Salut ! Metal Alliance Mag est aujourd’hui avec Nathaniel Reynaud de l’asso Golden Stone Events qui organise le Dark Medieval Fest. Pour commencer, je vais te laisser te présenter, présenter l’asso, l’histoire de sa fondation, ce qu’elle fait…

Et bien, je suis Nathaniel Reynaud, je suis président de l’asso. À la base, on était dans une autre association 100 % médiévale qui faisait des reconstitutions, spectacles, etc. En 2019, on a cherché un moyen de faire connaître un peu plus l’association, par un biais autre que les prestations qu’on faisait d’habitude. Comme je connais un peu les liens qui existent entre le monde médiéval et le monde du metal, j’ai soulevé l’idée de créer un festival dans ces thématiques-là qui nous permettrait à la fois de montrer ce qu’on savait faire en tant qu’asso de spectacle médiéval, artisanal aussi, puis de toucher peut-être un autre public et trouver de nouveaux adhérents. La première édition a donc eu lieu en 2019 ; ça a été un franc succès parce qu’on a fait sold-out ! Suite à ça, il y a eu quelques tensions dans l’asso à l’époque — pas liées au festival —, du coup, avec plusieurs membres, on a décidé de partir. Malgré cela, on voulait quand même continuer un peu avec ce qu’on avait commencé en 2019 avec le festival, du coup, on a monté notre propre association, Golden Stone Events, qui est plus axée sur la production d’événements metal… avec quand même une tendance orientée vers tout ce qui est pagan et black metal. Malheureusement, l’association a été créée en 2020, au début du covid… (rires) […] En 2022, on a pu revenir en proposant une belle affiche au Jack-Jack à Bron. Ensuite, en 2023, on est revenus sur la terre natale du festival, dans le Beaujolais […] à dix minutes à peu près de là où a eu lieu la première édition du festival, à Lamure-sur-Azergues. Nous sommes de retour en 2024 dans la même salle que l’année dernière, avec une affiche plutôt sympa, en collaboration avec d’autres associations locales pour la partie animation et beaucoup d’artisans de la région pour la partie marché. C’est quelque chose qui nous correspond bien et qu’on espère pouvoir continuer à développer à l’avenir.

Le fest est encore jeune, l’association aussi. J’avais donc une question sur les coûts d’organisation : combien ça coûte ? Est-ce que l’asso a des sponsors ?

Alors non, on n’a pas de sponsors, on a des partenaires. Pour la partie financière, le festival, on va dire, est en autogestion. En gros, ce qu’on engrange comme argent, ça équivaut à ce qu’on dépense pour les groupes et les animations. Grosso modo, on tourne autour de 6000, 7 000 € sur un festival comme ça ; ça reste quand même un petit festival. Là, on a un budget un peu plus important cette année. On essaie de développer un peu le festival chaque année sans pour autant prendre trop de risques et sans dénaturer le festival. Parce que finalement, on est quand même très axés sur l’idée de proposer des affiches un peu uniques, rares en France, avec des groupes qui jouent rarement ou des coups de cœur qu’on a envie de faire découvrir. Par rapport à d’autres événements avec des grosses têtes d’affiche, on paraît forcément plus petits, mais on ne vise pas forcément le même public non plus. Petit à petit, on va essayer chaque année de monter d’un cran. Mais on y va avec précautions parce que 2022 a été une année très compliquée pour nous. Sur Lyon, on pensait avoir beaucoup plus de monde, ce qui n’a pas été le cas… du coup on a perdu énormément d’argent, donc on essaie de se remettre de ça. Après, on avait organisé la date de Gaahl’s Wyrd à Lyon au CCO, qui a été un échec cuisant. Ces deux dates ont fait très mal à la jeune vie de l’asso, c’est pour ça qu’on y va avec prudence. Le but pour nous, c’est vraiment de se concentrer sur le festival pour qu’il puisse perdurer ; si on arrive à refaire des dates à côté, on en fera. Pour l’instant, la priorité c’est de maintenir et de développer le Dark Medieval Fest.

