Paul Di'Anno, Noturnall, Electric Gypsy, Nightride
Club Hell, Diest (BE)
Date 5 décembre 2023
Chroniqueur Oli de Wacken
Photographe Paul Collin
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Avec trois groupes en ouverture, il allait y avoir de quoi faire, pour autant que ceux-ci se montrent à la hauteur des espérances du public et ne transforment pas l’attente de l’idole du jour en calvaire interminable. Les choses commencent très bien avec les Liégeois de Nightride, dont on attend avec impatience le premier album. Pour l’heure, le groupe fondé en 2018 commence à se produire régulièrement en live, et assoit un peu plus sa notoriété naissante à chaque apparition publique. L’évocation de certaines de ses influences, comme Iron Maiden, Rainbow ou encore le Scorpions vintage, doit logiquement faire tendre l’oreille à tout fan de heavy metal qui se respecte, et lorsque l’on assiste à un concert solide, donné par des musiciens expérimentés parmi lesquels on citera l’omniprésent John L — dont le troisième album sort très bientôt — à la guitare lead et son fidèle acolyte Rusty James derrière les fûts, la satisfaction est pleine et entière.

Electric Gypsy nous vient du Brésil, plus précisément de Belo Horizonte, et nous laisse nous demander de quel bois il se chauffe en offrant à nos yeux des tenues vestimentaires hétéroclites. Avec un guitariste en pattes d’eph, à la dégaine globalement hippie, grandes lunettes rondes comprises, et un chanteur tout de cuir vêtu, qu’est-ce que ces gars-là peuvent bien jouer ? Un mélange de Jimi Hendrix et de Judas Priest ? Le set débute avec un titre aux influences 70’s, mais à l’interprétation très hard rock, et fait bonne impression. Petit à petit, le style évolue vers un style plus 80’s et, pour être plus précis, vers ce que le hard US, tendance heavy, donnait à la fin de son âge d’or, au début des 90’s, avant d’être temporairement ringardisé par la vague grunge. L’interprétation est sans failles et le chanteur Guzz Collins nous gratifie çà et là de vocalises aiguës qui siéent bien à la musique.

Avec Noturnall, des Brésiliens eux aussi, les choses prennent une autre tournure. Avec leur metal progressif très puissant et limite thrash par moments, ils ne font pas semblant. Le niveau est là et les musiciens ne sont pas les premiers venus. Pour preuve, Mike Portnoy (ex-ex-Dream Theater) a fait partie du line-up live et il est très peu probable que sa notoriété et son emploi du temps lui permettent de s’associer à des bras cassés. Cependant, même si la technique est là et que cela s’entend très bien, ces morceaux qui s’étirent tout en manquant de points de repère pour l’auditeur lambda, rendent l’ensemble, disons-le, chiant.

Paul Di’Anno, pourtant, a recruté les mecs de Noturnall, plus le guitariste d’Electric Gypsy, Nolas, pour cette énième tournée à la gloire de ses années passées avec Iron Maiden. Comme il se doit, les musiciens s’adaptent au style des morceaux de leur boss. Il n’y a rien à redire sur la teneur musicale de l’ensemble et le son est bon. Le doute était toutefois permis quant aux capacités vocales d’un Di’Anno fortement diminué par ses problèmes de santé. Car l’homme ne se meut malheureusement plus qu’en chaise roulante, laquelle devra être portée sur scène, avec lui dessus. Et au final, si les jambes ne fonctionnent plus, l’organe vocal est toujours vaillant. Et l’humour présent. Paul Di’Anno plaisante à plusieurs reprises avec le public, et sait aussi faire preuve d’une pudique autodérision, comme lorsqu’il balance « today I’m in Hell (ndlr : en référence au nom de l’établissement où nous nous trouvons), sometimes I’m in heaven, but often I’m in pain », ce qui se traduit par « aujourd’hui je suis en enfer, parfois je suis au paradis, mais souvent, je suis dans la douleur ». L’idée que le concert pourrait s’avérer étrange et statique s’estompe très vite, et l’attention ne se porte plus que sur la musique. Quel bonheur, il est vrai, de retrouver des titres comme Charlotte the Harlot, Remember Tomorrow et son feeling incomparable, Genghis Khan, Killers ou Transylvania. À chacun ses préférés et, pour ma part, je regretterai l’absence de la setlist de Drifter, jouée sur d’autres dates, mais c’est vraiment pour faire la fine bouche.

Si ce concert ne fut pas le meilleur de ceux de l’année 2023, il fut aussi loin d’être inintéressant. Pour votre courage et votre volonté, je vous respecte, Monsieur Di’Anno.

Paul Di’Anno

 

Noturnall

 

Electric Gypsy

 

Nightride