longue trêve passée chez soi à limer ses CD’s ou, pour les groupes, à répéter ou écrire. Sur ce point, le moins que l’on puisse dire, c’est que Enderr ne déçoit pas.
A peine les premières notes jouées, les zicos sont dans leur élément. Xavier (chant) a l’art de créer une belle interaction avec son public, qu’il entraine au cœur de sa musique, entre headbanging musclé et wall of death. Super complicité, le lien est créé ! Son growl, qui a bien évolué depuis les premières démos du groupe, se voit supporté par une base rythmique d’aplomb, charismatique et technique et jouissant d’une belle profondeur, menée par le tandem Aurélien (basse) et Tony. Les guitares de Tristan et de Stéphane alternent entre rythmiques pêchues et leads mélodieux d’une belle intensité, formant un bel ensemble. Cette musique à l’écriture ambitieuse et brutale contraste agréablement avec la bonne humeur visible des musiciens, heureux d’être là et le faisant savoir.
Les marques sont trouvées, la dynamique est bonne, le son est bon et bien équilibré. Quel régal pour les oreilles que de ne pas entendre à l’excès tel ou tel instrument ou des larsens interminables ! Le public est conquis et c’est avec regret que la prestation prend fin. N’ayant littéralement pas vu le temps passer, mon appareil photo me siffle à l’oreille que le show a duré quarante-cinq minutes. Belle performance, pour laquelle un petit rappel aurait été accueilli avec un plaisir sincère… Merci beaucoup pour cette claque musicale ainsi qu’à l’équipe du Brin de Zinc pour l’accueil !
Nous retrouverons Enderr d’ici peu pour une interview associée à une chronique, le quintet entrant prochainement en studio.