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Plus de cinq années se seront écoulées avant que les fans de Dark Funeral puissent enfin mettre la main sur une nouvelle pierre ajoutée à l’édifice du groupe. Sorti en mars de cette année, We Are the Apocalypse est le septième album de la formation suédoise, ainsi que le deuxième avec Erik Andreas Vingbäck alias Heljarmadr au chant, après Where Shadows Forever Reign paru en 2016. Deux premiers extraits diffusés sous forme de vidéoclips, Leviathan et Nightfall, laissaient déjà espérer un album intéressant et attisaient la flamme des fans et leur impatience fulminante.
Dès la première écoute, un fait quelque peu inhabituel saute aux oreilles, qui se doit d’être souligné. En presque trente ans de carrière, la formation n’a que très peu usé de guitares sans effets dits clean ; cependant, les effets en question se retrouvent sur deux des neuf titres de l’album, à savoir Leviathan et When I’m Gone. Ce parti pris fait sens, à en croire les dires de Lord Ahriman lui-même, qui déclare écrire tous les riffs ou presque au format acoustique. « Je fais ça parce que j’ai besoin d’entendre les sons tels qu’ils sont pour trouver les harmonies que j’avais dans la tête, explique le guitariste et compositeur. Ce n’est qu’après avoir fait cela que je peux transformer ces harmonies en mes propres symphonies sataniques. »
We Are the Apocalypse comporte un autre élément marquant, qui concerne cette fois-ci sa production. Le son sur cet album est en effet plus rond qu’à l’accoutumée, peut-être un peu trop selon la perception de certains fans de la vieille école. La batterie, entre autres, souffre en partie de cette rondeur du son : les subtilités du jeu de Jalomaah en deviennent difficiles à percevoir et tireraient davantage de bénéfices d’un son plus cru ou clair. En outre, la voix de Heljarmadr se voit mise en avant-plan ; une aubaine pour les fans, l’auteur de cette chronique inclus, qui apprécient la nouvelle voix de Dark Funeral. Néanmoins, cette mise en avant se fait malheureusement bien souvent au détriment des guitares, qui auraient gagné à être un peu plus audibles. Cela étant, malgré ces quelques petits travers, l’ensemble ne perd rien de sa bestialité et de son agressivité.
Cette agressivité constitue d’ailleurs le cœur de We Are the Apocalypse, comme l’illustre d’emblée le titre d’introduction, Nightfall, pour la plus grande joie des auditeurs avertis. Direct et efficace, le morceau n’offre rien de moins que ce à quoi un fan de la troupe de Lord Ahriman peut s’attendre. Il en est de même pour When Our Vengeance Is Done, dont la structure cataclysmique offre des rythmes assourdissants et des lignes de guitares comme Dark Funeral a toujours su en créer. Le deuxième titre et premier extrait promotionnel, Let the Devil In, se révèle différent, laissant entrevoir une certaine ouverture sur l’exploration. Avec Nosferatu, le groupe rend hommage au classique cinématographique du même nom de Friedrich Wilhelm Murnau, qui fête justement son centième anniversaire cette année.
C’est toutefois à partir de la sixième chanson, Beyond the Grave, que le groupe effectue un véritable retour aux sources, plongeant son public dans la noirceur pure à laquelle ce dernier est habitué. D’un point de vue personnel, c’est à partir de cette piste et jusqu’au morceau titre qui fait office de dernier clou du cercueil que je me suis le plus extasié. Ce final en beauté permet sans doute aucun de confirmer les dires du titre même de l’album : Dark Funeral est bel et bien l’apocalypse. Bien loin d’être déçus, les fans seront plutôt décimés !