Néfastes
Scumanity
Genre Brutal Black Metal
Pays France
Label Source Atone Records
Date de sortie 11/06/2021

Site Internet

Source Atone Records, voilà un très jeune label qui met du cœur à l’ouvrage afin de dénicher les joyaux qui feront étinceler le diadème de son catalogue.

Néfastes, jeune formation française, pourrait concourir à ce poste minéral très envié par la présence d’un trio (ne comptons pas le quatrième membre derrière les percussions vu qu’il n’est constitué que de bits et d’algorithmes) dont les membres ont officié chez Benighted (et qui continue à le faire pour le talentueux Julien Truchan au micro, a contrario d’Olivier Gabriel à la basse et de Liem N’Guyen aux six-cordes) et délivrant un premier album justement nommé : Scumanity.

Il sera très difficile de le cacher et de l’occulter pendant encore très longtemps mais sitôt que cet album sera posé sur votre platine, la rencontre avec votre habitacle éphémère sera soudaine et explosive : le caractère véloce et pugnace de Progéniture Décadente, la première composition, sautera à votre cou avec un tel entrain que l’inopinée vibration de l’air égratignera, à n’en point douter, l’intégrité de la plaque eurasienne.

Cette illustration haut en couleur (enfin, pour le spectateur car pour vous, il est déjà trop tard ; prenez un ticket et préparez-vous à tout recommencer !) trace à la perfection l’impact du choix d’une batterie numérique. Nature numérique dont l’apport au sein de cette formation est très cohérent car sa sonorité monolithique et froide (comme on peut l’entendre au sein d’un groupe comme Anaal Nathrakh par exemple) fait corps avec le propos et apporte de la cohérence à l’assaut musical que l’on subit au sein de ces sept titres, apportant l’homogénéité et le soutien nécessaire au déploiement du propos musical.

Pourtant a contrario des Anglais, la voix lead ne se permettra pas de grandes fantaisies expressives. Elle se focalisera davantage sur la force d’impact et la constance de l’effroi généré par ces cris dans un registre haut. Des cris d’une folle agressivité et d’une maitrise impressionnante.

Si Benighted traite majoritairement de sujets en lien avec l’internement et des troubles d’ordre psychiatriques, Néfastes éructe des phrases dont le torse de ses musiciens se verrait blasonné d’insignes célébrant impiété, pessimisme, les misanthropies et leurs intenses dégoûts de cette masse crasse de bipèdes errants et à l’existence vaine et dispendieuse.

De leur côté, les cordes aident à la confection de paysages à la fois extrêmement vastes et si horriblement réduits, beaucoup de mélodies à la double-croche en single note (dans la tradition du Black Metal 90’ mais avec un muscle cardiaque ayant un volume triple) traçant avec beaucoup de cahots les contours d’un paysage souillé et dont l’apparente absence de vie nous fera oublier la cohérente fonctionnalité apportée par la basse :  on ne la perçoit pas et pourtant, comme le Serpent du Livre, elle se glisse et se répand tout autour de nous jusqu’au moment crucial où elle va s’ériger afin de libérer une partie délicieusement agressive, tel le début de Carved Into the Flesh, trop court moment addictif ouvrant la voie à une guitare autant mélodique qu’agressive (en me rappelant les moments les plus agressifs/jouissifs d’un Impaled Nazarene) qui nous condamnera à se repasser cette partie afin d’en extraire tout le nectar afin de savourer toute la finesse de l’ouvrage. En coulisses.

Premier essai pour les Français et première mise aux poings (sic) correctement administrée.

Il est difficile de ne pas être vivement dans l’attente de leur prochain méfait !