Ça tombe bien que tu parles des éditions passées, parce que ma question suivante les concerne : comment se sont-elles passées globalement et quel bilan en tire l’association ?

Comme je le disais, 2022, ça a été l’année catastrophe. On voulait revenir à tout prix ; c’était la fin du covid, mais ce n’était pas non plus une période très simple… On n’a pas pu rester dans la région où était né le festival ; on a donc tout misé sur la proximité de Lyon. Malheureusement, le festival a été un peu dénaturé parce qu’on n’a pas pu avoir d’autorisation pour le marché extérieur et les animations… pas mal de petites choses qui font que cette édition n’a pas été à l’image de ce qu’on aurait aimé faire. Et à côté de ça, une salle comme le Jack-Jack garde le marketing pour elle… ça nous a mis dans la merde, je ne vais pas tourner autour du pot ! (rires) Il n’y a pas eu assez d’affluence pour que les billets puissent permettre de rentabiliser. Avec en plus le fait qu’on n’ait pas le bar, on a perdu grosso modo 3 000 € sur cette date-là, donc ça a été compliqué de s’en remettre. L’année dernière, on a pu revenir dans la région de naissance du festival et vraiment avec l’idée de ce qu’on faisait du festival, c’est-à-dire un festival à la campagne avec un vrai marché médiéval de qualité, avec des animations tout au long de la journée, que ce soit des combats, du feu, des musiques celtiques… On a vraiment essayé de développer le concept comme on voulait. On a eu une affluence à peu près similaire à celle de Lyon. Dans l’ensemble, on s’en est plutôt bien sortis parce qu’on est arrivés à l’équilibre, ce qui est une très bonne nouvelle pour nous. L’objectif pour cette année, c’est de parvenir au même équilibre, ce qui serait déjà très bien. Si on arrive à gagner un peu d’argent, on pourra le réinvestir dans des plus grosses affiches les années d’après. Mais là, si on finit encore une fois à l’équilibre, on sera très satisfaits.

C’est super de trouver l’équilibre sur cette édition ! Du coup, sur les précédentes éditions, quels ont été les retours du public ?

En fait, les retours qu’on a ne viennent pas que du public, mais des groupes, des artisans, etc… mais les gens commencent à s’attacher au festival et ont envie de revenir. Déjà, c’est une très bonne chose. Je sais qu’il y a eu des retours justement sur l’édition 2022 au Jack-Jack, comme quoi la qualité du son n’était pas à la hauteur. Tous les échos qu’on a par rapport au travail qui a été fait l’année dernière sont plutôt bons concernant la partie son. Les gens ont aussi aimé les animations et le marché… De manière générale, on n’a pas d’échos négatifs. On m’a toujours dit que c’était la meilleure édition qu’on ait faite ! Les groupes de manière générale ont adoré. Ils ont envie de revenir, notamment les musiciens qui jouent dans plusieurs groupes et qui ont donc la possibilité de nous en proposer d’autres. Le bouche-à-oreille a joué aussi. Par rapport au marché et aux artisans, la plupart de ceux qui étaient présents l’année dernière sont contents de leur venue et veulent remettre le couvert cette année. Et pour les animations, les assos avec qui on a bossé veulent aussi revenir absolument. Donc dans l’ensemble, c’est plutôt satisfaisant que les gens avec qui on a travaillé et en même temps le public décident de revenir, et aussi plutôt rassurant pour nous. On va donc continuer dans cette optique-là en essayant de s’améliorer sur quelques points. C’est plutôt encourageant.

Je pense qu’il n’est pas forcément toujours très facile d’organiser un festival, mais encore plus dans une vallée comme la vallée d’Azergues, qui ne comprend pas forcément un microcosme d’événements de type metal. Donc, quelles sont les difficultés vis-à-vis de l’organisation de l’événement dans ces villages ?

