Riot s’est rebaptisé Riot V suite au décès, en 2012, du guitariste Mark Reale, qui portait le groupe à bout de bras depuis sa formation en 1975. Une façon de perpétuer l’aventure tout en stipulant le plus clairement possible que l’appellation « Riot » ne pouvait se concevoir sans que Mark ne fasse partie de l’entité, ainsi qu’une belle preuve de respect.
Riot V a beaucoup tourné en 2023, pour célébrer les trente-cinq ans du mythique album Thundersteel, et revient à présent promouvoir son dernier-né, Mean Streets, en emmenant le très prometteur groupe anglais Tailgunner dans ses valises. Comme souvent, et c’est tout à son honneur, Marco, le patron du South of Heaven, offre à un groupe régional l’opportunité de se produire en ouverture. Ce soir, les Belges de Tyrant King ouvrent le bal… et nous vous en reparlerons certainement à une prochaine occasion. En effet, honte à nous, nous restons à l’entrée du South of Heaven, profitant d’une météo, une fois n’est pas coutume, agréable, tout en papotant avec une bande d’amis rencontrés par hasard, plutôt que d’aller jeter un œil sur le concert de Tyrant King, ne fût-ce que pour vous en dire quelques mots, ce dont nous nous excusons le plus platement.
Tailgunner nous a en revanche laissé les meilleures impressions. Ce jeune groupe britannique a tout compris au heavy metal et a sans doute étudié par cœur les clips vidéos et les poses des Grands Aînés, autant que disséqué pas mal de discographies, tant leur jeu de scène semble couler de source, tant leur énergie, certes propre à leur jeunesse, transpire la sincérité, et tant les compositions sont efficaces, accrocheuses et affichent une intéressante technicité, sans toutefois que celle-ci n’amenuise leur force d’impact. Les solos et duels de guitares de Rhea Thompson et Zach Salvini sont ébouriffants et chaque membre du groupe évolue sur scène comme un poisson dans l’eau. Tailgunner a mis tout le monde d’accord, et si son premier album Guns for Hire, sorti en 2023, n’a pas réellement défrayé la chronique à sa sortie, de telles prestations live devraient mettre un bon coup de projecteur sur ce groupe à suivre de près.
Si Riot V assure la promotion de son nouveau bébé, un Mean Streets de très belle facture, force est de constater que Thundersteel, le joyau de 1988 qui voyait Riot opérer un virage du hard rock vers le heavy metal pur jus, jouit toujours d’une représentation importante dans les setlists du groupe. Fight or Fall, Johnny’s Back, Bloodstreets, Flight of the Warrior sont tous phénoménaux, de même que le flamboyant Thundersteel en guise de dernier rappel. La simple énumération de ces titres a de quoi rendre baba tout metalleux qui se respecte. Ceci dit, Riot V ne se contente pas de se reposer sur l’un de ses plus grands classiques et d’égrener quelques nouveautés pour la forme. Il pioche aussi parmi des titres dont certains font partie des plus anciens de sa discographie, comme Warrior, extrait de Rock City, premier album sorti en 1977 et Road Racin’ provenant du deuxième, Narita, en 1979, et n’oubliera pas la plage titulaire de l’album Restless Breed de 1982 — pas franchement son plus gros succès, un très bon titre néanmoins. Comme l’expliquera le bassiste Don Van Stavern, en poste depuis 1986 et ami du défunt Mark Reale, la setlist s’articule autour de titres écrits par lui-même ainsi que par Mark ; encore une façon de faire vivre l’héritage. Les musiciens assurent, mais c’est bien la moindre des choses pour ces vieux briscards, la setlist est merveilleusement équilibrée, le son est très bon et le public a répondu présent. Une superbe soirée.
Tailgunner
Riot V