Doro, Grave Digger
Mitsubishi Electric Halle, Düsseldorf (DE)
Date 28 octobre 2023
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
https://www.doromusic.de

Si Doro a toujours bénéficié d’un capital sympathie évident et d’une cote de popularité satisfaisante de par le monde et surtout en Europe, elle est une véritable star en son Allemagne natale. Ce qui lui permet d’investir la Mitsubishi Electric Halle — l’ancienne célèbre Philipshalle — de Düsseldorf, sa ville d’origine, pour un show sold-out exceptionnel, réunissant 7500 fans, et de s’entourer de nombreux guests, venus tour à tour donner de la voix — ou de la six-cordes — sur des classiques de sa période solo ou de Warlock, son groupe des années 80, dont les nombreux titres emblématiques composent depuis toujours la moitié de ses set-lists.

Toutefois, commençons par nous pencher sur la première partie de luxe : honneur à d’autres légendes du metal germanique, Grave Digger, dont le premier album, Heavy Metal Breakdown, devrait, espérons-le, lui aussi donner lieu à du happening en 2024, puisqu’il marquera à son tour les quarante ans de carrière discographique du groupe. En attendant, nous constatons, ceci dès le début du set, que le quatuor bénéficie d’un son impeccable, rond, équilibré, clair et au volume optimal — ce qui est rare pour un groupe d’ouverture. Doro respecte ses premières parties et cela s’entend ! Le guitariste Axel Ritt, pourtant en poste depuis 2009, ne fait plus partie de l’aventure et est désormais remplacé par Tobias Kersting, membre d’Orden Ogan de 2008 à 2017. La première moitié du set met l’accent sur le répertoire le plus récent. Véritable festival de riffs bien carrés, cette première demi-heure démontre que si Grave Digger a pu sortir quelques albums peu marquants durant la dernière décennie, ceux-ci comportent néanmoins leur lot de titres efficaces. La seconde demi-heure verra s’enchaîner les classiques, dont The Round Table (Forever), Excalibur, The Dark of the Sun et, évidemment, Rebellion (The Clans Are Marching) et Heavy Metal Breakdown. Une heure de concert en tout, pour un public qui se montre réceptif, sans plus au début, puis qui s’échauffe progressivement.

Grave Digger

Aux environs de 20 h 35, les lumières s’éteignent, signe que les choses vraiment sérieuses vont commencer. Avant cela, en guise d’intro, des amis de Doro qui n’ont pu se joindre physiquement à la fête lui adressent leurs félicitations et autres congratulations méritées, diffusées sur les deux écrans géants qui bordent la scène. Parmi eux, citons Rob Halford (Judas Priest), Tommy Thayer (Kiss), Blind Guardian, Biff Byford (Saxon), Helloween, etc.

Comme d’habitude, I Rule the Ruins, de Warlock, lance le set, parfait pour remplir cet office avec son riff agressif qui galvanise immédiatement la foule et son refrain bien senti. Trois autres titres de l’ancien groupe de Doro arrivent à la suite, dont Burning the Witches, « par lequel tout a commencé« , déclare Doro, puisqu’il s’agit du morceau titre du premier album de Warlock, devenu depuis longtemps un classique du heavy metal. Children of the Dawn sera le premier extrait du nouvel album, Conqueress – Forever Strong and Proud, qui sortait la veille, à être joué. Révélateur de la très bonne qualité de ce dernier, il s’agit d’un titre heavy et mid-tempo, relevé par des chœurs masculins épiques. Pour l’occasion, des figurants grimés en guerriers se postent en fond de scène. De la Guerre du feu à une sorte de Terminator post-apocalyptique, il y en a pour tous les goûts. Visuellement, ça le fait, et tel est le but. Time for Justice, le premier single du nouvel opus à avoir été révélé, s’ensuit et confirme la bonne impression quant à la teneur de la galette. Touch of Evil, titre tonitruant et speed de Warlock, sera l’occasion de voir apparaître la première invitée de la soirée, Alissa White-Gluz (Arch Enemy) qui, comme les autres prestataires, chantera seule certains passages, en alternance avec Doro, et la rejoindra en duo à d’autres moments et pour les refrains. Walking with the Angels est issu de l’album Fear No Evil (2009) et était co-interprété, dans sa version studio, par Tarja Turunen… qui a aussi fait le déplacement pour assurer ses parties vocales ce soir. Plus tard, Love Me Forever, reprise de Motörhead apparaissant sur Calling the Wild (2000), sera l’occasion pour Jennifer Haben (Beyond the Black) de poser sa voix sur ce superbe morceau. Plus surprenante, en tout cas si l’on n’est pas allemand, est l’intervention de Sammy Amara, chanteur et guitariste du groupe punk rock de Düsseldorf The Broilers, sur Bond Unending, extrait du nouveau Doro.

Par la suite, l’on revient en terrain plus connu avec Mille Petrozza (Kreator) et Andy Brings (ex-Sodom, notamment) sur une reprise percutante d’Ace of Spades de Motörhead, sans doute aussi une forme d’hommage à Lemmy, Doro et lui ayant été très liés. Doro n’est plus avare de reprises depuis un certain nombre d’années, et nous balancera une nouvelle fois sa relecture de Breaking the Law de Judas Priest : le démarrage se déroule tout en douceur jusqu’à la fin du premier refrain, moment propice pour commencer à envoyer la purée. Le classique des classiques de Warlock, All We Are, donne l’occasion à tous les invités, auxquels se joint Chris Boltendahl, le chanteur de Grave Digger, de rejoindre la scène avant un premier baisser de rideau.

Alissa White-Gluz nous gâte une seconde fois de sa présence pour All for Metal, le premier d’un total de sept rappels qui terminent en beauté un concert de plus de deux heures quinze, impeccable de bout en bout et au succès plus que mérité au regard de la qualité du répertoire de Doro, de son interprétation par un band de qualité, et de la personnalité plus qu’attachante de l’intéressée. Merci Doro, et mille bravos !

Doro