La difficulté, au début, c’était par rapport à la municipalité. Arriver avec un festival de metal « extrême » dans un petit village qui ne connaît pas du tout cette culture, forcément… Il a fallu vendre le projet et montrer patte blanche. Il fallait montrer qu’on était sérieux, que tout se passerait bien, qu’il n’y aurait pas de débordements et qu’on voulait vraiment quelque chose de familial avec une bonne ambiance, avec le marché et les animations en accès libre. La restauration et la taverne sont aussi en accès libre, donc ça permet aux gens du coin qui ne sont pas forcément médiévistes ou metalleux de venir par curiosité. Et c’est ce qui est arrivé, d’ailleurs : il y a plein de gens qui ne connaissaient pas du tout qui ont débarqué parce qu’il y avait un petit coup à boire et des choses à découvrir et qui nous ont dit « Si vous refaites ça, prévenez-nous en avance et on viendra. » […] L’avantage dans les petits villages comme ça, c’est qu’il n’y a pas souvent de gros événements ; du coup, quand quelque chose est organisé, les gens sont plutôt curieux et motivés. La dernière édition s’est très bien passée, il n’y a rien eu à signaler au niveau de la sécurité ou autre, tout était nickel. On a eu des bons retours de la mairie aussi et ils nous donnent le feu vert pour continuer […] Maintenant, on est dans l’après-covid, mais finalement, on a remarqué qu’en étant dans la vallée d’Azergues, on fait autant de monde qu’à Bron, juste à côté de Lyon, donc on se dit que c’est dommage de se priver de la liberté qu’on peut avoir à la campagne, parce qu’on y fait les choses comme on a envie. Ce ne sont pas les règles d’une salle en ville : on loue un bâtiment et on y fait ce qu’on veut. On a l’extérieur où on fait aussi ce qu’on veut, on n’a pas vraiment de limites ni de directives là-dessus, donc on est un peu plus tranquilles, c’est pas mal. Puis l’avantage, c’est que Lamure-sur-Azergues est aussi accessible pour ceux qui sont pas véhiculés puisque la gare est juste en face de la salle. Il y a un camping qui ouvre ses portes le premier week end de mai ; ça tombe bien parce que ça permet de dormir à quelques minutes à pied… Il y a toutes les commodités qu’il faut : des banques si vous voulez retirer du liquide, des commerces à proximité, une station-service… Après, ça fait effectivement un peu de trajet pour les Lyonnais, mais ça permet aussi aux gens qui vivent au nord de la région de venir sans problème, comme les fans de Sangdragon qui viennent de Mâcon à une quarantaine de minutes. On n’est pas non plus très loin de la Loire et de la Saône-et-Loire… Finalement, c’est une position quand même assez centrale. Puis pour des événements de qualité, je pense que les gens sont prêts à faire le déplacement. C’est pareil pour tous les « petits endroits » : à l’époque du Ragnard Rock Festival, Simandre-sur-Suran, personne ne connaissait avant que le festival déboule ! […] Pour un événement que j’espère de qualité, les gens sont prêts à passer outre le fait que ça se passe à la campagne.

C’est bien que les gens apprécient. Et puis c’est vrai que ça doit apporter une certaine satisfaction quand on parvient à « convertir des profanes » qui ne connaissent pas le milieu.

C’est ça ! De toute façon, le but est de s’intégrer dans la population locale et dans l’animation. On n’est pas sectaires, on n’est pas là pour pondre un truc dans notre coin. L’année dernière, on a fait des doubles communications, avec une affiche spéciale pour la vallée d’Azergues et une pour la communauté metal. Finalement, il y a des commerces qui nous ont demandé pourquoi on n’avait pas mis l’affiche du festival telle qu’elle était… Cette année, on a mis en place une seule communication parce que les gens sont plus ouverts que ce qu’on pensait, avec l’affiche 100 % Dark Medieval Fest.

On va parler un peu de l’affiche de cette quatrième édition. Comment s’est-elle construite ? Comment s’est fait le choix des groupes ?

Alors déjà, Vosegus, c’est un groupe qui devait jouer l’année dernière mais qui a dû annuler et qui a été remplacé par Trollheart, donc il était logique pour nous de le reprogrammer.

