Dix ans, ça se fête ! Du moins est-ce l’anniversaire que célèbre cette année La Horde Séquane, association organisatrice d’événements black metal en Jura suisse et Franche-Comté, au travers de la dixième édition de son Forest Fest. Pour l’occasion, l’association invite les adeptes de metal extrême à se joindre à l’événement aux côtés d’une vingtaine de groupes issus de cette scène, à la cabane forestière de la commune de Chevenez, de nouveau au cœur du mois de juillet après une édition 2021 ayant exceptionnellement eu lieu en septembre, pour une célébration de décennie en petit comité. Pour l’amatrice de black metal que je suis, être conviée à couvrir un tel événement, qui plus est dans un cadre aussi idyllique, est un honneur, et c’est certes sans photographe, mais bien entourée de trois compagnons de route — que je remercie encore par ailleurs — que je me rends dans le Jura suisse pour m’acquitter de cette tâche en ce vendredi 15 juillet.
Les quelques aléas de trajet nous conduisent à arriver vers 15 h et, par là, à manquer la prestation de Disfuneral ; cependant nous arrivons à temps pour les derniers moments de celle d’Ars Veneficium. Avec son black metal bien rodé accordant une place honorable à la guitare, le corpse paint et les tenues noires aux vestes ouvertes arborées par ses membres, le groupe belge poursuit l’ouverture du festival efficacement et donne le ton sur ce qui en fera la suite, d’un point de vue aussi bien visuel qu’auditif.
Après une courte pause, Balmog lui succède sur la petite scène du Forest Fest. Le groupe joue un black metal lent et sombre, mais plus brûlant que froid, le tout en étant recouvert de faux sang, dans une esthétique visuelle et musicale qui rappelle Belphegor par quasi tous ses aspects. Cependant, les Espagnols savent apporter une agréable variété dans leurs compositions, qui permet à ces dernières de se démarquer et rend le set fort plaisant. Seul petit couac, le frontman Balc casse une corde de guitare pendant un morceau et n’a du fait pas le temps de régler correctement la guitare de remplacement, dont le son s’en retrouve assez brouillon.
Le groupe qui suit affiche le nom de ce dernier sur le dress code de ses musiciens, qui arborent tous bracelets à piques, ceintures à balles et faux sang sur le visage et le corps : il s’agit de Streams of Blood. Dès le départ, et sans perdre de temps, le chanteur Thymos alpague un public qui lui répond de bon cœur, stimulé par les prestations précédentes. Par la suite, les Allemands font montre d’une motivation et d’une implication qui font plaisir à voir. Côté musique, leur black metal est sympathique, mais varie peu dans son rythme et son ton ; heureusement, le sens de la communication des musiciens compense cette certaine monotonie.
Alors que l’après-midi touche à son milieu, en même temps que l’heure change le ton du Forest Fest avec l’arrivée sur scène de Slaughter Messiah. Et autant dire qu’au vu d’un tel nom, l’ambiance promet d’être guerrière ! Si le groupe belge ne possède pas à son actif une discographie très fournie — « seulement » un album studio et quelques productions de moindre ampleur —, il sait en tirer profit pour échauffer les cœurs et les esprits de son public. Tout chez Slaughter Messiah rappelle Motörhead, de ses riffs speed et old-school mêlant tous les genres du metal extrême à l’attitude de son frontman Lord Sabathan, basse en main et tête levée vers un micro surélevé, à l’image du regretté Lemmy Kilmister. L’un après l’autre, les morceaux frappent dans le mille, aidés par l’alchimie entre les musiciens, notamment Rod « Iron Bitch Desecrator » et Thomas « Exhumator », qui semblent en permanence en plein dialogue guitaristique. Ce cocktail explosif me fait du bien, ainsi qu’aux spectateurs au centre du public, qui donnent naissance aux premières agitations… Autant dire que la prudence est de rigueur ! Malgré ce « danger », la prestation de Slaughter Messiah est dynamique et plus que plaisante, déjà une des plus marquantes du Forest Fest.
