Fall of Rauros
Key to a Vanishing Future
Genre Black/folk metalBlack/folk metal
Pays États-Unis
Label Gilead Media
Date de sortie 25/03/2022

Site Internet

Fall of Rauros fait dans le black metal, mais ce serait tellement diminutif de les définir seulement ainsi.

Dans leurs œuvres, on peut trouver de multiples inspirations et influences qui vont du classique au death metal et le tout dans des ambiances et textures fascinantes !

Je vous invite donc à faire le survol de leur toute dernière parution, Key to a Vanishing Future !

On entre dans l’univers de Fall of Rauros avec la piece Clarity. C’est beau, c’est magistral. Une expérience multicouches ou c’est loin d’être simple et facile. Tout est calculé, il faut plusieurs écoutes pour accéder à toutes les subtilités qui errent et se percutent. Des passages au gré des variations qui nous hantent et nous font chavirer autant dans la noirceur que dans le magique. Vous ai-je dit que Fall of Rauros est le nom d’une chute dans le monde de J.R.R. Tolkien ? Les percussions sont un élément clé ici, très dynamiques et versatiles, le jeu de Ray Capizzo apporte beaucoup.

Avec une esthétique soignée, on applique des basses chaudes, enivrantes. La guitare est hypnotique et transcendante. Les percussions dominent sous le thème de la tribalité. C’est progressif par moments. Les vocaux d’Aaron Charles nous rappellent la rage et la douleur. La basse est très agréable. Un effet Alcest (groupe Blackgaze Français) se fait ressentir (espoir, positif dans la cruauté). On établit une pause vers la quatrième minute, instrumentale, de toute beauté, menant vers un solo bien ressenti, même de l’orgue s’ajoutera à ce festin du désespoir criant. Putain que c’est bon !

Pour Survival Poem, on enchaine ensuite avec une intro, que je qualifierais d’un peu Doom : lenteur d’une musicalité captivante. D’une richesse exaltante. L’agression nous attend cependant dans le détour. De bons riffs typiquement black metal mid-tempo, moins axés sur la vitesse, comme j’aime. On ne joue pas du cru, mais cette piste est plus sale que les précédentes et plus directe. Aaron nous sort ses canons vocaux, il a des capacités vocales assez variées. Des transitions viennent assouplir le tout par moments, mais non sans l’atmosphère reconnue de Fall of Rauros. Ça ne parait jamais vide ou simplet, même lorsque le contenu est moins chargé ou plus allégé. Ça me rappelle beaucoup l’album des défunts Agalloch. Il faut se le dire, ils proviennent du même patelin, c’est-à-dire Portland, Oregon, aux États-Unis !

Un cri du cœur ponctué de beauté mélodique enivrante qualifie bien le quatrième titre Known World Narrow. C’est parfois poétique avec plusieurs moments grandioses puissants. Une énergie épique se dégage. Des passages un peu death techniques me faisant penser au groupe…. Death foisonnent. Il y a énormément de styles chargés dans ces huit minutes hallucinantes et intransigeantes. Je donnerais un rein pour les voir en concert ! C’est atmosphérique, empli en une explosion de textures et de symphonique, tout en demeurant tout de même brut, comme une pierre polie conservant ces attributs de dureté et de lourdeur. Un vrai paradoxe qu’est Fall of Rauros.

Avec Daggers in Floodlight, on amorce plus tranquillement. Les rythmes guident le pas avec une attitude un peu abstraite, progressive, pour ensuite en revenir à leur spécialité. Un black metal très mélodique avec accents folk, frôlant le thrash metal. Les vocaux sont extrêmes, c’est agréable et poignant.

Les signatures de temps changent souvent. Ça impressionne, ça surprend, c’est tout sauf monotone.

Il y a même certains clins d’œil à Iron Maiden (forts subtils toutefois). C’est un pur plaisir de voyager en compagnie de Fall of Rauros. Toujours de belles surprises qui gagnent à être apprivoisée, une certaine bipolarité en soi est constamment au rendez-vous. Comme un animal blessé, criant son désarroi, mais continuellement capable de beauté et dignité dans son malheur. Le final est sublime et touchant, j’ai adoré ce moment.

Comme toute bonne chose a une fin, nous en sommes à la petite dernière. Pour Poverty Hymn, on va droit au but. Nous sommes en mouvement dès la première seconde. Puissance et dévolu sur la vitesse et la rythmique. Jusqu’à la quatrième minute, ou l’on baisse d’un cran en reprenant notre souffle sans distorsion, pour repartir de plus belle, en moins rapide, pour bien s’assurer de l’amplitude et de la bonne réception des émotions fournies de main de maitre par Jordan Guerette et Aaron Charles (guitares), pour aussitôt nous relâcher de leur emprise et nous redéposer sur la terre ferme, finalisant ce voyage de plus de quarante-cinq minutes en six titres éblouissants et magistraux !