Dimmu Borgir
Inspiratio Profanus
Genre black metal
Pays Norvège
Label Nuclear Blast
Date de sortie 08/12/2023

Site Internet

Dimmu Borgir a publié le 8 décembre 2023 une compilation de ses reprises titrée Inspiratio Profanus. Rien de nouveau à l’Ouest puisqu’il s’agit d’une re-masterisation et d’un agencement de toutes les reprises que le groupe a réalisées au cours de sa longue carrière en mettant à l’honneur des morceaux cultes ou fondamentaux de la culture metal.

Certains verront dans cette compilation, peut-être à juste titre, un moyen d’engranger des revenus avec peu de risques financiers, puisque sa sortie était programmée à quelques semaines de la période des fêtes. Mais il peut être aussi intéressant de se pencher sur le sens d’une telle compilation, qui fait la synthèse des inspirations de Dimmu Borgir, de ses origines, de son identité et des choix artistiques qu’il a faits. Ces Inspirations profanes sont un hommage vibrant à la culture black metal, mettant à l’honneur des titres old school. De la part des musiciens de Dimmu Borgir, le fait de montrer d’où ils viennent peut être perçu comme un moyen de réaffirmer leur légitimité, de mettre en parallèle leur contribution à l’histoire du metal et, enfin, de s’inscrire dans la continuité de celle-ci. Pour un groupe qui a désormais trente ans de carrière, nous pouvons facilement saisir toute la charge émotionnelle et nostalgique d’une telle entreprise.

La compilation s’ouvre donc avec Black Metal, sorti par Venom en 1982. Difficile de ne pas y voir l’image d’Epinal du genre, entre le Goat Lord mis en lumière par Venom d’une part, et la célébration du black metal qui pose tous les codes symboliques originels du genre, véritable point de référence, d’autre part. Dimmu Borgir ne fait pas exception et s’inscrit également dans cette tradition, notamment en reprenant dans son logo la figure de Baphomet ; à la fois de manière explicite ou de façon plus stylisée avec l’étoile à cinq branches.

Satan My Master, publié par Bathory en 1998, arrive en seconde position. Dimmu Borgir avait sorti cette reprise en 2003 sur Death Cult Armageddon, album orientant ses thèmes sur la fin du monde. Cette reprise, qui met en scène un sacrifice de soi afin d’assurer sa place auprès de Satan le jour du Jugement Dernier, est particulièrement bien choisie et, de nouveau, nous présente l’une des thématiques chères au groupe.

Dead Men Don’t Rape de Global Genocide Forget Heaven, sorti à l’origine en 1992, est issu de l’album de Dimmu Borgir Abrahadabra de 2010. Sur cette reprise, l’interprétation du groupe est celle qui s’éloigne le plus de l’original, contrairement à tous les autres titres de la compilation. En effet, la version authentique est un subtil mélange d’électro et d’ambiant très sombre et poisseux qui convient parfaitement au thème de la chanson racontant explicitement le viol d’une femme et sa vengeance. Cependant, c’est cet aspect électronique qui nous intéresse, car on pourrait y voir la source d’inspiration de Dimmu Borgir pour ce qui concerne sa tendance à introduire de plus en plus de synthétiseur dans sa musique à partir de l’album Enthrone Darkness Triumphant.

Noctural Fear, publié par Celtic Frost en 1984, est issu du second EP de Dimmu Borgir Devil’s Path sorti en 1996. Au même titre que Black Metal, Noctural Fear contribue à la construction de l’imaginaire et du folklore black metal. D’autant plus que ce titre traite de sujets angoissants, sombres et morbides ainsi qu’ésotériques et spirituels ; thèmes récurrents dans la musique de Dimmu Borgir.

Burn in Hell de Twisted Sister, édité en 1984 et introduit sur l’album Puritanical Euphoric Misanthropia en 2001, arrive au centre de la compilation. Avec le recul, imaginer Twisted Sister comme une inspiration profane pour Dimmu Borgir semble assez étonnant car ces premiers sont surtout connus pour leurs chansons légères et commerciales comme We’re Not Gonna Take It ou encore I Wanna Rock, à l’apogée de MTV et aux touches puériles et clips nanaresques ! Mais il faut reconnaître toute la théâtralité de Dee Snider, le chanteur de Twisted Sister. Or, Dimmu Borgir est aussi un groupe théâtral aux mises en scène, costumes et interprétations vocales grandiloquents.

Perfect Strangers, publié en 1984 par Deep Purple, est aussi extrait de l’album Abrahadabra. Ce morceau nous invite à réfléchir sur la fragilité des souvenirs, évoquant des moments passés qui sont désormais flous, voire perdus. Voici un titre particulièrement intéressant dans une compilation centrée sur l’idée de la nostalgie ; comme une évocation de la genèse désormais lointaine et sombre du black metal.

Metal Heart d’Accept, sorti en 1985, est issu de l’EP Godless Savage Garden de 1998. Accept avait inséré dans ce morceau des airs de musique savante connus comme la Marche slave de Tchaïkovski ou encore Für Elise de Beethoven. Or, Dimmu Borgir sera ensuite également connu pour s’être inspiré de compositeurs comme Chopin et Wagner à partir de sa transition orchestrale.

Enfin, la compilation se termine avec le second mixage de Nocturnal Fear, de la même façon que sur l’EP Devil’s Path, bouclant ainsi cette synthèse stylistique de Dimmu Borgir.

En conclusion, cette rétrospective est un bon sujet de réflexion autour des origines de Dimmu Borgir et des inspirations qui ont jalonné sa carrière. Cependant, la compilation en elle-même relève plutôt du goodie pour les puristes qui souhaitent posséder la collection complète puisqu’après tout, ces reprises sont toutes disponibles sur les précédentes sorties du groupe. Les seules différences résidant dans le nouveau mastering des titres et un packaging désormais unique à tous leurs bonus tracks.