Temple of Deimos
Heading to Saint Reaper
Genre Stoner Rock
Pays Italie
Label Argonauta Records
Date de sortie 18/03/2022

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Le 18 mars 2022 sort Heading to Saint Reaper, troisième album de Temple of Deimos et première production du groupe après huit longues années de silence. Produit par le puissant label Argonauta Records, il succède à Work to Be Done, dont la sortie en 2014 avait reçu les éloges des fans comme des critiques. Formé courant 2006 à Gênes, le trio de stoner metal canalise la saveur de groupes tels que QOTSA, Kyuss ainsi que Red Fang et trouve ses inspirations dans la scène grunge de Palm Desert et des années 90. Si Temple of Deimos a habitué son public à un desert rock à la fois lourd et psychédélique dans une forme distinctive, le prochain album du groupe le voit sortir de sa zone de confort, cimentant finalement le caractère propre et unique de sa musique.

L’album démarre sur les chapeaux de roue avec Deadly Lines, titre sur lequel les influences sus-citées de Red Fang se font particulièrement ressentir au travers de la voix. Du côté de l’instrumentation, un rythme rapide et hyperactif appuie une guitare enchaînant les riffs avec frénésie et folie. Le tout sert un morceau déconstruit, déjanté et à l’atmosphère axée sur l’étrange. Cet aspect hyper rythmé se retrouve également sur le morceau suivant, Deflagration Deal, aussi dynamique qu’expéditif et qui donne envie de bouger ! Sur bien des aspects, la voix de Fabio Speranza se rapproche, ici, de celle de Dave Grohl.

En plus de maîtriser les tempos rapides, Temple of Deimos sait également écrire une musique plus posée et accessible, comme le démontre l’extrait promotionnel Bad Time Choices. Sur ce titre rock et aéré, la ligne directrice mélodique de la guitare se juxtapose à la rythmique, appuyant fort bien une voix réverbérée dégageant une douce chaleur. Un sans-faute, encore une fois. Temple of Deimos varie également le tempo sur Saint Reaper Waltz. Comme l’indique son titre, le morceau adopte le rythme d’une valse lente et posée, portée par une mélodie quasi-onirique qui incite à se laisser bercer… Le batteur Francesco Leo se permet tout de même quelques acrobaties par moments, qui apportent un peu de piment au morceau et préviennent la langueur. Enfin, Gianni démontre une fois de plus et à sa manière que le stoner rock, bien loin d’être un genre statique, ouvre à l’exploration de sonorités et de déploiements inattendus, voire étranges.

Le groupe crée la surprise, une belle surprise s’il en est, avec le titre Suddenly Like a Robot. À l’image du meilleur de King Crimson, il suit une structure éminemment progressive et bien ancrée dans ses racines stoner. Grâce à ce morceau, le groupe démontre bien sa capacité à évoluer dans des avenues plus complexes ainsi qu’à diversifier ses approches. Les trois musiciens évoluent par transitions et font progresser l’ensemble vers des guitares éthérées de style shoegaze, tout en n’oubliant pas de ne pas lésiner sur les prouesses musicales. Temple of Deimos impressionne et dévoile une des plus belles facettes de sa musique tout en faisant honneur à un grand nom du rock progressif.

Entre autres hommages, Temple of Deimos honore au travers du morceau Elvis Aaron Stoner, comme le titre le laisse deviner, le King Elvis Presley. Ceci grâce à une composition digne des sixties mettant à l’honneur le piano, le tout bien sûr assaisonné à la sauce stoner, offrant ainsi un combo très original et intéressant. Plus tard, au travers de Charlie Song (Thirteen Times Yeah), ce sont les non moins célèbres Melvins qui se voient mis à l’honneur !

Heading to Saint Reaper s’achève sur le morceau instrumental Yawning Girl, plus long titre de l’album du haut de ses sept minutes, pour une moyenne de trois minutes pour les autres titres. Il offre une fin tout en douceur et relâchement à cette visite dans l’univers de Temple of Deimos. Une visite dont je retiens pour ma part trois points forts qui marquent la personnalité du groupe : sa versatilité, son dynamisme et sa fraîcheur.

Ces trois grandes qualités confèrent au trio italien un potentiel certain, au niveau des grandes ligues du rock. Bien que calquant les grands par moments, ces références témoignent cependant davantage d’une démonstration d’affection au genre et de savoir-faire que d’un quelconque manque d’inspiration. Un tel talent ne peut que valoir à Temple of Deimos de beaux succès, assurément bien mérités…