Crown Solace
Animus
Genre metal symphonique
Pays Royaume-Uni
Label autoproduction
Date de sortie 03/08/2023

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Il faut bien admettre que ce qui fait l’impact, la signature, de Crown Solace, c’est l’exceptionnelle voix de Pete Rawcliff qui allie une technique époustouflante à des interprétations authentiques. Mais ce qui rend le groupe crédible au-delà de ce lead remarquable, c’est la qualité des compositions qui sait mettre en valeur cette voix dans toutes ses aptitudes. Le timbre est contrebalancé par le scream de Callum Hutchinson qui, loin d’être un faire-valoir, possède aussi ses propres lignes virtuoses. Les orchestrations les accompagnent, à merveille, ancrées par la guitare de Valentyn Tkach et rythmées par la batterie de Menzies Johnson. Il semble que tout le monde ait trouvé sa place et se mette au service d’émotions intenses et intimes.

En effet, les thèmes abordés dans l’EP sont très intérieurs. Entre questionnements profonds, amours déçus et volonté d’action, chacun peut s’y retrouver et la manière dont les morceaux sont composés permet de sublimer des sujets communs et universels. L’EP commence, dans ce sens, avec Inside My Mind, un morceau qui laisse apparaître les racines épiques du groupe en alternant le chant clair et aérien de Pete et le son growl saturé et ancré de Callum. Vocalement, on peut apprécier les variations de Pete entre une technique de chant classique maîtrisée et des cris déchirants, et celles de Callum entre growls et screams. Ce qui est également remarquable et fortement appréciable est que cette technique n’est jamais là pour faire de l’esbroufe, elle se met pleinement au service de l’émotion.

Animus arrive ensuite avec des mélodies extrêmement efficaces et dramatiques. Il y a là tous les ingrédients pour faire un tube. Des airs plus pop se font sentir mais sans pour autant tomber dans la facilité. Mention spéciale au passage growlé de 3m à 3m28 qui adopte un groove et une amplitude délicieuse. Quand arrive le tour de Dangerous Eyes, l’ambiance s’assombrit et les lignes de chant sont plus lisses, si bien que les paroles se comprennent aisément mais ne tombent pas dans la monotonie, grâce à des backing vocals déchirants. Ces derniers sonnent alors comme des émotions rugissantes derrière les mots de la raison. Il faut également souligner la grande variété vocale et l’aigu de la fin qui fera pleurer n’importe quelle âme sensible.

The Sounds That Make Me Feel Alive arrive en quatrième position et garde une part de ténèbres avec une esthétique plus « ballade ». Les refrains pop alternent avec des couplets growlés au groove toujours présent. Des passages parlés apportent un relief supplémentaire et le dernier « forever » fait un lointain écho au même mot prononcé vingt ans plus tôt à la fin de Bless the Child de Nightwish. Un groupe qui, au-delà de ce mot, semble avoir inspiré Crown Solace à bien des niveaux. De l’épique, une voix aux saveurs classiques, des chœurs dramatiques mais un tout moins pompeux et plus intime à la manière d’un Within Temptation. Une similitude qui peut également se percevoir à la fin du titre Return to Dust, un morceau qui ajoute des instruments folkloriques et un grain de folie à la Klaus Nomi pour la voix.

En somme, cet EP rassemble tous les ingrédients d’un bon metal symphonique : de l’émotion, du groove saupoudrés d’une bonne dose de technique. On sent clairement une patte qui traverse tous les morceaux sans pour autant qu’il y ait de redite, chacun ayant sa propre identité. Le groupe qui revendique des inspirations telles que Nightwish, Epica aussi bien qu’Amaranthe et Architects a su néanmoins tracer sa propre voie. Loin d’être une ombre de plus dans le sillage de ces géants, Crown Solace apporte sa propre lumière sans bafouer les racines du genre. À écouter sans modération et à suivre de près, je suis certaine que le quatuor est promis à un bel avenir !