Mass Hysteria, Ultra Vomit, Tagada Jones, No One Is Innocent
Zenith (Strasbourg, FR)
Date 1 avril 2022
Chroniqueur Marion Boesch
Photographe -
https://www.zenith-strasbourg.fr

Direction mes terres alsaciennes pour aller vivre une date d’exception, réunissant quatre des plus grands groupes de metal français… et francophone !

Ici, il est question de faire la part belle à notre chère langue de Molière… et surtout de retrouver une ambiance festoche et festive qui nous manque tant depuis ces dernières années. Quatre heures de route, et nous voilà devant le Zénith de Strasbourg. Si je connais bien La Laiterie, salle mythique de Strasbourg, c’est bien la première fois que je mets les pieds au Zénith, situé à Eckbolsheim.

Le Gros 4, c’est quatre groupes qui ont décidé de partir sur les routes des Zénith de France, et d’y mettre le feu : No One Is Innocent, Tagada Jones, Ultra Vomit et Mass Hysteria. Un « Big 4 » à la française, comme ils aiment le dire eux-mêmes. Je n’ai pas eu la chance de pouvoir assister au Big 4 (Metallica, Anthrax, Megadeth et Slayer), mais j’étais ravie de vivre son équivalent français.

Chaque soir, l’ordre de passage est tiré au sort, si bien que tu ne sais jamais quand joueront tes groupes préférés. Choix judicieux, je trouve. À Strasbourg, voici le running order auquel nous avons eu droit :
No One Is Innocent
Tagada Jones
Ultra Vomit
Mass Hysteria
Et croyez-moi, cet ordre de passage est juste parfait. De quoi mettre l’ambiance au démarrage, une montée crescendo pour atteindre un paroxysme quasi jouissif.

No One Is Innocent ou comment se mettre tranquillement en condition. No One est pour moi plus rock que metal. Avec un nouvel album, Ennemis, sorti le premier octobre 2021, s’annonce un nouveau show… plus « énervé » que les précédents ! No One, c’est, pour moi, La peau, le titre qui te colle à la peau. Un groupe qui possède une énergie débordante sur scène. Jamais fatigués, ils créent une ébullition communicatrice. Les titres s’enchaînent sans jamais de pause. Des titres pleins de sens qui raisonnent dans un contexte sociétal toujours plus délateur. Moi qui apprécie No One, sans être une fan, il faut avouer qu’ils savent donner sans compter. Et le public est conquis.

L’entracte. Les sourires se lisent sur les visages. Les personnes présentes sont heureuses de se retrouver, de partager un moment ensemble. Et dire que ce n’est que le début ! Pour moi, la réussite de la soirée est là… sur le visage du public.

Tagada Jones, ou comment faire monter la température de plusieurs degrés. Tagada, c’est des décennies de punk contestataire qui soulève les foules et qui fait se déplacer le public. Nouveau show aussi pour eux aussi puisque À feu et à sang est sorti l’année dernière : le set est bien équilibré entre nouveaux et anciens titres.

La température monte d’un cran, les pogos prennent une tournure plus rentre-dedans. Des effets pyrotechniques, un groupe qui envoie du lourd, et des titres qui te donnent envie de donner de la voix. La parfaite recette d’un set réussi. Et que dire de ce Mort aux cons, qui bien après la fin du concert, est repris en chœur, dans un hall blindé, par tout un public venu se désaltérer.

Ultra Vomit, ou comment rire en musique. Depuis 2017, le groupe tourne avec Panzer Surprise : cinq années que nous voyons le même show ? Pas tout à fait, car le groupe l’a légèrement réadapté avec de nouvelles blagues (lol) et un duo savoureux aux textes écrits sur un ticket de métro mais qui restent en tête trèèèèèèèèèèèès longtemps après. Je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler la surprise. Mais, mis à part cela, le show est quasi mot pour mot le même qu’avant Covid. À la blague près. C’est peut-être le seul reproche que je ferais à Ultra Vomit. Un manque de naturel dans la démarche scénique. Mais le public est là, répond avec joie. Et le sourire est tout de même là sur mon visage. Preuve que ça marche encore, cinq ans après.

Dernier entracte avant l’apothéose nommée Mass Hysteria. Le temps de boire un coup, de se faire plaisir au merch, et de discuter avec quelques personnes rencontrées sur une aire d’autoroute plus tôt dans la journée, du côté de Verdun. Pourquoi j’aime les concerts ? Pour voir mes artistes préférés bien sûr, mais surtout pour les rencontres vraies et humaines que nous y faisons.

Mass Hysteria, ou comment garder le meilleur pour la fin. Mass, c’est un show. Mass, c’est un moment de partage entre un groupe et un public comme il n’en existe pas ailleurs sur la scène française. 100% nature.
Maniac a déjà pu vivre à travers plusieurs dates avant Covid. Et là, tu peux te dire, il n’y aura plus rien de neuf sous le soleil. Et pourtant, le groupe est capable de transcender sa musique et de la partager sans concession avec le public à 100% acquis à sa cause. Simplicité, efficacité, technicité et un Mouss qui part se mêler à la foule. Leur musique, c’est comme ça qu’ils la conçoivent, et c’est comme ça que nous devrions tous la vivre. Comme une offrande, une communion. Quand vient le temps de Furia, les quatre groupes se retrouvent sur scène, pour chanter en chœur, et montrer une belle unité. C’est plus que des amis qui ont décidé de partir sur les routes ensemble, c’est une famille qui a décidé d’offrir aux métalleux une soirée d’exception.

Je tiens à finir mon report en disant un énorme bravo à toute l’équipe qui a pensé, construit, monté et fait vivre la scénographie sur cette tournée. Décors, écran géant avec des images en parfaite adéquation avec les propos des groupes… Tout est fait pour te sentir immergé dans un show unique en son genre. Un immense merci à tous les roadies, techos, régisseurs, organisateurs pour nous avoir proposé un spectacle de haute qualité.

La scène metal française a d’innombrables talents, qu’ils soient sur scène ou dans l’ombre, alors il me semble plus qu’important de les soutenir en venant assister, dans des Zénith ou des petits bars, à des concerts qui nous font vibrer tous ensemble.