Par la suite, un retour au calme —relatif — s’opère avec cette fois-ci la prestation de Hell Militia. Plus de sérieux dans le ton, moins rapide dans le rythme, le black metal occulte des cinq Parisiens remet tout le monde à sa place pour rendre hommage aux Enfers et à leur souverain comme cela leur est dû — et, accessoirement, faire la promotion du nouvel opus, Follow Void. Les musiciens semblent en tout cas prendre ces deux tâches très à cœur et font preuve, d’une part, d’une belle constance dans le rythme de leur set — avec toutefois quelques accélérations pour donner un coup de fouet —, d’autre part, d’un certain sens de la théâtralité. À ce jeu, le guitariste Samoth excelle tout particulièrement, roulant des yeux et criant comme s’il était habité par le démon… Hell Militia impose le respect, et cela fait plaisir à voir comme à entendre et, surtout, à vivre.
L’heure tourne, arrive la soirée et, avec elle, les premières têtes d’affiche ; à commencer par Possession. À l’instar de ses compatriotes belges de Slaughter Messiah, le quintet tire profit de son seul album studio et d’autres productions pour semer la destruction. Pour le vocaliste V. Viriakh, cela commence par son pied de micro, qu’il jette violemment sur la scène dès le premier titre ! La suite de la prestation se déroule à l’image de son début ; autrement dit, sous le signe d’un black/death metal teinté de violence et de (faux) sang. Pour ma part, si ce style ne me parle que peu, je me dois tout de même de lui reconnaître une efficacité de tous les diables. J’en veux pour preuve la réaction du public, chez qui l’agitation fait son retour. Quelques soucis sont toutefois à déplorer, tel un réglage de son peu abouti de la guitare lead, dont certaines notes sont inaudibles, ou des pieds de micros cassés… Sur sa fin, la prestation atteint son paroxysme avec la présence de pas moins de sept personnes sur scène, parmi lesquelles Onbra Oscura, dans un joyeux désordre. Slaughter Messiah avait créé l’agitation, Possession crée quant à lui le chaos !
Ce chaos était cependant le préambule d’un autre, celui qu’Heretic a apporté dans ses bagages. Si certains des groupes précédents adoptaient déjà une approche old-school, le trio néerlandais porte cette dernière à un autre niveau. Sous un éclairage de scène aux couleurs du soleil couchant, Thomas Goat, Tony Hellfire et Tom auf der Axe assènent leur « black’n’roll » teinté de punk aux oreilles d’un public qui, de tout évidence, lui est déjà familier. J’en veux pour preuve les sourires béats sur les visages et les regards presque tendres adressés au groupe çà et là… Esprit punk oblige, les morceaux sont courts et s’enchaînent très vite. Néanmoins, Thomas Goat, loin d’oublier pour autant la communication avec son audience, prend longuement le temps de discuter avec cette dernière entre chaque morceau ou presque. En plus d’un très bon show et d’une bonne leçon de black’n’roll, Heretic partage une bonne humeur qui donne envie de mieux le connaître.
Alors que ce premier jour du Forest Fest touche bientôt à sa fin, le dernier groupe de la soirée nous réserve une petite surprise. Devant à l’origine jouer le lendemain après-midi, Vortex of End s’est vu proposer de remplacer Ragnarok ce soir suite à l’annulation de la venue de ce dernier. Un petit défi à relever pour le trio récemment devenu quatuor avec l’arrivée de NBR, alias Onbra Oscura, mais qui ne lui fait pas peur. Une bonne chose, puisqu’en effet, quoi de tel qu’achever la soirée avec une petite dose de black/death assaisonné de prog, face à une scène au somptueux décor de barres enflammées et ornées de têtes de porcs ? Ce sens de l’exagération théâtrale se retrouve chez les quatre musiciens, plus notablement chez Nagarth « NGH », qui mène le jeu depuis le côté droit de la scène, et Onbra « NBR », au moins aussi agité que lors de la prestation de Borgne au LADLO Fest II… Le temps que les flammes consument une des barres, Vortex of End livre une prestation digne de fin de soirée, qui apporte qui plus est sa touche de modernité à une programmation axée sur le old-school. Défi « s’improviser tête d’affiche » relevé !
Of Steel, ensemble de reprises heavy metal, assure l’after-show aux alentours de minuit et demi ; cependant, pour moi, l’appel du sommeil est trop fort pour que je me sente en capacité d’y assister.
