Marduk, Vader, Impalement, The Risen Dread, Demenzia Mortis
L'Entrepôt, Arlon (BE)
Date 13 mars 2022
Chroniqueur Oli de Wacken
Photos Paul Collin, Lali Stamper
http://www.entrepotarlon.be

Les Belges de Demenzia Mortis ouvrent le bal et sont desservis par un timing revu, qui les fait monter sur scène quinze minutes plus tôt que prévu. Qu’importe, le groupe assure, et le chanteur Naberus, grimé, se montre en frontman de talent. Les meilleurs extraits de leur premier album, Anti Kult, sorti il y a un an quasiment jour pour jour, sont interprétés, en commençant par Triste Paysage. Néanmoins, en deuxième position dans ce set de trente minutes, une nouvelle composition jouée pour la première fois en live, La forêt des pendus, nous donne un signal positif quant au futur de cette formation black/death déjà prometteuse. À revoir, sans nul doute, dans un contexte permettant au groupe d’exprimer plus longuement ses qualités.

En revanche, le cas de The Risen Dread est un rien problématique. En cause, le fait que la plupart des titres de leur répertoire groove/death/metalcore s’articulent autour de guitares lead plutôt que de riffs. Avec William Ribeiro comme seul guitariste, les quatre Dublinois délivrent un set au son, ma foi, pas très agréable. Cette fameuse guitare lead, lorsqu’elle s’exprime, laisse une impression de vide sonore autour d’elle, sans guitare rythmique pour soutenir le tout. Quant à la basse, que bon nombre de groupes utilisent avec de la disto pour, justement, faire aussi office de guitare rythmique, ne joue hélas pas vraiment ce rôle. Cette sonorisation étrange découle-t-elle de réglages inappropriés, ou bien d’une volonté du groupe ? Allez savoir… En tout cas, difficile d’accrocher. Par contre, les talents du chanteur Marco Feltrin sont indéniables. Il manie sans problème le scream et le growl dans une belle alternance, et sa stature associée à une gestuelle précise, carrée et vigoureuse font de lui l’atout majeur de ce groupe.

Impalement est le projet d’un homme, Beliath, qui s’est adjoint les services d’un line-up live pour donner une vie scénique aux compositions de l’album The Impalement, daté de 2020. Originaire de Suisse, le groupe, si on peut l’appeler ainsi, est animé par l’âme profonde du black metal, dont il exhibe tous les apparats : symboles ésotériques, croix inversées, maquillage, sang, etc. Sa musique, pour autant, donne plutôt dans un death de tradition, bien composé et efficace. Les spectateurs, à présent plus nombreux, l’apprécient à sa juste valeur et le démontrent par un mosh pit qui s’anime réellement pour la première fois. Une prestation impressionnante pour un nom à suivre.

Par la suite, place à la machine de guerre Vader, sur laquelle les années ne semblent avoir aucune emprise. La salle est maintenant bien remplie pour voir à l’œuvre les pionniers polonais. Piotr « Peter » Wiwczarek (chant, guitare) tient toujours une forme olympique. Cette remarque peut sembler anecdotique ; cependant, rappelons qu’il existe bien des groupes dont les prestations demeurent irréprochables sur le plan musical, mais dont les membres se tiennent de plus en plus statiques sur scène. Ici, Peter et son comparse guitariste Marek « Spider » Pająk headbanguent comme de beaux diables, bien à même de donner des leçons de prestance à de nombreuses jeunes formations. L’ensemble du groupe est au taquet, et les géniteurs de The Ultimate Incantation, pierre angulaire du death metal de la première génération dès sa sortie en 1992, n’ont rien perdu de leur superbe. Le groupe prouve ainsi qu’il reste et a l’intention de rester encore longtemps une valeur sûre du death metal de qualité. Ceci, d’ailleurs, tant sur scène qu’en studio, la régularité et la qualité globalement constante de leurs sorties forçant l’admiration et le respect.

Pour terminer la soirée, nous retrouvons l’un des plus norvégiens des groupes suédois, j’ai nommé Marduk. La « Panzer division » en impose, comme d’habitude. Morgan dévoile toute la hargne de son jeu de guitare, Mortuus au chant assure un sans-faute et Simon, encapuchonné derrière sa batterie, offre par son look un petit plus visuel. Le setlist pioche dans toute la discographie, du premier album, Dark Endless (1992) au dernier, Viktoria (2018), en passant par pas mal de plages titulaires d’albums tels Those of the Unlight, Frontschwein, ou World Funeral. En treize titres, la messe est dite.

L’affiche de ce soir, alléchante a priori, a non seulement tenu ses promesses, mais les a même dépassées, malgré les réserves concernant The Risen Dread. L’association Cronos ASBL, organisatrice du concert de ce soir, investit régulièrement L’Entrepôt d’Arlon (BE) pour y proposer du metal extrême de qualité. Gardez un œil sur son programme !

Demenzia Mortis

Par Lali Stamper

The Risen Dread

Par Paul Collin

Impalement

Par Paul Collin

Vader

Par Paul Collin

Marduk

Par Paul Collin