Hellixxir, dont tu portes le T-shirt, c’est un groupe qu’on avait fait jouer au Rock’n’Eat et avec qui on a sympathisé. Ils savent proposer des prestations de qualité, donc pour moi, c’était une évidence de leur permettre de jouer sur une scène un peu plus importante. Le public peut être un peu différent par rapport à ce dont on a l’habitude, mais je pense que c’est un des avantages. Je pense qu’ils sont contents aussi. Avoir à l’affiche un groupe un peu plus régional, finalement, je pense que ça manquait aussi, étant donné qu’on a beaucoup de groupes internationaux mais pas trop d’ancrage local. C’est un bon compromis pour avoir à la fois une ouverture musicale différente et cet ancrage-là.

Sangdragon, en gros, je suis en contact avec Will Hien, le bassiste, depuis la première édition. On devait les faire jouer, mais il y a eu des imprévus, puis le covid, qui ont fait qu’on n’a pas pu travailler ensemble. Là, ils viennent de sortir leur nouvel album Hierophant, qu’ils auront l’occasion de promouvoir sur scène.

Drakwald, eux, ils étaient prévus sur l’édition 2020, qui n’a jamais eu lieu à cause du covid. On est toujours restés en contact, et là, ils viennent de sortir leur nouvel album, ce qui a donné l’occasion de les reprogrammer sur l’affiche.

Pour Icestorm, c’est un peu différent ; c’est qu’en fait, le chanteur du groupe, Marc Storm, est aussi le chanteur de Drakum, qui a joué l’année dernière. Vu qu’on a bien sympathisé et que son autre groupe est tout bonnement excellent, je lui ai demandé si ça lui plairait de revenir, et il m’a répondu qu’il n’avait pas de souci à refaire le trajet depuis Barcelone pour revenir jouer chez nous.

Et XIV Dark Centuries, c’est tout simplement une annulation de 2022. Ils devaient venir d’Allemagne avec Finsterforst, mais le leader s’est cassé la jambe et avait beaucoup de broches dedans, du coup c’était un peu compliqué pour lui… (rires) Là, ils ont repris l’activité scénique, donc il était tout naturel de les faire revenir, en tête d’affiche parce qu’ils le méritent bien. Finalement, tout s’est fait très simplement.

Après, il y a quand même fallu faire des choix, parce qu’on a reçu beaucoup de demandes à la fois en France et à l’international de groupes qui voulaient jouer chez nous […] Pour l’instant, on essaie de se maintenir à une affiche à six groupes. Déjà, l’année dernière, avec ce nombre, on a accusé un peu de retard sur le planning. On va déjà essayer de trouver notre rythme de croisière et si on voit que ça fonctionne bien et qu’on ne prend plus de retard, on envisagera peut-être de programmer plus de groupes dans un futur proche. Pour le moment, on essaie de se concentrer sur nos acquis et de s’améliorer sur les points négatifs.

Ça tombe bien, parce que j’allais justement demander des précisions sur l’intégration de Hellixxir à l’affiche, étant donné que c’est un groupe qui n’était pas attendu vu son style musical. Du coup, j’ai une question sur les styles musicaux de l’affiche de cette année, qui comporte une bonne représentation du death metal mélodique avec Drakwald et Icestorm. — d’ailleurs c’est principalement pour eux que je viens. La variété des styles constitue aussi un argument de vente pour le fest ?