Après une bonne nuit de sommeil, quelques cafés et une interview avec Alain Thievent, président de La Horde Séquane, plus tard, me voilà d’attaque pour une nouvelle journée de concerts. Celle-ci commence sous des auspices favorables avec les locaux d’Asgard, venus promouvoir leur premier album sorti en 17 ans de carrière, Leuchtenstadt. Si le groupe ne brille pas par l’originalité de son nom, il se distingue tout de même, d’une part par sa capacité à achever de réveiller le public grâce à un black metal à l’interprétation carrée, d’autre part par son sens du style, trois musiciens sur cinq arborant d’indispensables lunettes de soleil et expressions typiques du corps paint — sans même être maquillés ! À ce niveau, mention spéciale au nouveau bassiste Lector, dont les moues boudeuses prêtent à sourire. Tous profitent de l’espace scénique pour se lâcher, Abaddon en frappant, les autres en bougeant partout, jusqu’à ce que le set s’achève par un magistral lécher de crucifix de la part du vocaliste Thulus. Bon début de journée !
Infamy prend la suite, trio descendu tout droit des Hauts-de-France. Après une longue introduction aux forts aspects doom, le batteur Richard « Insane Ceraphine » donne un puissant coup d’accélérateur sur les fûts, et voilà le groupe ainsi que nous autres spectateurs partis pour quarante bonnes minutes de mélange entre black et thrash. Sur conseil d’un bénévole, les trois musiciens ont équilibré le son pendant les balances ; en résulte une expérience auditive agréable qui permet de profiter au mieux des longues phases instrumentales des morceaux ainsi que de la voix éraillée et agressive de Vincent « Morbid Ebenezer » venant s’y greffer. Les trois membres d’Infamy sont très investis dans leur prestation et le démontrent chacun à sa manière, Insane Ceraphine en criant en chœur avec le frontman ; le bassiste H. K. A., sous ses allures nonchalantes, s’amuse clairement comme un petit fou. Porté par cette alchimie de tous les instants, Infamy ne s’interdit rien et va jusqu’à abandonner complètement la guitare le temps d’un morceau, petite surprise pour ceux qui ne connaissent pas. Petite, mais assurément bonne, à l’image de la prestation d’Infamy !
Par la suite, Infamy laisse place à des compatriotes français, ceux de Ritualization. Connaissant pour ma part déjà le groupe pour l’avoir vu en tête d’affiche du Mo(r)moros Death Fest en décembre 2021, je suis plutôt ravie de revoir les quelques gimmicks faisant le charme de ses prestations, notamment les expressions possédées du chanteur Warchangel. À première vue, tout y est : les gimmicks en question, les bons gros riffs black/death, l’exécution calibrée telle un rituel… tout, à l’exception malheureuse d’un bon calibrage sonore. Ce dernier manque d’équilibre, malgré un travail exigeant pendant les balances… Cela étant, le talent indéniable des musiciens rend la prestation de Ritualization accrocheuse, notamment grâce à la complémentarité entre les deux guitaristes, Infamist et Da’ath. Quant au choix des morceaux de la setlist, bien que cette dernière soit écourtée, il révèle toute sa pertinence à l’avant-dernier morceau, moment où les esprits commencent à s’échauffer pour la première fois de la journée…
Nocturnal ayant été contraint d’annuler sa prestation en urgence en raison d’un problème de santé d’un de ses membres, les Italiens de Frostmoon Eclipse viennent remplacer le groupe allemand au pied levé. « Apparemment, on va prendre une claque », dit un festivalier. Dans tous les cas, l’ambiance devient plus sobre, mais aussi plus sombre, que pour la plupart des groupes ayant précédé. Tout de noir vêtus, les quatre hommes jouent un metal de la même couleur, chargé en mélancolie tant dans ses compositions que dans les thèmes abordés. Tous mettent beaucoup de cœur à l’ouvrage : le guitariste et membre fondateur Claudio Alcara se montre très concentré sur son jeu, tandis qu’à l’inverse, ses camarades adoptent un jeu de scène très expressif fait de headbang et de cris déchirants poussés dans un micro empoigné à deux mains par Lorenzo Sassi. Vers la fin d’un set ayant fait un grand tour de la discographie du groupe, le chanteur annonce un morceau sorti récemment, traitant du deuil et de la perte ; des thèmes peu enjoués auxquels les spectateurs paient le respect qui leur est dû en restant calmes — et accessoirement à l’ombre, le soleil tapant fort à cette heure. À la fin de ce show, une conclusion s’impose : Frostmoon Eclipse nous a bel et bien administré une claque, émotionnelle et atmosphérique. Un mal pour un bien que l’annulation de Nocturnal…
Endezzma succède ensuite sur la scène, venu tout droit des fjords norvégiens pour nous servir un black metal à l’image de ces contrées aussi fascinantes que glacées. Toutefois bien loin de l’atmosphère froide et austère de ces dernières et du groupe ayant précédé, le black metal du quintet se veut épique et rythmé, proche de Watain dans l’esprit. En adéquation avec cette ligne directrice, le jeu de scène d’Endezzma est théâtral, voire grandiloquent, des visages peints en blanc et barbes peintes en noir à Morten Shax mettant les mains en prière et levant les poings. À quatre à l’avant de la scène, les musiciens bougent peu, mais communiquent beaucoup, et Mattis Malphas démontre la technicité de son jeu de guitariste. De son côté, l’audience se montre réceptive et se prête au jeu, levant les poings en signe d’encouragement.
