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Il y a quelques années, deux frères originaires du Michigan, Patrick et Tony Salerno, fondaient leur projet musical, Grave Next Door. En 2022, après la sortie de quelques singles, le groupe désormais composé de quatre membres sort un premier album intitulé Sanctified Heathen. Composé de huit titres, il combine le style du doom/sludge metal à des éléments rock.
En guise d’amuse-gueule, le groupe sert à ses auditeurs Thor, piste musicale de deux minutes à mi-chemin entre introduction et morceau à part entière qui donne efficacement le ton, résolument stoner s’il en est. Le morceau suivant, Bloody Nuns, offre une petite surprise par son introduction jouée à l’orgue, pour ensuite laisser place, graduellement, aux guitares ainsi qu’à une basse au son bien rond et agréable. Le morceau amorce par la suite une procession vers son riff principal rédempteur, qui par bien des aspects rappelle l’incontournable influence Black Sabbath. Dans son ensemble, Bloody Nuns garde un rythme très entraînant et groovy à ses heures, soutenu par un son sale et dévoyé aux accents grunge.
Ce même son se retrouve par ailleurs sur As Heavy as Texas, quatrième piste de l’album et premier single sorti, dans une version plus travaillée qui immerge l’auditeur dans l’ambiance des années 90, période phare du grunge. Répétitif sur la durée, ce qui ne le rend que plus catchy, le morceau se prend à explorer des sonorités psychédéliques dans sa dernière minute ; une prise de risque qui confirme la justesse du choix de ce titre en tant que single promotionnel. Il en est de même pour la cinquième piste, Charnel House, sur laquelle le groupe fait montre d’une diversification dans les sonorités. D’une part, au niveau de l’ouverture, résolument sombre et accompagnant la voix claire et plaintive de Travis Soleski. D’autre part, par la structure chaotique et désorganisée, qui cependant s’achève sur une note plus détendue, et en beauté.
Hormis l’indispensable Black Sabbath, l’influence d’autres grands noms transparaît au travers des compositions de Grave Next Door. À commencer par les légendaires Melvins sur le titre Witch Head, pour lequel le groupe adopte une approche relevant à la fois du sludge et du punk, notamment au travers d’une basse très groovy. La partie vocale, quant à elle, pourra rappeler Eyehategod ou Mudhoney, dans une version plus doom. L’introduction du sixième titre, Heathen, évoque plutôt Om, un des groupes d’Al Cisneros, également issu de la formation Sleep ; en d’autres termes, ses inspirations sont orientales et quasi chamaniques, voire méditatives en ce qui concerne la première minute. Par la suite, la distorsion reprend son dû et partage la trame avec un peu de psychédélisme, ainsi qu’avec un passage rappelant quant à lui Frank Zappa, vraiment bienvenu. Le morceau, à l’image de l’ensemble de Sanctified Heathen, conserve la même approche opposant et combinant psychédélisme, grunge et rock, le tout non sans un bon fuzz et une certaine vigueur.
Plus lent à démarrer, Sand in the Blood en vaut pourtant la chandelle. Une fois la deuxième enclenchée, les quatre musiciens accélèrent le rythme et laissent place à l’expérimentation à la guitare, tout en gardant à l’esprit l’efficacité dans les riffs, simples, lourds et rythmés. Sur la fin, histoire de bien boucler la boucle, le quatuor revient aux sonorités de l’intro pour amorcer le dernier titre de l’album, Nuclear Winter. Ce dernier sonne résolument plus metal que le reste, ce qu’il doit en bonne partie à la seconde guitare donnant davantage de profondeur au son. Simple et répétitive, cette piste instrumentale se donne des airs de mantra et apporte à l’album une conclusion quelque peu déroutante, qui pourra en laisser certains sur leur faim.
Si Sanctified Heathen peut être qualifié de bon album et comporte son lot de moments marquants, il reste malgré tout assez inégal. Son intérêt réside avant tout dans ses explorations des genres grunge, rock psychédélique ou pur et dur et sludge ; cependant, le mélange de ces nombreuses influences ne se révèle pas toujours harmonieux. Un prochain album s’avérera sans nul doute davantage solide et logiquement plus homogène.