Oui ; l’idée, c’est vraiment de rester dans la thématique du festival, de près ou de loin, que ce soit du point de vue musical ou thématique. Pour nous, le but est aussi de s’ouvrir un maximum à d’autres styles et d’avoir un éventail plus détaillé de la scène pour toucher un public plus large. Parce que il n’y a pas que des groupes avec des instruments folk pour représenter tout ce qui touche au pagan et au folk ; c’est très varié. L’an dernier, on a eu des pirates hors période médiévale, mais ça fait partie d’un tout. Ce sont des groupes qui sont là pour nous raconter des histoires, que ce soit de la « vraie » histoire ou des histoires inventées. Je ne suis pas non plus fermé à intégrer des groupes qui parlent de l’histoire plus récente, par exemple un groupe comme 1914 qui traite de la Première Guerre mondiale. Ça fait partie de l’Histoire. On a aussi fait jouer Deos au Rock’n’Eat, qui traite d’une période beaucoup plus ancienne avec la Rome antique, donc pourquoi pas les intégrer aussi au festival… Finalement, il y a une ouverture sur la période historique qui accompagne l’ouverture musicale, ça va de soi. Un groupe m’a contacté, qui est dans la thématique mais qui fait du metal symphonique avec une chanteuse ; ils m’ont demandé si on ne faisait que de l’extrême. C’est vrai que le festival est né autour du pagan et du black ; maintenant, effectivement, je suis prêt à étudier d’autres styles, tant qu’on reste plus ou moins fidèles à l’esprit du festival. Faut pas que ça dénote : si on reçoit des propositions de groupes de hardcore, neo-metal ou autres, c’est sûr qu’on va avoir du mal à leur trouver une place sur ce genre d’affiche […] Qu’ils soient bons ou pas, bon, ce n’est pas la question, c’est qu’il y a quand même un style précis à respecter. L’objectif, c’est de trouver le bon mélange et le bon dosage, un peu de tout […] on voit aussi selon la façon dont réagit le public. Au final, s’il nous dit qu’il ne veut voir que des groupes avec de la cornemuse et de l’accordéon, on se recentrera sur quelque chose d’un peu plus dans l’esprit folk… mais là, on a des groupes qui couvrent plusieurs périodes historiques et plusieurs styles, que ce soit le black, le thrash, le death mélodique, le folk à proprement parler… On est fidèles à nous-mêmes et en même temps assez éclectiques pour attirer, je l’espère, un public nombreux et motivé […] C’est mieux d’avoir cet embarras du choix de groupes et de styles plutôt que de devoir chercher au fin fond d’une liste un groupe qui voudrait bien venir jouer ! (rires)

L’avantage de l’éclectisme, c’est que le Dark Medieval Fest peut créer la surprise. Des bonnes, mais aussi des mauvaises, parce que paraît-il que chaque année, il y a un groupe qui annule à la dernière minute et qui doit se faire remplacer en catastrophe. Est-ce que c’est vrai ?

(rires) Jusqu’à présent, oui ! Pour l’instant, cette année, tout se passe bien, donc on touche du bois… Mais effectivement, j’ai déjà parlé de XIV Dark Centuries qui avait dû annuler… La première année, Syn Metallum avait dû annuler aussi et on a choisi Catubodua pour les remplacer à la dernière minute. L’année dernière, c’est Vosegus qui a été remplacé par Trollheart ; l’avantage, c’est que les deux groupes ont des membres en commun, donc ça s’est fait simplement. Il y a aussi Boisson Divine qui a dû annuler parce que le batteur s’est fait opérer des épaules. Du coup, devoir gérer deux annulations l’année dernière, ça a été un peu compliqué… mais finalement, on s’y fait. On a pris l’habitude ! (rires) L’avantage, c’est qu’on a suffisamment de groupes sur la liste d’attente, ce qui permet de trouver facilement des remplaçants, même à la dernière minute. En 2022, XIV Dark Centuries a annulé très peu de temps avant le festival, donc on s’est demandé qui pouvait les remplacer au pied levé comme ça. Quelque temps avant, j’avais reçu un mail de Varang Nord qui avait joué sur la première édition et qui était chaud pour revenir. Je les ai contactés et du tac au tac, ils ont décidé de retraverser toute l’Europe depuis la Lettonie pour venir chez nous ! Donc il y a toujours des solutions de remplacement. Le premier coup, ça met en stress, le deuxième coup un peu moins, puis la dernière fois, entre Vosegus et Boisson Divine… c’était une broutille à régler, finalement, ce genre de petits détails ! (rires) Je ne sais pas si on aura le même souci cette année ; on se rapproche du festival et il n’y a pas de signe d’annulation pour le moment. Mais bon, on sait jamais… (rires)

On parle des groupes, mais en plus d’eux, au Dark Medieval Fest, il y a les stands de merchandising qui sont tenus par Asgard Hass et Adipocere, qui, si j’ai bien compris, sont là depuis le début. Comment vous êtes-vous associés ?

