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Nous entamons ce voyage avec rien de moins que la pièce titre, Engraved with Pain. Le déploiement de l’univers de Morne s’installe dès lors avec des rythmiques élancées, aux influences industrielles évidentes sur fond de voix murmurées. On prépare l’auditeur. Les instruments arrivent à bon port, une batterie aux rythmiques rappelant un peu Sepultura durant ses moments les plus tribaux (album Roots par exemple), en plus modéré, guitare rythmée mais plutôt axée sur les effets tonitruants entre deux riffs rythmiques excellents. Les fans de Russian Circles, Cult of Luna et consorts jubileront, ou seront happés par la tristesse latente propre à ce style musical. Les vocaux sont crus et organiques. L’avènement de toute cette masse de façon graduelle est sublime. Je pense à Killing Joke, Ministry. Je suis ravi comme un enfant devant un magasin de bonbons.
Avec Morne, la batterie et les vocaux sont au premier plan. Cela donne une forme humaine aux compositions. Par les vocaux, on se sent interpellé personnellement. Et c’est bien ! Car sur cet album, on veut discuter de certaines observations faites sur le monde d’aujourd’hui. On voyage dans un exposé sur l’Humain, transcendé par d’excellentes ambiances délivrées par la basse et surtout la guitare, qui se démène en textures et expressions, le tout légèrement en second plan afin d’agir comme un paysage sonore plutôt que comme une charge directe sur l’auditeur. Cela change du metal traditionnel que l’on est habitués à entendre. On joue dans un format de près de dix minutes sans lasser l’auditeur. Les progressions sont subtiles et hyperefficaces, comme par exemple dans Memories like Stone, où parvenus à un certain apogée, on nous livre un solo de guitare midtempo ultra bien senti, sans exagérations, juste parfait. Une petite merveille, cette compo ! Je n’ose imaginer ce titre en concert, OUF !
On enchaîne avec Wretched Empire, le premier single offert avec sa vidéo. Voir le lien ci-joint : https://youtu.be/ytZt_2ICLjw
Ce titre me rappelle fortement Celtic Frost ! L’énergie y est indéniablement grandiose. Des sonorités vraiment quatre-vingt-dix ! La basse est puissante et métallique, le travail studio est impeccable. C’est un vrai plaisir à l’écoute. La batterie sonne réellement bien, elle aussi. Le rendu est très abouti. On procède par répétitions comme le ferait Jourgensen de Ministry. Avec une puissance désarmante et de quoi accrocher le plus blasé. De la nourriture pour les oreilles. C’est accrocheur et efficace à souhait. Les vétérans de Morne ont atteint un sommet de puissance et d’ingéniosité. Magistral.
Avec Fire and Dust, on referme bien la boucle. On ne s’égare pas, on garde le cap fièrement. Les paroles bien marquées au fer rouge. Cet épilogue est scindé en deux : une première partie dans une forme standard, et une deuxième, plus énergique, qui voit le batteur user de double kicks, et la guitare qui s’élance, dans ses derniers efforts, pour stimuler l’auditeur et lui dire au revoir d’une façon marquante.
Morne a atteint au fil des ans une maturité et une expérience hors pair dans son style musical. Ce groupe est, pour moi, une valeur sûre. Engraved with Pain marquera les fans ainsi que ceux qui oseront une écoute. Quatre pièces pour quarante-cinq minutes peuvent faire peur aux non habitués, mais croyez-moi, cela se vit comme un charme lorsque c’est bien fait, et c’est le cas ici.