Cette tournée est la première que vous faites depuis la pandémie. Comment se passe-t-elle ?

Oui, pour nous, c’est vraiment génial de repartir en tournée. Nous avons fait une petite tournée avec Paradise Lost en Angleterre, mais seulement au Royaume-Uni, je crois que c’était fin février de cette année… Nous avons pu faire quelques concerts pendant la pandémie au Portugal, également en Slovénie et en France où nous avons fait un festival, mais c’est maintenant qu’on revient dans la réalité car il y a beaucoup de tournées qui ont été reportées l’année dernière et pendant la pandémie. En ce moment il y a énormément de tournées en cours, tous les jours on assiste à des concerts du même genre avec les mêmes groupes et qui croisent le même public, donc c’est plus difficile pour le public d’assister à tous les concerts. Cela a d’ailleurs posé un problème pour les promoteurs qui ont dû gérer toute cette demande. Mais pour les concerts, c’était génial parce que nous avons pu faire exactement ce que nous avons toujours voulu faire : on compose la musique, on la sort, puis on la fait connaître et ensuite on la joue en live pour enfin avoir le contact direct avec le public.

Quelle est la réaction du public ?

Je pense que c’est génial, mais je suis sûrement la personne la moins indiquée pour répondre à cette question. C’est quelque chose que vous devriez demander au public ; pour notre part, nous sommes toujours très heureux d’être de retour sur la route pour pouvoir enfin donner aux fans le meilleur de nous-mêmes.

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’enregistrer le dernier album dans une grotte ? C’est une idée très originale.

Vous savez, Fernando vit dans une zone où se trouvent ces grottes, ce sont en fait les grottes les plus connues du Portugal. Tout est organisé afin de faire venir les visiteurs, il y a un ascenseur et tout une infrastructure pour accueillir du monde. Fernando était en train de visiter la grotte et en parlant avec l’un des responsables il a découvert que c’était un grand fan de Moonspell ; il lui a donc demandé si on pouvait faire une séance photo là-bas. Ils ont été très accueillants et nous avons fait une séance photo, puis nous avons décidé de faire un clip vidéo du single The Common Prayers. Par la suite, nous avons pensé que ce serait une bonne idée de faire un concert à cet endroit. Il y avait déjà eu des concerts par le passé, mais bien sûr dans d’autres genres de musique, du fado ou des concerts avec des violons. Dès qu’il s’agit de rock ou de metal, le son est totalement différent, c’est une tout autre histoire […] Ce live est très exclusif car c’est uniquement au moment où les places ont été vendues que le public a vraiment su où allait se dérouler le concert.

Combien de personnes ont assisté au concert ?

Soixante personnes, je crois… Ça été une première de faire un concert dans ce registre musical dans un endroit pareil ; nous avons installé des chaises pour le public. La production était assez intéressante… ça n’a pas été aussi difficile qu’on aurait pu le penser. Le planning était bien établi, tout a été très bien organisé et bien pensé. Je pense que nous avons fait des choses bien plus difficiles par le passé… Il n’y avait pas vraiment de script, nous avons tourné le clip dans l’après-midi afin de respecter le public car nous ne voulions pas que des caméramans évoluent entre nous pendant le concert. Nous avons donc joué tout l’album une première fois sans public l’après-midi, ce qui nous a rendus sereins.

Il y a beaucoup de vampires, de loups et de loups-garous dans les pochettes de vos disques. D’où cela vient-il ? Est-ce que ça vient de l’univers gothique ?

Les vampires n’ont pas fait long feu mais les loups oui, bien sûr. Habituellement, on nous appelle « les loups » car nous avons dû vraiment lutter pour survivre ; nous nous comportons comme des loups dans beaucoup de sens. Je pense que dans tout cet univers imaginaire, ces métaphores et cette poésie derrière ces symboles, les loups, les corbeaux, les vampires, tout cela ne vient pas forcément de la musique, mais plutôt de la littérature. J’ai beaucoup évolué dans la musique gothique mais, personnellement, je n’ai jamais vraiment adhéré à ces icônes, qui appartiennent plus au monde du metal. Nous n’avons d’ailleurs jamais utilisé de crânes, ça fait un peu cliché… Dans ce milieu, beaucoup de monde s’en sert, mais vous savez, nous avons un crâne humain dans notre local de répétition, un vrai ! C’est une tête sans la partie inférieure et elle nous inspire quand nous répétons, c’est un peu comme une mascotte. Pour être honnête, tout cet univers imaginaire est nécessaire à toute forme de poésie (ndlr : Fernando Ribeira a écrit et publié plusieurs recueils de poèmes). Si tu veux que la musique te conduise ailleurs, tu dois te créer des repères. Pour nous, les vampires et les loups sont des repères familiers mais pour Moonspell la lune constitue l’icône la plus importante.

Avez-vous utilisé la guitare de fado (guitare portugaise) dans l’une de vos chansons ?

Oh oui, bien sûr, nous l’utilisons car Ricardo joue de sa guitare de manière à ce qu’elle sonne comme une guitare portugaise (de fado) mais je ne suis pas un expert. Ceci dit, je pense que le feeling est la chose la plus importante, parce qu’un instrument est juste un instrument. Vous pouvez jouer du rock, avec mais la guitare de fado ça sonnerait plutôt bizarre, nous utilisons très peu ce genre de guitare.

Est-ce que vous avez commencé à composer pour le prochain album ?

Oui, nous sommes en plein dans le processus d’écriture mais nous n’avons pas encore décidé de la direction que nous allions prendre. Nous devrions aller de l’avant, car nous avons beaucoup d’idées musicales, mais à un certain moment, nous devrons choisir ce qui correspond à la direction que nous voulons prendre. Parfois, vous pouvez avoir une grande idée musicalement parlant, mais elle ne correspond pas à ce que vous faites à ce moment-là. Cela arrive souvent, vous apportez vos idées et vos compositions pour le nouvel album et finalement ça prend un certain temps pour s’intégrer dans l’ensemble. Pour l’instant, nous essayons de trouver la place qui nous convient et nous saurons alors quelles chansons sont les plus intéressantes pour l’album. Lorsque nous écoutons les nouvelles compositions, il y a des facteurs communs qui influencent la direction que nous voulons prendre. C’est toujours 50 % de travail intellectuel et 50 % de travail musical. Je me souviens d’une chanson que j’ai écrite ; à ce moment-là, je ne savais pas pourquoi, c’était juste un feeling… puis des mois et une année sont passés et j’ai enfin découvert pourquoi je l’avais écrite. C’est à ce moment-là que j’ai analysé ce qui se passait à cette période de ma vie et qui m’a amené à écrire cette chanson. On a tous des idées, c’est moitié moitié, j’écris et Ricardo également, on écrit de la musique ensemble depuis 1995. C’est un long processus qui dépend beaucoup de l’inspiration de chacun.