Naturellement, à vrai dire. Asgard Hass, ça date de la première édition : on avait Dux à l’affiche, un groupe du label […] De fil en aiguille, on a discuté des groupes à faire venir sur le festival depuis la Suisse. Il n’y a pas eu de soucis là-dessus ; depuis, ils ont fait savoir leur désir de continuer à venir. Adipocere ça s’est aussi fait naturellement : Christian Bivel, c’est quelqu’un que je connais depuis fort longtemps ; j’ai même travaillé avec lui à l’époque où j’étais salarié d’Adipocere, donc je sais que c’est un acteur majeur dans la région lyonnaise et il est toujours friand de festivals où tenir son stand. Je lui ai demandé, il a dit oui tout de suite ! Vu qu’il apprécie le festival et qu’il passe un bon moment, ça lui fait plaisir de revenir à chaque fois […] C’est plutôt rassurant de voir des personnes de cet acabit ne pas nous tourner le dos et être fidèles, c’est plutôt cool.

Hormis les groupes et le merchandising, comme tu le soulignais, une des grosses plus-values du Dark Medieval Fest, c’est son marché extérieur et les animations. Pourrais-tu présenter les exposants et les artisans ?

Pour les exposants, là, on est en train de remplir petit à petit le marché. Ce qui est bien, c’est que cette année, on a reçu beaucoup de demandes de gens qu’on ne connaissait pas jusque-là. Il faut faire des choix, parce que du coup, il y a tous ceux l’année dernière qui veulent revenir, mais aussi des nouveaux qui proposent des choses plutôt sympathiques… On a à peu près tous les corps de métiers qui vont être représentés, notamment dans les filières de la bijouterie. Après, on va avoir forcément des boissons diverses et variées. L’année dernière, on a eu une écrivaine, Agnès Maelström, qui est venue de Toulouse pour présenter son dernier livre. Cette année, on a quelque chose d’un peu plus original, c’est Le Sésame, qui vient de Bretagne et qui fabrique des jeux et des casse-têtes. Ils proposent aussi des escape games et des escape boxes. On va mettre en place un lien dans quelque temps pour réserver une session auprès d’eux sur le marché.

Après, on a un stand qu’on n’avait pas l’année dernière, de spécialités hongroises sucrées et salées qu’on va pouvoir découvrir. Il y aura toujours le food-truck de l’année dernière, Le Ventre Plein, qui fait un carton et qui va revenir avec encore plus de stock pour satisfaire tout le monde.

En termes d’animations, on va repartir avec les escrimeurs des LamHes du Val d’Azergues et Les Pérégrins d’Ycelieu qui vont faire quelques démonstrations ; ce sont deux assos de Lamure-sur Azergues […] On va essayer de mettre en place un chamboul’arc, c’est-à-dire un chamboul’tout à l’arc. La grande spécialité des Pérégrins, c’est surtout le feu, donc à la nuit tombée, ils vont proposer un spectacle. En ce moment, ils sont justement en train de bosser sur les nouvelles chorégraphies qui vont être un peu plus extrêmes…

Il y a aussi un nouveau groupe de musique celtique qui va jouer en extérieur cette année ; l’annonce devrait se faire au début du mois de mars (ndlr : le groupe a été annoncé le 9 mars, il s’agit de The Klovers).

Il n’y aura pas de Vikings cette année, mais il y aura quand même un campement par les Pérégrins d’Ycelieu et Les LamHes du Val d’Azergues qui feront de la reconstitution de vie d’époque, avec aussi, je l’espère, un peu de tir à l’arc sur les bords de l’Azergues…

On n’oublie pas la taverne toujours bien achalandée ! On essaie de promouvoir une bière produite localement cette fois-ci. À Lamure, il y a une nouvelle brasserie qui vient d’ouvrir qui va faire découvrir ses productions. Donc voilà, plein de belles choses… en espérant que le temps soit avec nous, comme l’année dernière !

En tout cas, tout cela promet d’être très chouette ! Du coup, qu’est-ce que Golden Stone Events attend de cette quatrième édition du Dark Medieval Fest ?

