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Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Les paroles de Charles Aznavour collent parfaitement à la résurrection de Sword. Elles pourraient même s’étendre à bon nombre d’amateurs de formations de classic heavy metal de la fin des années ’80 qui inondaient les ondes des stations américaines (Dokken, Ratt, Lillian Axe ou Lizzy Borden). Malgré une distribution assez anonyme, le premier album de Sword, Metalized, a été rapidement considéré comme une plaque essentielle, voire culte par les aficionados du genre. Pourtant, la notoriété du groupe s’est rapidement étiolée deux ans plus tard après la sortie de son successeur Sweet Dreams. La réputation du groupe emmené par les frères Hughes n’avait alors guère dépassé les frontières du Canada. Ce qui est, au final assez regrettable vu la qualité des premières compositions…
Le groupe nous offre donc ici, trente-six ans plus tard, une séance de rattrapage avec l’album sobrement intitulé III et qui, comme son titre l’indique, représente la troisième véritable livrée du groupe. Quoique… En effet, plutôt que de proposer de nouvelles compositions récemment écrites, cet opus rassemble les chutes de l’album Metalized. Soit 8 titres écrits durant la session de composition de Metalized (1986) qui n’ont finalement pas été retenus dans la sélection finale de l’album pour différentes raisons. La formation canadienne emmenée par les frères Rick (chant) et Dan Hughes (batterie) a gardé son line-up originel avec l’excellent Mike Plant (guitare) et Mike Larock (basse).
Bad Blood, le titre d’ouverture de cet opus, n’est d’ailleurs pas à la hauteur de ses prédécesseurs. Certes, les riffs de guitare s’entremêlent avec dextérité et Rick Hughes a conservé de beaux restes mais l’ensemble manque de cette cohésion que (I Am) In Kommand vient rapidement combler. Il faut dire que ce deuxième titre n’a pas été choisi par hasard comme single. Son clip vidéo tourne déjà à plein régime sur les plateformes…
Dirty Pig poursuit dans la même veine. Son riff explosif fait son œuvre et s’inscrit durablement dans les esprits. Ce titre aux mélodies directes et incisives vous emmène dans les méandres d’une chanson dont le thème principal aborde l’abus de pouvoir et de confiance. Comme quoi, l’histoire est un éternel recommencement.
Vient se glisser ensuite Surfacing, un interlude dispensable d’1’30 qui introduit, en fait, le sixième titre Spread The Pain, la pierre angulaire de cet album. Rick Hughes y fait étalage de son grand registre vocal en se baladant avec une déconcertante facilité dans les aigus comme dans les graves.
Mais ce bon album ne s’arrête pas à ce simple constat. Il ne faut pas minimiser l’apport de Mike Plant qui est un véritable virtuose comme le démontre Took My Chances, un titre lourd sur lequel le gratteux fait glisser ses doigts avec frénésie. L’album se termine sur le refrain entêtant de Not Me, No Way.
Au final, III est un bon album. On regrettera juste que sa durée dépasse, à peine, la demi-heure. Certes, cela ne sert à rien d’aligner les titres pour remplir un album. Mais bon là, on reste avec un goût de trop peu. Fort heureusement, la qualité des compositions remises au goût du jour permet aussi la relecture musicale de Metalized. Et sincèrement, 6 des 8 titres de cet album auraient très bien pu s’y retrouver aussi. Preuve que le groupe a conservé de beaux restes…