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A l’abri du monde, attendant l’ultime éclosion, est né Jours Pâles, nouveau projet du vocaliste d’Aorlhac (Spellbound), des cendres d’Asphodèle, également signé chez Les acteurs de l’ombre Productions.
Superbe album, Eclosion s’inscrit dans un désir profond d’expression personnelle et d’évolution stylistique, délaissant un peu mais pas totalement le genre Dark Rock, pour des sonorités plus sombres et marquées d’un BM mélancolique. Ah ça y’est, mes doux agneaux ! Le plus noir du noir du tréfonds de mon âme… Ça recommence ? Mais bien sûr que non, c’est bien plus que cela, et aujourd’hui, je vous offrirai bien en sacrifice sur l’autel de mes états meurtris d’âme parce qu’ainsi l’exige mon Drama lyrique… Am… Non, pas encore… Laissez-moi d’abord vous emmener un peu sur ce sentier.
Il y a dans cet opus brillant, de grandes qualités artistiques, un son et une expression digne du meilleur de la scène française, en droite lignée d’un Noir Désir et d’un Varsovie, éternellement Rock mais résolument dans la veine d’un très bon BM gaulois comme je les affectionne. Magnificence des textes et mélodies impactant durablement nos esprits pour le meilleur ou pour « l’Espérance, convaincus que cela sera notre délivrance ». Oh oui, mes Agnus Dei. Petite prière envoyée à l’orée des cieux oblige, j’applaudis ! Mon théâtre intérieur s’est rallumé en ce jour pluvieux. N’y aurait-il pas dans les mots de Spellbound, un peu de Hugo ou de Nerval ?
Aux confins du silence et Illunés ont d’ores et déjà emporté ma joie au firmament. Je crois que ma supplique a été entendue. Alors souviens-toi, mon sombre disciple, que quoiqu’il advienne, l’autre moi triomphe toujours aux instants du néant, aux confins du silence. Ici, les riffs sont redoutables et les screams glaçants, me rappelant parfois un Forbidden Site teinté d’influences dark à la Moonspell des temps anciens ou encore de Shining. Voix suppliantes, saturées, chuchotées ou déclamées, Eclosion, c’est aussi la participation de musiciens d’Uada, Malenuit ou encore Monolithe et Psychonaut. Du très beau monde, le tout saupoudré d’une voix angélique qui vient de temps en temps adoucir l’existence torturée du voyageur en quête de jours meilleurs. Mais il se pourrait bien ici que malgré l’ivresse de nos souvenirs tristes, l’écume de nos jours semble bien vouloir apporter sa lueur d’espoir; cet espoir qui nous tient en haleine même si le temps se fige et cristallise nos peines.
Suivant l’astre est sans doute le titre qui rassemble à lui seul, le style unique de Jours Pâles, textes superbement écrits, blasts entraînants, riffs mélodieux et vaine espérance. Quoique… Une part du sublime, cela ne vous rappelle rien ? Oui, mes sombres disciples du beau. Une part du sublime, c’est ainsi que je qualifierais ce 1er opus du combo français, réussi, musical, terriblement bien ficelé et puissant, efficacement Rock et BM.
Si tant est qu’il y ait un sens final aux turpitudes de l’existence, Jours Pâles nous rappellent que la créativité et l’expression artistique en est la quintessence car, il nous faut pas à pas, construire, partir du vide pour faire éclore l’ultime, ce qui fait nous sentir ardents, et nous fait promettre au sublime… (Soupir).
Amen.
J’ai tout dit, je crois. Je peux redescendre. A vous, maintenant. Faites le pas.