Pour nous, en interne, c’est de nous améliorer sur les quelques points qu’on a notés. On est de plus en plus rodés là-dessus […] Nous allons essayer de nous améliorer autant sur les changements de plateau que sur la question des backstages, du catering, etc. Il y a plein de bonnes choses, mais aussi plein de choses à améliorer. Mais surtout, c’est faire en sorte que tout le monde soit satisfait de notre travail et prenne du bon temps, autant le public que les artistes et les exposants… Si tout le monde part avec le sourire, on sera les plus heureux du monde, même si on ne gagne pas d’argent. Finalement, tout ce qu’on souhaite, c’est de marcher assez pour nous permettre de repartir sur une nouvelle édition. Ça ne concerne même pas tant le festival en lui-même que ce qui se passe avant ; forcément, il y a toujours l’inquiétude des préventes… Je vois qu’il y a un autre DMF, le Drakk Metal Fest, qui vient de publier un message comme quoi ils n’ont pas assez de préventes pour savoir s’ils vont pouvoir maintenir. J’espère qu’on ne sera pas obligés d’en arriver là… Notre seul souhait, finalement, c’est qu’on puisse se rassurer un petit peu avant le jour J. Mais bon, au pire du pire, l’affluence du jour même nous permettra de trouver l’équilibre. On en sera contents, mais si on fait un peu plus de préventes avant, ça nous enlèvera du stress !

Comme tu disais, pour le moment, vous semblez avoir trouvé votre rythme de croisière, mais comment le festival pourrait-il évoluer à l’avenir ?

C’est une bonne question… Ça va concerner je pense, plutôt l’ampleur des groupes puisque ce qu’on aimerait, c’est pouvoir faire jouer, je ne dirais pas des grosses têtes d’affiche. Faire jouer Alestorm et Korpiklaani, ce n’est pas à l’ordre du jour ! (rires) Ce n’est pas non plus dans l’état d’esprit du festival. Il y a des groupes intermédiaires qu’on ne peut pas se permettre de faire jouer actuellement mais que j’aimerais bien voir sur notre scène. L’avantage, c’est que la salle dans laquelle on est est une salle évolutive, donc déjà, la partie qu’on garde ouverte pour le festival est loin d’être pleine. Le jour où on arrivera à la remplir, on verra peut-être pour ouvrir une autre partie de la salle, mais on a déjà une marge d’évolution sur la capacité d’accueil. Le jour où la salle ne suffira pas, on réfléchira à délocaliser ou à faire le fest en plein air. L’autre possibilité, ce serait un passage sur deux jours ; c’est quelque chose qu’on peut étudier… mais pour l’instant, il faut déjà s’assurer d’avoir trouvé la bonne formule qui nous permette de ne pas perdre d’argent et d’avoir toujours la même affluence de base. Pour le moment, on tourne autour de 200 personnes ; quand on aura passé le cap des 300 ou des 400, on verra. Mais si on arrive à gagner chaque année un peu plus de monde, ça nous permettra forcément de voir un peu plus gros à chaque fois. Parce qu’on ne peut pas non plus prendre trop de risques. En 2022, l’affiche était plutôt ambitieuse et on s’en est mordu les doigts… Maintenant on y va prudemment en prenant le temps de s’installer ; on n’est pas pressés et on verra ce que l’avenir nous réserve. Pour l’instant, l’évolution principale, ça va être en termes d’affluence, histoire de remplir cette salle et d’avoir vraiment une pure ambiance.

À propos des groupes, quels sont les groupes français et les groupes internationaux que l’asso rêverait de programmer à l’affiche du Dark Medieval Fest ?