La programmation de ce second jour du Forest Fest marque par la suite un changement de registre avec le show des Allemands de Sijjin, passant du black metal au death/thrash. Outre ce style, le trio se distingue également par sa thématique de prédilection : la mythologie sumérienne, comme l’indique d’ailleurs très clairement le titre de son premier album, Sumerian Promises, sorti l’année dernière. Autant dire que nous avons affaire à une formation prometteuse malgré sa jeune expérience… et qui ne manque pas l’occasion de démontrer sa valeur sur scène ! C’est du moins ce dont je parviens à juger à distance, m’étant mise à l’écart de la scène pour à la fois recharger les batteries de mon téléphone et les miennes. Les morceaux sont courts, rapides et frappent dans le mille. Retournant près de la scène pour les derniers morceaux, j’observe avec surprise la présence de tambourins sur un côté de la batterie et avec plaisir l’enthousiasme et la simplicité des musiciens, sur scène sans décor et armés uniquement de leurs instruments et de leur envie d’en découdre. Bien que n’appréciant pas particulièrement le style death/thrash, je reconnais volontiers de précieuses qualités à Sijjin, qui mérite sans conteste son succès.
Cette dixième édition du Forest Fest ouvre la voie à la rencontre entre le nord et le sud de l’Europe, au travers de l’affiche dans son ensemble, également au travers d’un des groupes sur cette dernière : Darvaza, Formé de l’Italien Gionata « Omega » Potenti, également batteur de Frostmoon Eclipse, et du Norvégien Wraath, le duo présente sur scène le fruit de son travail, un premier album intitulé Ascending into Perdition sorti en février dernier, accompagné de trois musiciens live parmi lesquels Davide Gorrini à la guitare, officiant également dans Frostmoon Eclipse à la basse. Après une introduction sur fond de bruits de bourdonnements de mouches, retentissent bientôt les premiers riffs saveur black metal occulte et bourrin a la Watain ou Marduk, servis par cinq musiciens unis pour le meilleur. Sous leurs allures de clowns tristes en noir et corpse paint, tous démontrent un bel enthousiasme dans leur jeu de scène. L’union fait la force, dit-on, et Darvaza trouve la sienne dans son efficacité en tant qu’équipe, chaque membre appuyant et complétant les autres — Davide Gorrini et Tumulash prodiguent notamment un excellent chant additionnel. L’alchimie prend bien, au point de faire oublier le côté « dejà-vu » de la thématique du satanisme. Bien sympathique, et un bel exemple d’esprit de groupe que Darvaza !
Dix ans après la tragique disparition de son chanteur Trondr Nefas, Urgehal a choisi la dixième édition du Forest Fest pour une reformation exceptionnelle en hommage à l’artiste défunt. Que ne pouvait-on espérer de mieux pour l’édition anniversaire d’un festival fêtant ses dix ans ? Ce genre d’événement rassemble les foules, et celle du Forest Fest attend avec impatience de voir réuni l’ancien line-up du groupe norvégien — encore un ! — et Sorath Northgrove, Mattis Malphas et Morten Shax — encore eux ! — en invités de marque… À ces attentes, Urgehal ne tarde pas à apporter une réponse qui met tout le monde d’accord ; ceci dès le début du set, qui démarre sur les chapeaux de roue ! Par la suite, plus d’une heure durant, Enzifer, Uruz et toute leur clique se livrent à une rétrospective des meilleurs moments de la carrière du groupe et de Trondr Nefas, ceci sans la moindre défaillance — hormis une guitare lead qui peine parfois à se faire entendre dans la masse. Le rythme est rapide et nerveux, constant, sans relâchement à déplorer et, du côté des spectateurs, la joyeuse agitation règne en permanence ; parmi eux, je reconnais quelques membres de groupes ainsi qu’Alain Thievent, venu profiter du spectacle lui aussi. Sur scène, Morten Shax et Sorath Northgrove se relaient pour assurer le chant, et c’est ce dernier qui annonce le morceau Eternal Eclipse qui coïncide avec le coucher du soleil… Enfin, après quelques autres titres emblématiques, les deux vocalistes se rejoignent sur scène pour interpréter en duo le morceau final, concluant ainsi un show aussi riche en technique qu’en émotion, ainsi qu’en Metal dans tous les sens du terme au vu des accessoires des musiciens.
