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My Own Fear débute son parcours en 2011 dans le Val d’Oise, au nord de Paris, en nous proposant un metal naviguant autour d’influences thrash ou death bien connues car légendaires, telles Kreator, Morbid Angel, Slayer ou le précurseur Death.
Vous l’aurez compris, on ne fait ici pas dans la berceuse mais plutôt dans l’énervé à l’ambiance old school. Le groupe enchaîne les concerts sur la scène locale et française, partageant tout de même une affiche avec Loudblast. La scène, ce line-up fort de cinq membres en a fait sa principale expérience, publie un premier EP intitulé Rise en 2014, et nous propose aujourd’hui son premier album, signé chez Music Records en Suisse, Violence Made History. Un titre sans équivoque, tout comme la pochette affichant une statue antique massacrant à coups de marteau l’un de ses congénères au cœur de pierre.
Rise démontrait déjà un penchant pour un metal brutal rapide, précis et technique. Pour autant, le groupe n’hésite pas à introduire quelques passages acoustiques ambiants (qui rappellent irrésistiblement Nile) et à aérer ses compositions les plus intenses par de lourds ralentissements de tempo bien sentis. Le chant, à l’époque interprété par Marine (qui depuis a quitté le groupe) donne un côté un peu Dani Filth (Craddle of Filth), oscillant entre chant guttural et crié, donnant un bel effet de chaos maîtrisé. Brut de décoffrage, la prod est sans fioritures, old school. La batterie manque un peu de corps question son et mériterait d’être plus en avant car est charismatique.
Sur History Made Violence, nous retrouvons un peu la même recette, mais comme en tout groupe qui évolue, en beaucoup plus abouti. On aura aimé ses ambiances acoustiques qui tranchent avec la brutalité dominante et ça tombe bien, l’ingrédient est de nouveau présent au son des guitares de Fabrice Dermon et de Stéphane Neraud. Tout comme sur Rise, l’introduction est théâtrale. Exit la guitare acoustique, ici c’est au piano sombre et à l’ambiance envoûtante que cela se passe.
S’enchaîne le début des hostilités, faisant entendre un premier riff bien thrash sur lequel se fait entendre la basse distortionnée de Gilles Sala, qui doit avoir les doigts en feu. Au fil des morceaux, le groupe fait vivre ses compos. Il enchaîne riffs incisifs, rapides, ralentissements lourds au headbanging contagieux, accélérations chaotiques sur solos à fond la caisse, orchestrés par les breaks du cogneur de fûts Sébastien Geley. Les influences mentionnées sont bien présentes, martelées par la voix bien posée de Nicolas Benloulou, ajoutant l’ingrédient ultime à ce death-thrash technique. Fort des plus de dix années d’existence du groupe, le résultat est un album qui gagne en intensité avec ses riffs de tueurs remarquablement exécutés, aérés de mélodies dantesques. L’expérience acquise donne naissance à un album au rendu plus subtil et varié, tant techniquement qu’harmoniquement parlant. Chacun des guitaristes trouve sa place dans un jeu qui lui est propre et complémentaire de son co-instrumentiste, donnant sa touche finale à un premier opus qui place la barre bien haute. Une invitée de marque donne la réplique à Nicolas, ajoutant au chaos ambiant sur le morceau Salem. Il s’agit d’une pionnière dans le chant guttural féminin français, en la personne de Sybille Colin-Tocquaine, chanteuse et fondatrice de Witches en 1986. Old School My Own Fear, on vous le disait.
Pour les amateurs de headbanguing intense, à découvrir en concert le 14 janvier 2023 au Demonbar à Outarville, dans le Loiret (France).