Il y en a beaucoup… Dans les tuyaux, actuellement, j’aimerais bien la sortie du prochain Himinbjorg pour pouvoir les programmer ; clairement, ça fait partie de mes objectifs. Après, ce sont des groupes un peu plus lointains ; par exemple, Belenos fait partie des groupes vraiment sympa. Du côté de la Vendée et de la Bretagne, ce ne sont pas forcément des très gros groupes, mais il y en a comme Paydretz et Hanternoz qui sont très sympa aussi. Du côté international, il y a toujours un Månegarm, par exemple, qui traîne dans ma discothèque et qui fait partie des groupes que j’apprécie énormément, surtout en live. Autrement, il y a d’autres groupes peut-être un peu plus accessibles, mais il y a tellement de choix… On peut penser à un groupe finlandais ; Vermilia, par exemple, qui est un peu moins connue mais qui propose quelque chose d’assez original et intéressant dans cet univers. Pour coller pile poil avec ce qui a donné son nom au festival, disons que si Satyricon venait jouer Dark Medieval Times, ce serait quand même un joli petit clin d’œil fort sympathique ! (rires) Je ne pense pas que ce soit prévu actuellement chez eux et je ne pense pas que ce soit dans nos cordes non plus, mais voilà, c’est une idée […] Ça sert à rien pour nous de l’imaginer beaucoup plus gros déjà, mais des groupes d’une certaine carrure, ce serait déjà fort sympathique.

En dehors du Dark Medieval Fest, il y a d’autres événements. On sait qu’il y a les concerts de warm-up, mais est-ce qu’il y a d’autres concerts et événements de prévus ?

Pour le warm-up, cette année, on va passer notre tour. Déjà, parce qu’on se marche sur les pieds avec Rolliver qui organise le Medieval Rock’n’Eat et que ça fait du coup beaucoup d’événements dans le style en début d’année. Et puis le dernier en date… c’est la première fois qu’on perd de l’argent au Rock’n’Eat ! (rires). On a rarement vu une aussi faible affluence… Donc, comme je disais, on est vraiment focus sur le festival ; le but, c’est que lui perdure. Aussi de ne pas se tirer une balle dans le pied et perdre de l’argent avant la date fatidique. Donc voilà, pour l’instant, on veut avant tout assurer le DMF et on espère que ça sera bien ancré et qu’on arrivera à fidéliser un public suffisamment nombreux. Après, on verra pour redévelopper quelques dates à côté. On avait une belle affiche prévue à la fin de l’année dernière, mais on a dû annuler parce qu’on avait perdu trop d’argent la dernière fois et qu’on voulait tout miser sur le festival pour ne pas se plomber avant. Donc le but, effectivement, avec le DMF, si on arrive à dégager un peu d’argent, c’est de pouvoir reprogrammer des affiches originales au Rock’n’Eat ou programmer des groupes un peu plus gros sur le prochain festival. Notre moteur, actuellement, c’est vraiment le festival, et de sa réussite dépendra le reste, mais pour l’instant, on limite au maximum les risques annexes.

C’est une manière de fonctionner qui permet d’assurer ses acquis. On arrive à la fin de l’interview ; merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions. J’ai très hâte d’être à cette nouvelle édition du Dark Medieval Fest ! Est-ce que tu as des mots pour conclure ?

Eh bien, le principal, comme à chaque fois : n’hésitez pas à aller consulter la page de l’événement sur Facebook (https://www.facebook.com/events/6576869739060242/?ref=newsfeed) pour vous faire une idée si vous ne connaissez pas des groupes. Et puis surtout, la chose à faire : prenez vos préventes, c’est vraiment le nerf de la guerre. En tout cas, pour les petites associations, ça nous permet d’avoir une visibilité, ça nous permet de nous rassurer, d’avoir une base de trésorerie pour les investissements à venir, parce que la communication, la réservation, etc., ce sont des choses qui coûtent de l’argent. Et quand on finit à l’équilibre une édition, ça veut dire qu’on commence l’édition suivante avec une trésorerie à zéro ! (rires) Du coup, si vous venez nous soutenir, plus tard on pourra vous préparer une édition du tonnerre, tout simplement, donc on espère vous voir nombreux. Rappelez-vous qu’il y a toutes les commodités sur place […] et une bonne ambiance, des bons groupes, plein d’artisans, des animations… et c’est gratuit pour les moins de douze ans, donc si vous êtes en famille, n’hésitez pas à venir avec les enfants. Les billets, vous les trouvez sur HelloAsso (https://www.helloasso.com/associations/golden-stone-events/evenements/dark-medieval-fest-2024), tout simplement. Vous êtes bienvenus chez nous au Dark Medieval Fest !