Thūn
Thūn
Genre Doom/Death
Pays Royaume-Uni
Label Eat Lead and Die Music
Date de sortie 16/06/2021

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Karl Sanders s’est joint à deux mecs de Monsterworks (Hugo Wilkinson ainsi que Jonathan Grenville Higgs) afin de produire un album axé sur les erreurs humaines concernant la préservation de l’environnement. Le tout dans un univers fantasy où des zombies nazis et des rebelles se batailleront le futur de notre planète. Inspiré de Lovecraft comme Bull Elephant a pu le faire, c’est dans un monde de désolation et de désespoir que Thūn nous plonge.

On débute bien, c’est lourd, on descend dans une atmosphère lente et pesante. Mais le tout est aéré et ne sonne pas encore trop oppressant. C’est très mélodique, la guitare de Sanders est en arrière-plan. Le tout s’installe, mais pour éviter de tomber dans la nonchalance éternelle, on accède à de bons blast beats enfonçant le clou sans ménagement. Mais encore ici, on ne s’éternisera pas et on appréciera une alternance entre lenteur, mid-tempo, mélodie, et la voix death de Mr Higgs qui se situe dans les mids. La basse de Wilkinson est bien présente sans toutefois prendre trop de place. Avec ce titre éponyme de neuf minutes, ça démarre bien.

Ensuite avec Cage Within a Cage, nous sommes en pleine désolation, on veut démontrer, pointer les erreurs et le chaos engendrés par l’homme. On n’a même pas besoin de lire entre les lignes ou de scruter les paroles, pour ressentir le désarroi dont on fait ici mention. On a du Doom avec chant Death Metal et des lignes de guitare dignes de Nile, dont Sanders est le lead, rendant une certaine folie chaotique. La guitare de Grenville Higgs offrant un apport atmosphérique, envoûtant et enveloppant.

Le morceau suivant, Unity se veut un intermède de deux minutes. On y retrouve une guitare acoustique ainsi que la basse accompagnées de rythmes plus simplets et terre-à-terre. On se sent comme devant un feu de camp, avec des copains. On reprend nos esprits avec cette brève trêve qui tranche avec l’univers cendré et post-apocalyptique de l’album. Ça nous permet de digérer le tout et de faire la transition vers ce qui va suivre.

Intertwined Collective Fate est plus rythmée et vivante, la basse y est très bien représentée, en avant-plan avec de bonnes lignes inventives. La batterie jouant parfois en contretemps pour ajouter complexité et incongruité. Les vocaux sont excellents et évoquent bien le malheur dont l’humanité est responsable. La production est intéressante et se veut plus Doom. On a certes beaucoup d’éléments Death Metal mais la guitare est souvent à mi-chemin entre les deux styles et en arrière-plan. On aura droit à des passages très rapides et Thrash, aux moments opportuns, et même parfois à des chants à la Gojira.

Avec Righteous Violence, on frôle le Doom funéraire, que dis-je, on s’y noie pour ensuite se vautrer dans une approche plus Black Metal rappelant Behemoth. Puis, on passe vers un Doom plus lent et contemplatif, comme une introspection soudaine, un reflet de notre malheur, de nos erreurs et de nos cauchemars punitifs. Les vocaux deviennent des cris puissants et les riffs seront très noirs, Sanders appuyant Higgs et créant une ambiance malsaine. Wow !

Momentary Truce ou la sixième plage : ici on débute avec le doux piano de Romina Sarti (inconnue pour moi). Accompagnée de percussions plus naturelles, basse et guitare acoustique. Un baume léger et peut-être un espoir possible pour le futur dans ce concept se voulant porteur du message de l’anéantissement de l’espèce humaine.

Gaiacide sera la toute dernière et non la moindre piste de l’album. Il y règne une ambiance inquiétante : c’est vraiment grandiose ! La batterie est désordonnée et atypique par moments. Le nom du morceau en dit long ; notre planète se meurt. Les vocaux sont vraiment bien. Le constat est fait il n’y a plus d’issue possible. Les guitares de Sanders et Higgs travaillent de concert pour offrir une vision des plus alarmantes de notre destin. Neuf minutes avec plusieurs variations et signatures musicales, nous faisant aller et venir dans cet univers troublant, fantaisiste mais vibrant d’un message d’actualité pour nous mener vers une finale des plus puissantes. C’est l’apogée vers le solde de tous ces efforts.

Bravo !