Après ce concert unique vient le temps de laisser place à la deuxième tête d’affiche de ce deuxième soir de fest, Sadistic Intent. Le groupe de death metal américain adopte ce soir une configuration un peu particulière puisque, comme l’explique le guitariste Rick Cortez, son frère Bay, pour raisons de santé, ne peut assurer que la partie de basse, étant remplacé au chant par Malte Gericke, frontman de Sijjin. Ce dernier fait ainsi le maximum pour assurer l’intérim comme il se doit, en devant lire les textes des chansons,difficilement au vu de l’obscurité ambiante… La prestation de Sadistic Intent est de toute manière davantage centré sur le shredding, dont Rick Cortez, épaulé par Ernesto Bueno, livre une brillante démonstration, ainsi que sur une ambiance sombre véhiculée par la puissance des riffs et l’éclairage en basses lumières donnant aux musiciens l’apparence d’ombres. Sur bien des points, cette prestation n’est pas sans me rappeler celle de Moonreich au LADLO Fest II… Sur les deux derniers morceaux, Bay Cortez se sent en état d’assurer de nouveau le chant, et le set s’achève ainsi en beauté avec un line-up complet de Sadistic Intent. Bravo à eux, ainsi qu’à Malte Gericke d’avoir réussi à mener deux shows de front !
Après le temps de la fête, vient le temps du repos mais, avant cela, un dernier groupe a droit à son passage sur scène pour rendre à son tour hommage à un artiste emblématique du black metal : il s’agit de Blood Fire Death, groupe de reprises de Bathory, habitué du Forest Fest puisqu’il en est à sa troisième prestation. Quel environnement plus approprié qu’une forêt, après tout, pour jouer une telle musique ? Après un démarrage plutôt calme centré sur le mix acoustique/électrique et le chant clair de Marcel Mattner, la setlist prend une tournure plus guerrière et agressive, portée par la voix et les guitares saturées ainsi que par les claviers de Simon Götz qui prennent des sonorités d’orgue. Dans tous les cas, l’ensemble décontenance par l’impression qu’il renvoie au public d’assister à un concert de heavy metal, plus que de black ou pagan. Cependant, la sincérité de l’hommage au regretté Quorthon se ressent à chaque instant, et quelques spectateurs à côté de moi sont à deux doigts de verser une larme… Enfin, après un premier faux final sur The Lake, suivi d’un autre sur le morceau dont le groupe tire son nom — qui s’y serait attendu ? —, les six musiciens se rassemblent une dernière fois sur la scène et se prennent par l’épaule pour chanter en chœur un dernier refrain — pas tous très juste, certes, mais tous avec la même sincérité. Blood Fire Death apporte ainsi au Forest Fest une conclusion paisible, loin de l’atmosphère parfois guerrière des autres groupes de son affiche.
Ainsi s’achève, dans la sérénité générale, cette édition anniversaire du Forest Fest, marquée certes, d’un côté par les annulations et contraintes de dernière minute, mais de l’autre par son ambiance festive et intimiste. Deux jours durant, les festivaliers et La Horde Séquane ont célébré ce dixième anniversaire au rythme de prestations pour certaines mémorables, parmi lesquels des hommages vibrants à la scène black et death metal. Pour ma part, bien que regrettant un peu l’absence de plus grands noms et n’ayant pas eu de gros coup de cœur pour un des groupes à l’affiche, j’en repars avec de bonnes découvertes et le souvenir d’un événement à échelle très humaine. À l’été prochain !
Galerie Photo
Par Martin Desbois